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Dieudonné Essomba : « Ce que j’ai toujours reproché à Elimbi Lobé, c’est l’incohérence de ses solutions »

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Le 4 novembre 2019 ; soit deux jours avant la célébration des 37e de règne sans fin du régime Biya, Abel Elimbi Lobé, ancien conseiller municipal pour le compte du Social Democratic Front a publié une tribune sur sa page Facebook, qu’il a intitulée « L’exode rural et la poursuite des opportunités économiques ne doivent pas infliger aux populations autochtones un préjudice politique ».

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Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

Dans cette sortie qui mettait en avant la doctrine de l’autochtonisme, l’homme politique soutenait que « À cause des partis politiques ethno fascistes qui promeuvent la suprématie de leur communauté ethnique d’attache sur le reste des communautés ethniques de la nation camerounaise que nous absolument construire, à cause des calculs électoralistes de certains acteurs politiques de tous les partis, qui dans leur quête de postes de conseillers municipaux, maires, adjoints au maire, députés, sénateurs, et prochainement de Conseillers régionaux, travaillent sans relâche à asseoir la supériorité numérique de leur ethnie dans les différents organes de représentation et d’administration locales des collectivités territoriales décentralisées que sont le Sénat, l’Assemblée nationale (pour la représentation des collectivités territoriales décentralisées et pour la représentation de la nation), à cause de ces mauvais acteurs politiques disais-je, dont la cohésion sociale et la stabilité de l’État ne sont que des vues secondaires de leurs esprits suprématistes, L’EXODE RURAL, ce phénomène qui de tout temps est considéré comme un fléau économique et même social dans tous les pays de ce monde, et la poursuite des opportunités économiques dont recèlent certaines régions du Cameroun telles que le Littoral, le Grand CENTRE-SUD, sont devenus (l’exode rural et la poursuite des opportunités économiques), pour ces mauvais acteurs politiques dont je parle sans cesse, des outils de conquête du pouvoir politique suprême en commençant par la conquête des pouvoirs politiques secondaires que sont le contrôle des communes, le contrôle des communautés urbaines juteuses comme celles de Douala et Yaoundé, le contrôle démographique de l’Assemblée nationale et celui du Sénat et prochainement le contrôle des conseils régionaux juteux comme celui du Littoral ».

Des propos que l’économiste Dieudonné Essomba trouve irréalistes dans un État unitaire. Du coup, il dénonce dans un premier temps le caractère incohérent du combat d’Abel Elimbi Lobe «Ce que j’ai toujours reproché à Elimbi Lobé n’est pas la pertinence de sa lutte, mais l’incohérence de ses solutions. Vous ne pouvez pas tenir son discours tout en promouvant l’État unitaire. Son discours n’a de sens que dans un État fédéral où, par définition, les citoyens d’un État ont des droits civiques exclusifs à cet État. Dans un État unitaire, ce débat n’a aucun sens, car l’État ne reconnait pas une réalité juridique appelée Douala, Bamiléké ou Toupouri ! Aucun texte juridique ne définit ce concept ! Il s’appuie alors sur quoi pour revendiquer ? Qu’est-ce qui lui dit que les Bamiléké installés depuis des générations à Douala ne sont pas autochtones ? Comment définit-il, lui, cette notion ? »

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Selon le statisticien, si Elimbi Lobé avait demandé un modèle fédéral dans lequel le Littoral aurait eu un État, il serait plus cohérent. « Car, à ce moment, on devrait définir qui est citoyen du Littoral et mérite d’avoir des droits civiques qu’il réclame en exclusivité, et qui un simple résident. Mais il combat ce modèle, soutient l’État unitaire tout en contestant les principes d’un tel État où un Camerounais est partout chez lui ! Vous ne pouvez pas priver un Camerounais installé à Douala des mêmes droits que les prétendus autochtones, alors que vous êtes dans un État unitaire ! C’est une incohérence ! », soutient-il.

Dieudonné Essomba démontre que les problèmes camerounais aujourd’hui trouvent leurs solutions dans un État fédéral : « Quand un pays verse dans des débats tribaux sans que cela puisse prendre fin, cela signifie qu’il y aura des purifications tribales. La sensibilisation et le discours sur l’unité nationale ne peuvent plus régler la situation, car les tribus se battent sur des enjeux économiques réels : emplois publics, postes politiques, infrastructures, segments du marché, etc.

Vous n’en pouvez par exemple pas empêcher les Douala de constater qu’ils n’ont plus rien sur leur terroir, en leur prêchant l’unité nationale ! Ces prêches à l’unité nationale ne donnent pas l’emploi ! Et la seule chose à en attendre, c’est la violence et la purification tribale ! Les gens parlent de Paris, Londres et consorts où on ne distingue plus qui est qui. Mais il faut savoir qu’à leurs débuts, ces villes étaient des possessions tribales, voire familiales !

C’est avec le temps et avec l’évolution que leur caractère cosmopolite s’est affirmée, au point de devenir des no man land du point de vue ethnique. Mais on ne peut pas spontanément atteindre un stade où Yaoundé et Douala oblitèrent leurs communautés autochtones. C’est anthropologiquement impossible et de telles tentatives se paient toujours très cher. Il faut du temps. Certains tentent de s’accrocher à des principes de droit et d’unité parce qu’ils croient que cela va indéfiniment se prolonger. C’est totalement faux !

L’État du Cameroun n’a plus les moyens de garder sous son contrôle les tensions intercommunautaires, et les hostilités mutuelles qui deviennent de plus en plus récurrentes et de plus en plus ouvertes ne s’arrêteront pas ! Elles vont s’intensifier, jusqu’à atteindre un niveau critique où les Communautés vont chasser les autres de leur territoire, par la force et la violence. Pour leur propre intérêt, il vaut mieux que les allogènes de Douala aient cela en esprit, car à force de jouer sur ce jeu, ils peuvent perdre d’un seul coup ce qu’ils croient posséder !

La ville de Douala atteint un niveau de dangerosité telle qu’une mesure de type fédéral reste la seule alternative pour éviter l’explosion. Déjà, la notion d’“autochtone” fut inscrite dans la loi sous la pression de la population Douala qui menaçait d’agir par la force. L’État a réussi à les calmer avec cette notion, mais cela ne suffira probablement pas ! », a-t-il commenté.

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