Octobre, le mois prévu pour l’élection présidentielle c’est dans huit mois. Paul Biya, président de la République, malgré de récurrentes critiques portant sur son âge, sa gouvernance et sa longévité aux affaires, reste un acteur incontournable, selon notre rédaction. Dans l’opposition, l’effervescence monte à mesure que la date fatidique de cette joute électorale approche. Ce qui donne lieu à toutes sortes de manœuvre. Aussi, les camerounais sont témoins chaque jour qui passe, des dynamiques complexes caractéristiques désormais de la scène politique et de la période préélectorale au Cameroun. Ce d’autant plus que cette échéance électorale représente un moment charnier pour le Cameroun, qui est observé à travers le monde. Ainsi donc, non seulement chaque geste est minutieusement scruté, mais aussi, chaque parole prononcée est consciencieusement analysée. Dans ce contexte, le ralliement inattendu de l’Upc, du Mdr, du Pcrn et du Prac à la majorité présidentielle pourrait, d’une part, s’avérer décisif pour convaincre les électeurs hésitants et, d’autre part, consolider la position du président de la République.
Débat ouvert
Sauf que tout au long du présent septennat finissant, les camerounais se sont montrés davantage divisés par rapport à son leadership. Et si les alliances et ralliements ont pignon sur rue en terrain politique, il va sans dire qu’ils ne sont pas exempts de toutes remarques et critiques.
Pour les pourfendeurs du probable candidat du Rdpc, ils exigent un changement à la tête de l’État et des réformes profondes pour répondre aux défis économiques, sociaux et sécuritaires du pays. Dans ce groupe, on n’a pas hésité de qualifier cette démarche comme un soutien anachronique à la candidature de Paul Biya. Mais, dans le camp du président de la République, ses fans et supporters estiment que c’est la Loi fondamentale qui ouvre les portes à la candidature de leur champion. Bien que Paul Biya ne se soit pas encore prononcé ouvertement sur sa candidature ou non à la prochaine élection présidentielle, le débat sur cette dernière se trouve déjà ouvert depuis longtemps dans l’opposition. Chose qui passe pour être une pure diversion pour certains observateurs et acteurs du landerneau politique camerounais.
Des questions
Pour nombre d’esprits éclairés qui suivent avec une attention particulière l’évolution de la situation politique du Cameroun, le soutien inattendu de quatre partis politiques (Upc, Mdr, Pcrn et Prac), à la candidature du président Paul Biya à l’élection présidentielle à venir, a été un évènement surprise. Malgré les justificatifs des uns et des autres, leur soutien au candidat Paul Biya ne soulève pas moins de questions. Celles-ci vont de l’avenir de l’opposition au Cameroun à la véritable représentativité des dirigeants des partis politiques, en passant par leur capacité à prêter une oreille attentive aux aspirations de leurs militants. Surtout que, l’Upc, le Mdr et le Pcrn, qui étaient en vedette le 31 Janvier 2025, à l’occasion de la déclaration publique de leur soutien à la candidature de Biya, ne peuvent pas garantir une ambiance sereine en leur sein respectif. L’Upc est victime de multiples factions. Si Bapot Libooh et Baléguel Nkot sont les faces visibles de l’Upc, d’autres factions sous-jacentes existent bel et bien. Au Pcrn, Robert Kona et Cabral Libii sont devant les tribunaux pour des questions de leadership. Le Mdr est déchiré par le même souci entre le député Paulin Djorwe et Daïssala Tigana Tassi.
La conséquence
Des questions qui viennent à l’esprit de tout un chacun, sans toutefois vilipender leur soutien à la candidature de Paul Biya, sont celles de savoir : Dans ces conditions, quel poids politique pèse véritablement chacun de ces leaders ? Quel soutien et quelle faction s’alignera réellement derrière l’homme lion ? Ne s’agitil pas là d’une fuite en avant de ces chefs de parti politique ? Ne sontils pas guidés par une envie de positionnement pour certains et, de protection de leur poste pour d’autres ? Parce qu’incapables de résister à la percussion imposée par leurs rivaux respectifs, ils se précipitent de déclarer publiquement leur alignement derrière une candidature, pas encore certaine de Paul Biya. Il va sans dire que leur décision définitive de rejoindre le camp présidentiel, n’est pas sans conséquence. Leur choix possèderait également une énorme capacité d’aggraver la fracture non moins large, qui existe déjà dans les partis d’opposition. Suite à cette radicale prise de position, les militants semblent désormais placés face à un dilemme.
L’alternative
Rester dans le parti et dont contestataire ? Changer de bannière politique ? Ou suivre leurs présidents de parti dans la nouvelle orientation ? De nombreuses langues estiment que, la meilleure façon aurait été de laver le linge sale en famille, avant de se lancer dans la formation des alliances et autres ralliements. Si non et des mêmes sources, on n’est pas loin d’une supercherie. Laquelle met en exergue d’un côté, une certaine recherche de positionnement et, de résolution des problèmes liés à l’intendance. Et de l’autre, elle lave de tout soupçon l’administration souvent accusée de compromettre la crédibilité du système politique mis en place au Cameroun. Parce que si l’opposition n’était pas compromise, l’administration n’aurait aucun pouvoir pour s’ingérer dans les affaires des partis politiques. Quoi qu’on en dise, l’ingérence de cette dernière n’est possible que parce que les partis politiques ouvrent leur porte à l’administration territoriale, bras séculier de l’Etat dans le domaine politique.
Continuité ou alternance
En apportant leur soutien à la candidature du président de la République Paul Biya, le Secrétaire général de l’Upc, Bapooh Lipooh, les présidents Kona Robert et Daïssala Tignana Tassi, respectivement du Mdr et du Pcrn, insufflent-ils une dimension plus attractive et convaincante à la course à l’élection présidentielle prévue en Octobre prochain ? Un scrutin présidentiel qui constitue un moment crucial pour l’évolution démocratique du Cameroun. Ce choix politique majeur pourraitil par ailleurs aussi redessiner les contours des alliances traditionnelles du parti au pouvoir ? L’impact de cette reconfiguration sur l’électorat et les conséquences à long terme pour le pays, seront à déterminer dans les mois à venir. Les défis étant considérables et variés, ils touchent à la stabilité du pays et aux perspectives de modernisation économique et sociale à la fois. Le soutien à la candidature très attendue du président Biya, ajoute à n’en point douter, une couche de complexité à cette élection déterminante pour l’avenir de la nation. Les camerounais devant choisir, soit pour la continuité, soit pour le changement.