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[Tribune] Cameroun : Autopsie d’une industrie musicale en salle de réanimation !

Anicet Nemani

Ce que les artistes de la musique dite urbaine ont fait tout seuls jusqu’ici est excellent. Ils ont bougé les lignes et j’en serai toujours admiratif. S’autoproduire, jongler avec les moyens de bord et faire parler du Cameroun dans le monde à travers la musique dite urbaine c’est fort soutient Anicet Nemani, fondateur de Bimstr le média web de référence dans la musique urbaine au Cameroun.

Anicet Nemani
Anicet Nemani, fondateur de la plateforme Bimstr (c) Droits réservés

Avant je disais aux gens qui ne connaissaient pas le Cameroun que c’est le pays de Samuel Eto’o mais today je dis que c’est aussi le pays de Franko, Maahlox, Daphné, Stanley, Mink’s, Jovi, Locko, Tenor, Salatiel, Mr Leo, Numerica..
Mais je suis un peu perplexe depuis un moment. Il faut avouer qu’il y a une baisse importante de régime; L’industrie 237 est au point mort. Où est passé notre rage, notre vivacité, notre constance ? Sérieux où est passé cette envie folle d’exceller. Tout est au ralenti désormais !
Je sais que c’est de la faute de tout le monde : les institutions, les médias comme nous, les Dj et j’en passe. Mais dans cet article, je vais m’attarder surtout sur les artistes car ce sont eux les BOSS finalement. Sans leur talent il n’y a pas de musique!
En vérité en vérité je vous le dis, les artistes savent qu’ils plafonnent presque tous, mais ils ne savent pas forcément ce qu’il faut pour passer à l’étape supérieure, ce qu’il faut pour débloquer un autre niveau. Ils doutent, ils sont sceptiques, ils craignent ce qu’ils ne connaissent pas. Soit ils font des mauvais choix, soit ils n’en font pas et continuent dans le ndem. Les plus forts ont développé un business parallèle tandis que les autres se sont mariés (Ce qui n’est pas mauvais, au contraire !!!). C’est un cercle vicieux dans lequel rentrent les plus jeunes comme une jeune fille qui entre dans le monde des panthères.
Malgré les difficultés que nous rencontrons actuellement, nous n’avons pas encore fait de mise à jour. C’est la même approche, le même business modèle que nous utilisons depuis plusieurs années déjà.
En fait voici comment presque tous les artistes do :
Un artiste sort un son, il cherche à passer sur Bimstr (Le web média de référence au Cameroun, le No1. Oui oui c’est la pub, tu ignores quoi?) et Trace afin d’être suivi par le max de personnes sur ses réseaux sociaux. Ou alors on cherche à faire des hits comme Hein Père, Coller la petite, Tuer pour tuer, Le gars là est laid… Lorsqu’une des deux stratégies là est atteinte et qu’on a une certaine visibilité, on commence à faire des shows et work avec des annonceurs. A part ça, certains vont chercher à faire des Paposy comme Maahlox, Tenor ou Magasco pour dire qu’ils ont aussi FAIT. Mais ça ne va pas plus loin que ça.
Tout pour nous finit là, on ne sait pas comment débloquer un autre niveau.
En réalité beaucoup d’artistes de la musique dite urbaine font semblant de gérer les droits d’auteurs et tous les autres droits liés à l’artiste et au producteur. Mais ils se moquent d’eux même car la majorité ne gère rien, ils do les modèles dans un système minbong ! D’ailleurs ce sont plus ceux qui n’ont en réalité presque droit à rien qui en parlent beaucoup.
A part les show cases et les annonceurs il n’y a rien. Bon, j’allais oublier la distribution qui rapporte bindi dos surtout sur YouTube ! Mais ça reste le jonglage 2.0 dans l’ensemble!
Pour ne pas perdre la face, on fait semblant sur la toile à coup de belles photos et vidéos dans les endroits classes. Mais la vérité c’est que beaucoup souffrent. Ils ne vivent pas de la musique mais du monshung. Le monshung les fait planer le temps de quelques likes sur les réseaux sociaux. Quand ce n’est pas le monshung qui fait planer, c’est un hit. Mais dans les deux cas, les choses reviennent au point mort très rapidement.
Tout ceci est accentué par des pbs que j’observe depuis plusieurs années dans cette industrie.
Certains artistes ont souvent des mauvais conseillers qui donnent leurs avis sur les choses qu’ils ne connaissent pas. Ce sont même souvent ces personnes qui lisent les contrats et disent quoi faire à l’artiste pourtant ils n’y comprennent rien à rien.
Beaucoup ne s’entourent pas des professionnels mais de leurs potes qui se font passer pour des managers ou producteurs alors qu’en réalité ils sont des pots de fleurs. Ils ne servent à rien si ce n’est que décrocher des coups de fils et chercher les femmes aux artistes. ?
Les artistes et leurs équipes sont comme les go qui sont championnes pour se mettre en couple avec les mauvais garçons et quand les bons gars viennent, elles disent « je te vois comme un grand frère », « Tous les hommes sont méchants, je veux rester célibataire ». Les artistes sont comme ces go ahahah, ils fia de faire confiance et préfèrent continuer seuls dans le jonglage HD. Mais ceci jusqu’à quand ?
Y’a aussi l’orgueil et la notoriété qui rendent souvent fou mais l’échec et la chute soignent ça rapidement.
Je pense que si ça continue comme ça, dans maximum deux ans beaucoup auront disparu que « phuiiiip » comme Pinguiss.
Bon je ne suis pas Dieu, ni magicien, donc je peux me tromper mais c’est mon avis.
C’est maintenant que tout se joue, je pense qu’il est temps de prendre le risque de travailler avec des labels / maisons de disques expérimentées qui ont les moyens de leur politique et une vision.
Pour ceux qui s’autoproduisent, il est temps de comprendre que vous avez beaucoup fait tout seuls mais vous ne pouvez pas jongler jusqu’à la fin des temps. Comment allez-vous véritablement vous exporter ? Comment et quand allez-vous faire des gros concerts (vrais concerts hein)? Comment allez-vous go à un niveau supérieur!
Pour ceux qui ont signé dans des labels, si jamais ça ne va pas, souvenez-vous de ce qu’un grand frère avocat m’avait dit « Tout contrat se casse ». Si ça ne va pas vraiment, cherche à casser le contrat ou alors tais-toi, pleure dans ta chambre, monshung sur les réseaux sociaux et meurt en silence.
Je pense qu’il est temps de work avec les professionnels expérimentés qui ont une expertise certaine et les moyens de leur politique. Ou alors, peut-être continuer de faire les choses nous-mêmes mais différemment :

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– Gérer tout ce qui est administratif, obtenir son attestation d’artiste (Beaucoup ne sont même pas artistes sur le papier), s’inscrire dans les sociétés de gestion collectives.
– Gérer tout ce qui est distribution et surtout édition !
– Déclarer toutes vos œuvres et aller chercher les moindres sous liés à vos droits
– Travailler avec des managers qui recherchent des vraies opportunités pour vous et non ceux qui décrochent au téléphone pour fixer les cachets.
– Construire une vraie fan base avec une bonne dose de Marketing Hohaaa.
– Travailler avec des agences de RP…
Je garde espoir parce qu’on peut dire qu’il nous manque tous sauf le talent ! Y a pas plus talentueux que nous !
On doit juste travailler la partie business de notre musique !

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