Achille Mbembé a fait un post dans lequel, il traite le défunt Dj Arafat de malade mental de son vivant. Après Alain Tailly, c’est au tour de professeur de littérature Patrice Nganang de répondre à son compatriote. Selon Patrice Nganang, Achille Mbembé n’a pas de couilles et lui explique ce que sont les couilles. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité du texte de Patrice Nganang.
Les couilles expliquées à Mbembe Achille
Parce que Mbembe Achille vient de faire un autre des ‘hit jobs’ – je n’ai pas dit critique car il n’en est pas un, mais hit job dont il a l’habitude contre un cadet, et hit job c’est l’expression américaine qui veut dire se servir de sa position de pouvoir pour donner un coup de couteau dans le dos de plus faible -, en écrivant que DJ Arafat était un malade mental, j’ai décidé de lui expliquer doucement, ce que c’est que les couilles. Evidemment, les couilles, ce sont les testicules. L’homme en a deux. Du moins d’habitude. Hitler n’en avait qu’une seule, dit-on. Les couilles, c’est donc les deux organes qui ont la forme de balles, en dessous du bangala, autrement-dit en dessous du pénis, le pénis étant cet organe long mais qui se raccourcit aussi selon le danger, organe que Mbembe Achille connaît sans doute, lui qui s’en sert de manière fameuse sur des filles un peu partout – étudiantes, passantes, et autres. Je lui ai jadis demandé de se fermer la braguette béante, vous vous souvenez ? Mais passons. Les couilles, c’est autre chose que ça, et dans le langage camerounais, les couilles sont aussi appelées les mbang, les noyaux, les noyaux d’avocats, diraient les Bamiléké. Je m’empresse ici de lui dire, a lui qui est plutôt Bassa, que cela n’est pas le tribalisme, mais chacun sait que les Mbouda ont les gros noyaux. Chacun le sait, et c’est indiscutable, et n’a rien à voir avec le tribalisme. Les Mbouda ont les gros noyaux. Ils ont d’ailleurs des avocatiers dans leurs cours. Il y’a une chanson célèbre qui le dit, et je ne vais pas la fredonner ici, sans doute Mbembe Achille ne la connaît pas non plus et ne manquera pas d’émettre un jugement sur elle, car il émet des jugements sur des livres qu’il n’a pas lus, écrit sur des personnes qu’il ne connaît pas, parle de couilles qu’il n’a pas – lui qui se cache pour aller au Cameroun prolonger son passeport. Mbembe Achille a cependant compris, il n’est pas con, je crois, qu’ici je viens d’utiliser couilles dans son sens second, c’est-à-dire courage. Les couilles veulent dire le courage, le courage, et le courage. Avoir des gros noyaux veux dire avoir du courage, avoir des petits noyaux veut dire n’avoir pas de courage, et n’avoir pas de noyaux veut dire être un lâche.
