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Patrick Mboni : «Ilest vraiment temps de mettre en place une réelle politique de promotion de la littérature camerounaise»

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Selon Patrick Mboni, jeune écrivain et passionné de spiritualité, la décadence de l’univers littéraire national est le fait d’un manque d’organisation et de professionnalisme observés dans le monde de l’édition et de l’écriture.


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Patrick Mboni (c) Droits réservés

Les camerounais s’intéressent de moins en moins à la lecture et le secteur du livre se meurt. Point n’est  besoin pour le justifier, de se référer aux statistiques de productions ou de fréquentation des bibliothèques. Un simple regard avisé, empirique de notre société peut poser ce constat clair. Toutefois, dans cet environnement, il est des personnes qui réussissent à pérenniser la culture du livre : c’est le Cas de Patrick Mboni.

Le jeune auteur, s’est confié à la rédaction de Lebledparle.com dans le cadre d’un entretien exclusif. Il a évoqué sa vie d’écrivain, sa nouvelle parution iconoclaste intitulé Sinaï, les solutions envisageables pour amener la jeunesse à davantage s’intéresser à la littérature et d’autres questions à la pertinence certaine.

Écrivain et par ailleurs fonctionnaire d’État, Vous êtes l’auteur du bouquin Anathèmes sorti en 2012 aux éditions Edilivre et de Sinaï  qui paraît officiellement le 15 de ce mois.

Lebledparle.com : cette présentation de vous est-elle complète? Autrement dit, que faut-il savoir d’autre de Patrick Mboni? 

Patrick Mboni : Cette présentation est presque parfaite je dirais. Je suis auteur et écrivain depuis 2012, date de ma première parution (Anathème, NDLR) aux éditions Edilivre. Je suis agent de l’État c’est vrai, mais bon par principe  je souhaiterai qu’on se concentre juste sur ma vie d’auteur. C’est ma meilleure casquette. Donc au finish Patrick Mboni est un écrivain camerounais, passionné de littérature, de spiritualité et jeux vidéo (rires).

Comment arrivezvous à l’écriture dans un contexte où la culture du livre est très peu entretenue voire absente? 

Ma passion pour le livre naît de la culture littéraire que mon père (que je cite avec beaucoup d’émotion) nous a inculqué dès le bas âge. Mes frères et moi avions droit à d’interminables séances de lectures et de dictées. Il nous a fait grandir au milieu des bouquins qu’il nous offrait une fois sa solde tombée. Donc j’ai été trempé très tôt dans les lettres. Il est aussi vrai que nous vivons dans un contexte qui ne promeut pas assez la littérature. Nos petits frères et nos enfants manquent véritablement de repères dans ce domaine et je pense qu’il est vraiment tant de mettre en place une réelle politique de promotion de la littérature camerounaise. Il y a va du bien-être artistique et linguistique de notre patrie. C’est aussi par là qu’on reconnait la grandeur d’esprit d’une nation.

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C’est juste la passion des lettres qui me pousse à écrire. Je ne peux pas vivre sans poésie, sans prose. C’est comme un drogué qui n’a pas sa came. Il me faut donc redevenir moi-même après une journée au travail. Sortir de cette peau de fonctionnaire pour me recentrer sur ma première passion. Il y a que la plume qui concurrence l’amour que j’ai pour ma femme.

En tant qu’auteur comment selon vous se porte l’environnement du livre au Cameroun

Je dirai très mal. D’abord parce que d’essence nous n’avons pas vraiment la culture du livre. Et c’est un peu justifié.  Le pouvoir d’achat des ménages est tellement faible qu’il est difficile de dégager une marge pouvant nous permettre de nous offrir un ouvrage.  Ensuite, la décadence de notre littérature, pour ma part est le fruit du manque d’organisation et de professionnalisme observés dans le monde de l’édition et de l’écriture. Réorganiser ce domaine de la vie culturelle de notre pays nous ferait le plus grand bien. Enfin, un accompagnement des pouvoirs publics ne sera pas de refus.

Quelle solution éventuelle pouvez-vous proposer pour faire (re)naître chez les jeunes un engouement réel vis-à-vis de la lecture ? 

J’aime cette question. Il faut d’abord suscité à nouveau chez les jeunes le désir de lire et d’écrire. Nous avons grandi avec le rêve, la volonté de ressembler à des grands auteurs africains comme Mongo Beti, Birago Diop, Senghor ou encore Eluard. Nos enseignants nous présentaient leurs œuvres en érigeant les auteurs au rang de dieux. Oui de dieux, car ils créaient le monde avec leurs mots. La jeunesse doit donc s’identifier à des modèles comme nous l’avons fait. Mais malheureusement, ceux que la société brandit au quotidien dans les médias, ne sont pas des incarnations de la probité. Le talent est relégué au second rang et la réussite matérielle est vantée et acceptée de tous, même par ceux qui sont gardiens de la morales collectives. Enfin, je les dis plus haut, un accompagnement des pouvoir publics pourrait booster le secteur. Ça permettrait par exemple de réduire le prix du livre en subventionnant les auteurs ou les éditeurs lors des phases de productions de l’ouvrage. Ou encore organiser des espaces mettant en avant ce pan de notre culture. Bien évidemment, le MINAC porte ces manières de pensée à cœur mais la portée des actions menées est encore insuffisante. Des efforts supplémentaires doivent être faits.

Parlez-nous de Sinaï votre nouveau roman

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Sinaï est un roman qui réécrit l’épopée du patriarche Moïse. C’est une version qui peut paraître iconoclaste (je me permets de la personnifier), dans la mesure où elle remet en cause certaines traditions établies dans nos rites et croyances au Dieu sémite. Il encourage le croyant à revenir au culte originel pour savoir ce que Dieu attend de lui et quels sont ses véritables recommandations. Ceci à travers une narration faite sur une vie ésotérique et mystique de Moïse, bien souvent occulté dans la Bible.

Pourquoi le choix d’une telle thématique pouvant sembler «effrayante» pour le lecteur lambda ?

D’abord parce que c’est effrayant…Non. Je rigole. Plus sérieusement,  le choix de la thématique a été fait après le constat posé sur des pratiques et des croyances religieuses observées et biens souvent éloignées des rites primitifs.  Ensuite, il était question pour nous de recentrer le rôle et la place du personnage Moïse dans l’histoire des religions. Le pentateuque est un héritage partiel de la Torah. Le lire uniquement peut susciter des points d’ombre et des divergences observées dans les églises chrétiennes. Il faudrait rentrer dans la mystique juive et la gnose égyptienne pour comprendre l’origine du rite sémite et l’impact de la PAROLE sur la vie des croyants.

La cérémonie de dédicace aura lieu le 15 février. Un dernier mot à l’endroit des camerounais, dans le sens de les inciter à se procurer cette œuvre

Sinaï est un roman qui mérite d’être lu. D’abord pour son aspect mystique.  Il revient sur les phases de l’initiation hébraïque de Moïse, sa relation avec Dieu, Sa rencontre avec Christ, son voyage dans la création et sa découverte des luminaires. Ensuite, il y a qu’il rentre dans sa culture ésotérique, afin que le lecteur comprenne le sens du renoncement de ce grand prêtre d’Osiris, devenu patriarche d’Israël et ami de YWH. C’est donc un livre à découvrir, un récit de foi fait pour être compris et expérimenté.

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