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Siméon Roland Ekodo Mveng : « L’élection de 2018 a révélé une nouvelle puberté politique caractérisée par le militantisme gastro-tribal »

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Dans une publication sur son compte Facebook ce samedi 20 juillet 2019, le politologue Siméon Roland Ekodo Mveng revient sur la dernière élection présidentielle au Cameroun. Le socio-politiste ressort les méfaits et limites du dernier scrutin présidentiel. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de cette tribune libre.


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Paul Biya et Maurice Kamto – DR

EXAMEN DES FUMIGÈNES POLITIQUES D’UNE DÉMOCRATIE EN COMBUSTION

L’élection de 2018, de par les enjeux stratégiques de l’heure, les crises sectorielles, le conflit de génération, son inscription audiovisuelle dans la web démocratie, son internationalisation par la diaspora, et la qualité impressionnante des gladiateurs politiques concourant au siège présidentiel a révélé chez l’abstentionniste d’hier et le roturier des foires électorales passées, une nouvelle puberté politique caractérisée par l’invective, la violence, la forte mobilisation et le militantisme gastro-tribal. En psychanalyse, on pourrait expliquer ces pulsions mortifères et consuméristes et ces instincts primaires de survie par le diagnostic clinique du citoyen électeur à la veille du scrutin d’octobre dernier. Une observation radiographique de ce microcosme dévoile en effet, chez les militants de l’opposition, une hystérie démentielle du changement chez ceux qui estiment avoir longtemps attendu sur le banc de touche leur consécration politique et leur rétribution économique dans un système administratif bloqué, confisqué et ayant la réputation de sacrifier des générations de jeunes au chômage ou aux tiroirs des oubliettes. Chez les militants du parti dominant ou de la majorité présidentielle, l’autopsie en profondeur révèle par contre, une peur bleue du débarquement des faucons du pouvoir et réseaux d’allégeance de la mangeoire, chez ceux qui redoutent la chasse aux sorcières et l’inversion symbolique d’une échelle sociale qui les renverrait dans le rôle infâme et peu reluisant d’opposants raillés, sans statut institutionnel ni mainmise sur le contrôle de l’appareil d’État et des circuits de distribution de la manne populaire. Dans cette quête permanente du Moi autoritaire tribal ou partisan et des prébendes nombrilistes chez les universitaires partisans, le débat républicain a volé bas. La campagne a dévoilé des entrepreneurs identitaires très offensifs et des cyberactivistes ethniques ou politiques minés par le besoin d’affirmation personnelle, la haine d’autrui et l’animosité sectaire des saisons pré-génocidaires. Les journalistes se faisant l’échos sonore des déclencheurs d’alerte de Facebook ou des phrases choc de candidats et zélotes des partis invités au débat télévisé au lieu de mettre sur agenda médiatique l’explication de ces programmes et idéologies qui ne font pas le buzz dans une opinion majoritairement séduite par les faits divers. Si cette compétition majeure a résolu de moitié la question de la crise de désaffection électorale au Cameroun en battant le record de participation et d’intérêt après 1992, il faut souligner que le niveau d’intelligibilité des discours assorti d’une faible problématisation des sujets sur l’emploi, la monnaie, la construction des logements, la gestion des crises politiques ambiantes, la santé publique, la diplomatie, la place du Cameroun dans la sous-région et les questions de société en rapport avec les NTIC et la mondialisation font la preuve d’une faible communauté civique pataugeant dans une démocratie antécambrienne en mal de repères industriels et d’élévation spirituelle chez l’homo « sardinard » et « tontinard ». Quelle ironie !!!

Pour approfondir :   [Point de vue] Le leader politique et le risque de clanisation du combat politique

Siméon Roland Ekodo Mveng, Politologue.


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