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Cameroun : Le discours de Wilfried Ekanga sur le tribalisme divise les internautes

ekanga wilfriend

Dans un pamphlet publié le 14 octobre 2019 repris par Lebledparle.com, le militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun s’insurgeait contre la montée asymptotique du discours tribal au Cameroun.

ekanga wilfriend
Wilfried Ekanga est un membre du MRC (c) Droits réservés

Dans cette sortie, le Camerounais basé en Allemagne affirmait : « Vous vendez vos terrains aux Bamileke, ensuite, ils les exploitent intelligemment et les transforment en actifs qui génèrent des rentrées d’argent. Puis, quand votre argent à vous est fini dans les jouissances et le paraître, vous revenez réclamer vos terrains, vous les accusez d’occuper tout le secteur économique et vous les appelez “envahisseurs. Je suis Beti, et pourtant, je ne me sens pas plus chez moi au Cameroun qu’un Toupouri ou un Mousgoum. Je n’ai jamais eu l’impression que le pouvoir, c’est notre chose. J’ai envie d’être autochtone à Kousseri comme je le suis à Mbanjock. Je ne veux pas qu’on m’appelle étranger à Baham, car je ne le suis pas à Mvomeka non plus ».

Si cette sortie de l’analyste a été bien accueillie par bon nombre de Camerounais, elle a tout de même suscité des critiques et indignations chez d’autres. C’est le cas de cet internaute qui, reprenant le philosophe René Descartes, estime qu’il faut “éliminer de fausses certitudes”

Lebledparle.com a compilé les réactions des internautes et vous les propose en dessous

Réaction 1 : Je ne suis pas passionné par la politique camerounaise, mais j’aime agir en commentateur neutre… j’espère. Pour atteindre la vérité indubitable, nous apprend le philosophe Descartes dans ses Méditations métaphysiques, il faut éliminer les fausses certitudes… Je prends un petit exemple de ce que dit ce jeune homme… J’ai envie d’être autochtone à Kousseri comme je le suis à Mbandjock… C’est le souhait de tout être épris d’humanisme… Question cartésienne… Quand tu arrives à Kousseri quel écart te sépare de l’homme ou la femme de Mbandjock ?

Réponse : La culture, les mœurs locales, la vie locale, la langue locale, etc. Il est vrai qu’à Kousserie comme à Mbandjock on parle français ou anglais… Mais peut être que d’autres que toi, parlent arabe, haoussa, fulbé, mangent le mil et le sorgho… se partagent le goro, font la saraka les vendredis… Bref tout un tas d’esprit que tu dois adopter pour que tu te sentes autochtone… C’est tout un processus… que le blanc appelle intégration. Une intégration qui peut être perçue comme de l’assimilation… mais ici il ne s’agit pas du vivre ensemble, expression à la mode au Cameroun et qui en fait résume assez bien l’époque lointaine où l’étranger était le voisin d’en face…

Réaction 2 : Quand Ekanga dit que les Betis vendent leur terre aux bamileké, etc., ils deviennent jaloux après ! Pourquoi ne réduit-il les Bétis qu’à ce préjugé bamileké ? peut-il dire que les Betis exploitent des milliers d’hectares de cacao qui apportent des devises au Kamerun ! Que sont les vivres qu’ils cultivent qui alimentent les marchés du centre, Sud et s’exportent en Guinée ? Est-ce que ceux-là vendent leurs terres aussi ? De plus ce qu’il appelle vendre de la terre confine à la spoliation foncière.

