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Tribune : Fabien Eboussi Boulaga, un visage qui ne s’efface pas…

Fabien Eboussi Boulaga

Ce dimanche 13 octobre 2019, ceux qui ont connu et aimé Fabien Eboussi Boulaga se souviennent de la disparition de ce grand Philosophe et intellectuel sans tâche qu’a connu notre beau pays le Cameroun. Un an après son départ, l’illustre disparu reste d’actualité pour son immense œuvre. The Muntu Institute (TMI) à travers son Directeur Exécutif rend un hommage appuyé à son président honoraire. Pour le Dr Parfait D. Akana, Fabien Eboussi Boulaga est « un visage qui ne s’efface pas ». Lebledparle.com vous propose l’intégralité de cette tribune hommage.


Fabien Eboussi Boulaga
Fabien Eboussi Boulaga – Propriété The Muntu Institute (TMI)

FABIEN EBOUSSI BOULAGA, UN VISAGE QUI NE S’EFFACE PAS…

Il y a un an, Fabien Eboussi Boulaga s’en est allé, ainsi qu’il le disait dans les derniers moments de son séjour terrestre, « se cacher de la face des Hommes ». La douleur de sa perte reste présente dans l’esprit de ceux et celles qui ont eu la grâce de le connaître et de l’aimer, notamment sa famille et ses amis, principalement.

La présence de son œuvre ne cesse de nous aider à penser et à comprendre les temps troubles qui sont les nôtres. Elle demeure un recours vivifiant pour celles et ceux qui ont « l’audace de penser », acte toujours périlleux en ces lieux historiques où des systèmes de rente (d’ici et d’ailleurs) n’en finissent pas de produire des femmes et des hommes dispensables, pour le bénéfice de leur conservation.

Fabien Eboussi Boulaga écrit ceci dans les dernières lignes de Christianisme sans fétiche : « J’écris pour ôter mes masques, avant que ne s’efface mon visage » (p. 230). C’est à la fois une quête et une posture d’authenticité, un profond désir de vérité et de justice.

Rendre témoignage de la condition africaine, telle qu’en elle-même, ce que Achille Mbembe a appelé la « nuit du-monde-africain postcolonial ». Assumer avec courage et lucidité, sans surprise, les périls d’un tel exercice car, ainsi qu’il le rappelait en évoquant Hegel, « la pierre seule est innocente »… Une injonction à penser et donc, par le même mouvement à agir… Déjà, il rappelait dans le premier éditorial de la revue Terroirs que le défaut de pensée constituait le péril majeur de nos sociétés se complaisant, entre autres, dans le mensonge…

Il nous a laissé, une œuvre puissante pour nous accompagner dans ce devoir (intellectuel, moral, politique), toujours à recommencer, de penser. Cette œuvre est le visage d’une lutte juste, celle qui doit conduire à la libération du Muntu. Elle passe par une clarification radicale de notre condition : faire tomber les masques hideux des ignominies qui nous assaillent, pour qu’adviennent des sociétés plus justes, et non celles-là qu’il décrit (comme repoussoir) dans Lignes de résistance lorsqu’il évoque ces « intellectuels qui parlent comme des livres au milieu d’ordures omniprésentes ».

De nombreux hommages ont déjà eu lieu. D’autres suivront. Mais le meilleur des hommages, c’est d’habiter l’œuvre, de la méditer, d’en explorer les résonances, toujours avec cette hospitalité critique qui constitue le seul hommage recevable…

The Muntu Institute, pour sa part, a inauguré en juillet dernier la première édition d’une Conférence internationale consacrée à la figure de Fabien Eboussi Boulaga ainsi qu’aux questions qui l’occupaient et auraient pu l’occuper. D’autres évènements suivront dès le premier trimestre de l’année 2020. Et bien au-delà. Vous serez, comme toujours, les premiers/premières informé.e.s.

Parfait D. Akana

Pour approfondir :   Tribune : Le colonisé consentant

Directeur exécutif de The Muntu Institute


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