Quand j’étais en prison, Mbembe Achille avait écrit un article fameux, ou il mentionnait ma fixation sur les couilles dans mes écrits – évidemment disait-il, il ne m’avait pas lu. Moi par contre, je l’avais lu, avant et cet article aussi. Cet article infâme, je l’avais lu dans la republication du texte dans La Nouvelle expression, alors que j’étais au parquet de Yaoundé, qui est l’antichambre de Kondengui. Il m’avait été apporté par la directrice de mon équipe de campagne sur le terrain. J’avais donc son texte en chemin pour Kondengui ou je passerai quelques semaines, avant mon expulsion médiatisée. Mais lisant Mbembe Achille dans la cellule du parquet, j’avais éclaté de rire, là au milieu des jeunes Camerounais comme moi en prison. J’avais éclaté de rire, et ils m’avaient demandé pourquoi je riais, je leur avais dit qu’il y’a un ainé qui ne sait pas ce que c’est que les couilles. A ma sortie de prison, plusieurs m’avaient demandé de lui répondre. Je ne l’avais pas fait. Je me rends compte qu’une bêtise, quand elle n’est pas immédiatement corrigée, se répète, car Mbembe Achille a récidivé. Sans doute parce que je ne lui avais pas répondu : c’est maintenant DJ Arafat qu’il dit, 1) n’avoir jamais écoute, ni bien sur rencontre, mais 2) qu’il décrète malade mental, et qu’il 3) lie à ce qu’il a découvert comme il croit, et qu’il appelle ‘lumpen.’ J’aurais dû dire en effet qu’il recommence – car à ma sortie de prison, expulse que j’avais été du Cameroun, j’avais atterri chez moi, à Princeton aux Etats-Unis, sur un long article publié par Le Monde, qu’il me dédiait a moi, pour répéter qu’il ne m’avait jamais rencontre, ne m’avait jamais lu non plus – alors qu’il m’avait écrit jadis pour me dire qu’il m’enseignait à Yale ou il avait alors une de ses habituelles piges – et que moi, Full Professor aux Etats-Unis étais un malade mental, et en plus étais un ‘lumpen.’ Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais je le répète ici une fois de plus – quand je grandissais, étudiants donc, pour regarder Mbembe Achille, je levais la tête, mais de plus en plus pour le faire je la baisse. Je n’avais jamais eu le temps de réfléchir sur ce qui s’était passe entretemps, l’avais soupçonné en le voyant cache au Cameroun ou il prolongeait son passeport, lui qu’on nous disait partout en exil, mais je crois l’avoir compris en lisant son texte absolument criminel sur DJ Arafat : ce grand frère n’a pas de couilles.
Oui, Mbembe n’a simplement pas de couilles.
J’aurais pu lui suggérer d’aller en acheter, ou même de courir en emprunter. Mais comme nous savons tous, et surtout comme sait tout homme, les couilles ne s’empruntent pas, ni ne s’achètent. Voilà pourquoi j’ai décidé de lui expliquer ce que c’est, les couilles, les mbang, les noyaux. C’est le courage. Le courage c’est ce qui a lie DJ Arafat à la moto. Voir sa dernière image raide debout en pleine nuit sur la moto qui mettra fin à sa jeune vie, c’est ce qui a frappé le cœur de tout un continent. Et sa mort est la toute première mort médiale – je suis Full Professor de Cultural studies, eh oui ! – qui aie eu lieu sur notre continent, filmée qu’elle a été instant par instant – de voiture par ses compagnons, raide sur la moto ; par les caméras de sécurité que tout Camerounais a été abasourdi de découvrir à Abidjan, pour nous dire le degré de surveillance – Mbembe Achille reconnaitra sans doute ici Foucault, Agamben, etc. -, mais aussi de technologie urbaine de ce pays par rapport à notre village camerounais ; et puis par les téléphones portables de chacun, car chacun de nous est un vidéographe de sa vie – et Mbembe Achille est sur Facebook. DJ Arafat était un accro de Facebook, et sa mort a été facebookee. Voilà la modernité de la mort de ce jeune homme qui, pour chacun a montré en live ce que c’était que le courage et est ainsi entre dans notre esprit comme le météore qu’il était de notre modernité. Ce courage c’est lui qui fait le jeune Amba boy prendre le fusil, dans la brousse du Noso, et filmer ses instants de bataille afin que son combat pour la libération ne compte pas sur les cancritude d’historiens du néant comme Mbembe Achille – il s’historicise lui-même ; c’est lui au final qui fait les jeunes que j’avais autour de moi éclater de rire avec moi, quand je leur ai expliqué que le grand-frère-la, dont je lisais le texte, ne sais pas ce que c’est que les couilles. Vraiment ? m’ont-ils demandé. Eh oui, les couilles c’est ce qui donne à la littérature un sens. Les couilles c’est le cœur de la littérature. Les couilles c’est le moteur de l’histoire. C’est ce que Arafat avait et que les Chinois ont – tous et chacun. Et les couilles, c’est ce que Mbembe Achille n’a pas, hélas, hélas, hélas. Triple hélas.
J’espère après mon explication, qu’il a au moins compris ce que c’est.
Concierge de la république