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Cameroun : Le MRC crée une section chez les avocats

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Une centaine de membres du barreau savamment ciblés pour les besoins de la cause, est allée faire allégeance à Maurice Kamto, après sa libération.

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Avocats au barreau du Cameroun (c) Droits réservés

Des membres de l’Ordre national des avocats du Cameroun se sont donné rendez-vous, après la libération de M. Kamto, au quartier Santa Barbara à Yaoundé, non loin du château d’eau de la zone. En robe noire pour la plupart, et donc en tenue d’apparat, ces auxiliaires de justice, sous la direction du bâtonnier Charles Patie Tchakoute himself ; sont allés, fêter la libération du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), Maurice Kamto. L’affaire, apprend-on, était tellement verrouillée que seuls quelques « privilégié » avaient été ciblés pour ces agapes.

Champagne, whisky et bon vin ont ainsi arrosé la bonne viande et le bon poisson braisé. Et l’acte d’allégeance à M. Kamto, selon la formule consacrée, s’est achevé à la satisfaction de tous. Pour quelques participants, du reste, réticents à ce que la tenue de ces réjouissances soit rendue publique, il s’agissait de célébrer l’arrêt des poursuites, décidée par le président Paul Biya, contre le leader de l’opposition. Si Maurice Kamto est présenté comme un « confrère », beaucoup tiennent cependant à rappeler que l’homme, depuis des décennies, a arrêté de faire partie du corps – tout au moins au niveau national. D’où un véritable malaise au sein du barreau, où certains n’hésitent pas à dénoncer une relation incestueuse.

Et pour cause !

De son arrestation, le 28 janvier à sa libération, nul ne se souvient d’une prise de position tacite en faveur du président du Mrc. Tout juste, rappelle-t-on que le 6 février, le barreau avait exigé la libération de ses membres André Marie Tassa et Alphonse Ngaliembou, avocats respectivement à Bafoussam et à Douala, tous deux interpellés et gardés à vue le 26 janvier. De Kamto, il n’en a jamais été question.

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Par la suite, en fin février, le barreau des avocats avait, après avoir exigé sa libération, mandaté deux de ses membres aux fins d’assurer la défense de leur consœur, Me Michèle Ndoki, par ailleurs vice-présidente du directoire du Mrc. « De Maurice Kamto, il n’en a jamais été question lors de nos différentes délibérations », explique, dépité et sous le sceau de l’anonymat, un membre du Conseil de l’Ordre national des avocats du Cameroun.

Activisme

D’où une impression de manipulation politique, ayant connu son point culminant avec le mot d’ordre de suspension du port de la robe et la non-fréquentation des cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire, en vigueur du 16 au 20 septembre. Du coup, nombreux sont ceux qui, en ce moment, accusent l’exécutif des hommes en robe d’avoir transformé une profession libérale en sous-section du Mrc, la vraie cause selon eux de l’activisme débordant pendant quelques semaines de Charles Patie Tchakoute et de ses affidés. « Le bâtonnier a, sans vergogne et sous le prétexte de revendications corporatistes et de défense des libertés, instrumentalisé notre profession pour servir des intérêts partisans », soupire l’avocat sus-évoqué.

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En son temps, le ministre délégué à la Justice, Jean de Dieu Momo, avait déjà eu à dénoncer le rôle trouble de certains de ses non moins confrères sur fond de visées politiciennes. « (…) il me plait de souligner que le barreau du Cameroun est un ordre professionnel et non un parti politique d’opposition ni une Ong des droits de l’homme. Les avocats sont des auxiliaires de la justice ont une mission, ô combien noble, de contribuer à l’administration de la justice. Ils ont donc, de ce fait une mission importante de service public. Il serait contre-productif, et même incongru, que le barreau s’érigeât en contre-pouvoir alors qu’il est précisément un démembrement déconcentré dudit pouvoir », déclarait-il le 13 septembre, à l’ouverture des travaux du groupe de travail avocats-Minjustice-Mindef-Sed-Dgsn.

La grogne, qui risque bientôt d’éclater au grand jour au sein du barreau, s’était déjà manifestée lorsque la plupart boudèrent la session extraordinaire du Conseil de l’Ordre convoquée le 15 septembre, et qui ne put se tenir faute de quorum. Mais cela n’empêcha pas Charles Patie Tchakoute et quelques hommes de main de maintenir le mot d’ordre de grève. L’Ordre des avocats du Cameroun tombe le masque Finalement.


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