Les faits se sont déroulés le vendredi 13 septembre dans le sud du Cameroun, dans le village d’Avebe Esse. L’enseignant Fongang Nathan s’est retrouvé en garde à vue après avoir évoqué en classe le sort de l’opposant.
Les faits se sont déroulés le vendredi 13 septembre dans le sud du Cameroun, dans le village d’Avebe Esse. Fongang Nathan appelé Sapgang sur les réseaux sociaux, enseignant bilingue commence le cours d’anglais sur un thème d’éducation civique en interrogeant ses élèves sur les solutions au conflit que traverse le Cameroun. « Il faut le dialogue » aurait répondu un élève.
« Doit-on aussi dialoguer avec Monsieur Kamto ? », reprend un autre élève. C’est alors qu’intervient l’enseignant qui aurait affirmé que si les groupes armés sont invités au dialogue il n’y aurait pas de raison à ne pas inviter aussi ceux qui sont en prison.
Maurice Kamto, qui conteste la victoire du président Paul Biya à la dernière présidentielle, est détenu depuis le mois de janvier. Or, le bout de phrase de l’enseignant est parvenu de bouche à oreille au chef du village puis au sous-préfet de Sangmelima qui a autorité sur le village d’Avebe Esse.
D’après l’activiste David Eboutou joint par la DW ce mercredi (18.09.), « on peut bien imaginer que chacun, au niveau de l’information, à partir du parent jusqu’au chef de village et du chef de village au sous-préfet, a déformé (les propos de l’enseignant, ndlr). Et c’est à ce niveau que le sous-préfet un peu zélé est arrivé et a demandé à l’enseignant de l’accompagner. Il a donc pris ce dernier pour aller directement le placer en garde à vue ».
Contacté, le syndicat national autonome de l’enseignement secondaire affirme être en train de rassembler les preuves que l’arrestation de Sapgang est en lien avec les propos tenus sur Maurice Kamto. Son secrétaire général affirme qu’une rencontre est prévue vendredi avec le Premier ministre camerounais et que ce serait une occasion pour parler du sort de l’enseignant.
D’autres sources indiquent que l’enseignant a recouvré la liberté depuis lundi après-midi (16.09.) et est autorisé à comparaître libre. Ses collègues de la région de Sangmelima étaient mobilisés pour exiger sa remise en liberté.
Notre rédaction n’a pu à ce stade obtenir aucun contact avec ces enseignants et l’épouse de Sapgang que nous avons essayé de joindre ne répondait pas non plus. « Le sujet est sensible en cette veille du dialogue national », affirme l’une de nos sources.
Les enseignants camerounais se retrouvent sous pression en cette rentrée des classes. Un communiqué du sous-préfet de l’arrondissement de Manjo dans le Littoral met en garde les responsables des établissements scolaires. Ceux-ci doivent veiller à ce que les enseignants ne dénigrent pas les autorités sous peine d’être punis. Le sous-préfet se réfère à une correspondance du préfet de Moungo en date du 28 août 2019.