Réaction 3 : Chez les Ekang on dit ‘on ne crache pas le sang de sa langue’ quand on saigne de sa langue on avale ce sang sans le cracher. On évite de vouer aux gémonies les siens. C’est la première raison pour laquelle on ne rejette pas le président les gens supportent donc. La deuxième raison étant que toute velléité d’opposition ou supposée ou même rapportée est 100 fois plus réprimée que si vous n’étiez pas Ekang. Vous voyez que Titus Edzoa démissionne pour se présenter à la présidentielle va être puni de 17 ans de cachot. Kamto dans une démarche similaire n’est réellement pas inquiété. À la longue cela finit par marquer les esprits. Malgré tous les plus grands opposants à sa politique sont Ekang à cause de leur liberté de ton. Ne pas oublier que ce sont les Ekangs (nos frères Etons) qui créent le MRC en opposition à Biya et font appel à Kamto, certains opposants sont morts en en exil comme Jean Marc Éla, etc. Dans les villages du Sud, vous pouvez avoir des problèmes si vous votez contre le RDPC ! La troisième raison est qu’il est difficile de prendre fait et cause sur une accusation de détournement, alors qu’il est plus facile pour une cause politique. À ces élites on colle souvent des accusations de détournements comment opposer le contraire même si l’on en est convaincu ? Si les accusateurs n’ont pas de preuves formelles, nous en manquons aussi. C’est bien joué de leur part. On l’a vu pour Titus Edzoa, en faire un prisonnier politique aurait suscité un élan de soutien. Il fut accusé de détournements c’était plus difficile. On se souvient que Mongo Beti de son vivant prit souvent sur lui de manifester publiquement contre cette condamnation.

Réaction 4 : Puisque les Bétis vendent leurs terres et feraient des histoires aux bamilékés, que le ‘Nguenguerou kamtoïde’ visiblement fasciné par le bamiléké nous explique pourquoi en 2011 Bamouns et bamilékés s’affrontent dans une guerre tribale sanglante dans la rive est du Noun ? Sur des terres occupées frauduleusement par des bamilékés qui les réclament de droit ! Terres qu’ils ont rebaptisé de noms de leurs origines respectives ainsi on y trouve Bafoussam II, Bamengoun II, Baham II, etc., se rapportant à leurs métropoles respectives comme dans des colonies, avec un respect tacite entre eux des limites tracées par eux pour ces localités, mais une entente tacite globale du bamiléké de spolier le Bamoun ! L’état a dû déployer plus d’un millier de soldats pour empêcher le massacre de bamilékés. Ce sont des faits au-delà des dissertations de ce traitre Beti. Les Bamouns auraient-ils aussi vendu ces terres du Noun et seraient devenus jaloux des bamilékés ? Les Mbo auraient-ils aussi vendu Nkongsamba ? Les Akwa ont-ils vendu Douala 5e ? Un ‘Nguenguerou’ à la voix digitalisée se vautre pour parler de ce qu’il ne sait pas ! Diriger ici n’est pas seulement assurer la prospérité économique, ce sera protéger l’identité de chacun dans son assise territoriale et bâtir les institutions communes qui garantissent cette protection. L’autochtonie gravée dans notre constitution va dans ce sens. En Allemagne un pays où ce Nguengurou aime vivre n’est-il pas stable quand les Bavarois se sentent chez eux en Bavière ?

Réaction 5 : Très beau discours, jeune homme. Le problème est ailleurs. Dis-moi, Ekanga, combien les tiens ont voté pour Kamto lors de la dernière présidentielle ? Tu as supporté et soutenu une arnaque politique. Tu sais pertinemment que Kamto n’a pas gagné la présidentielle d’octobre 2018 et tu l’as pourtant suivi dans sa chevauchée mensongère et insurrectionnelle. C’est ça le problème. Ce que tu dis sur le tribalisme, je suis d’accord avec toi. C’est un bon devoir de philosophie que tu viens de nous sortir. Sur ce plan, bravo. Sur le plan pratique, je te demande d’être démocrate, c’est-à-dire reconnaître les résultats des urnes. Les autres combats comme le tribalisme seront faciles, très faciles. Pour le moment, ton attitude est plutôt partisane et subjective. Crois-tu que ce soit moins dérangeant que le tribalisme ?


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