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Owona Nguini : « Les vrais et faux prophètes qui appellent les camerounais à une insurrection sont bien les zombies qu’ils voient chez les autres »

owona nguini eric mathias

Dans une tribune publiée sur la toile, le socio-politiste s’en prend à certains leaders camerounais qui appellent le peuple à se libérer de la zombification dans laquelle ils se trouvent. L’enseignant d’université pense que ces personnes qu’il qualifie de « vrai et faux prophètes » sont aussi zombifiés comme les camerounais. Le vice-recteur à l’université de Yaoundé I dit qu’ils sont incapables de prendre les devants de la révolution et se cachent dans leur confort pour inviter le peuple à se défendre tout seul. Cette sortie intervient quelques heures après la sortie de son collègue universitaire Achille Mbembé qui demande au peuple camerounais de se libérer.


owona nguini eric mathias
Mathias Eric Owona Nguini – capture photo

Ci-dessous, l’intégralité de la tribune.

Ces vrais et faux  prophètes excentrés qui appellent les camerounais à une insurrection dont ils se tiennent loin sont-ils différents des camerounais dont ils plaignent la passivité ? Ne sont-ils pas eux-mêmes des zombies déguisés qui n’ont pas le courage assumé de leur psychisme suicidaire ? L’un des traits récurrents de nombreux camerounais est de pratiquer l’extrémisme eschatologique par procuration et un nihilisme scatologique par frustration. Leur détestation du système ou de ses structures et figures dominantes vire à une outrance peu exempte de dégradation psychopathologique. les raisons pour lesquelles ils honnissent le système sont diverses et même profuses( cupidité envieuse et frustrée de ne pas faire partie des couches de privilégiés ,rage infondée contre des communautés péremptoirement désignées comme castes bénéficiaires du système rentier associé aux mécanismes d’ étatisation néo-colonialiste et péri-capitaliste, impatience de voir une alternance naïvement pensée comme dynamique automatique de réformation ou de refondation, vision candide de la démocratisation pensée en dehors de l’ analyse des conditions organiques et métaboliques de son effectuation, imaginaire acculturé du changement reproduisant les schèmes de l’occidentisme arrogant sur l’ inclination despotique  et le conatus prébendier des gouvernants africains et sur la passivité tenue pour congénitale des couches populaires , vision libérale eurocentrique reconduisant les stéréotypes racialistes ou racistes du paternalisme colonial sur le tribalisme maladif des populations et peuples d’Afrique, disqualification expressive ou dolosive du tribalisme d’état ou du tribalisme sociétal  ou sur l’incapacité des couches populaires à lutter pour la démocratie, impatience de voir la rotation libérale et pluraliste du pouvoir comme mécanisme d’enclenchement de la conversion à la démocratie pluraliste-constitutionnelle /démocratie polyarchique).

alors ces grands, moyens et petits prophètes marqués par de profondes dissonances cognitives , sont dépités et désespérés par les forces cumulées d’ inertie liées à la résistance du système institutionnel et gouvernant à sa démonopolisation subtilisatrice et post- rentière ou à l’ opportunisme des couches moyennes  d’ une part  et les réflexes de protection et de survie des couches populaires d’une part ou l’ inconsistance cognitive et opérative des groupes d’ opposition incapables de comprendre la situation et d’en formuler des solutions praticables et pratiquées. ces forts en gueule engagés dans une aversion hystérique voire maniaque , n’ont que peu de lucidité -quand ils ne savent pas- ou peu de courage quand ils savent pour cerner les verrous que le système-monde prévalent par le jeu du développement inégal et de l’ échange inégal impose économiquement, politiquement et stratégiquement ou même organiquement au Cameroun  comme à de nombreux autres pays quant à leur capacité de formuler et d’ expérimenter avec succès des formules fonctionnelles, institutionnelles et civilisationnelles de démocratisation véritablement souveraine et productive.

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il en résulte chez eux un vrai affolement qui pervertit leur langage critique pourtant a priori pertinent en dénonciation obscène qui prend elle-même les traits scatologiques qu’elle attribue à tort ou à raison, d’ailleurs à tort plus qu’à raison  à la réalité politique flétrie qu’ évoque ces détracteurs patentés. Non seulement, on invective sans restriction les figures centrales de l’autorité dont on tait leur exposition à l’hégémonie néo- impériale des centres. On en vient même à tancer ce peuple tenu pour incapable qui manifeste pourtant de manière naturelle son instinct de survie et ne veut pas devenir la chair à canon de ces dominants par procuration frustrés de ne pas avoir le pouvoir lui qui est taillable et corvéable par le bloc hégémonique et qui est programmé misérable par les rigueurs vicieuses de l’ajustement libéral -global. L’ironie du sort est que ceux qui invitent le peuple à ne plus être zombie, ne se pressent pas eux-mêmes pour rejoindre l’arène du combat révolutionnaire ou de la chienlit insurrectionnelle qu’ils recommandent aux couches populaires. Ils restent bien installés dans le confort de leurs pénates tout en demandant aux autres de se sacrifier. Pire, ils stigmatisatisent ces couches populaires qui seraient complétement enfermées par le tribalisme et encroûtées par le nombrilisme. C’est ici qu’on perçoit combien ces prophètes affolés méconnaissent les ressorts profonds qui font mouvoir les acteurs de la formation sociale. Ils pensent en impénitents acculturés que les logiques pratiques qui font mouvoir les camerounais sont globalement équivalentes de celles de citoyens ressortissant des états industriels engagés en fait dans d’autres économies psychiques et libidinales ou économies pratiques ou politiques. Non. Même sous le poids de toutes les sujétions néo-coloniales ou néo- impériales, même avec des déficits de confort culturel, les camerounais ne sont pas des êtres vides. Ce sont des êtres vivants et des êtres humains qu’aucune domination ne pourrait définitivement animaliser. Certains de ceux- là qui exprimaient voire vantaient l’indocilité des camerounais, sont aujourd’hui pris au dépourvu quand ils se plaignent du stoïcisme pratique et tropicalisé de ces camerounais des couches populaires. Ceux qu’ils ne veulent pas ou ne peuvent pas s’avouer c’est que le Cameroun est pris en tenaille par un mécanisme de domination qui combine dialectiquement centralisation structurelle avec monopolisme résistant et segmentation sociale et culturelle générant une cohabitation sociale balançant entre coexistence pacifique et guerre froide entre fractions, sections et factions.

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Autrement dit, les dynamiques de désobéissance contre l’establishment institutionnel et gouvernant  sont confrontées à l’hétérogénéité du filetage social et tendent à accroître celui- ci en en  distendant toujours plus les mailles d’un tissu sociétal déjà relâché. il n’est que peu étonnant que dans un contexte où la morphologie sociale dominante entretient des situations ressortissant  du modèle organisationnel des  » paysans parcellaires  » ,que l’ universalisation des mobilisations soit  une véritable gageure. c’est ce qui produit cette ambiance d’ impuissance ou d’ indifférence que les prophètes combattent en tentant de mobiliser un peuple qu’ il disent amorphes et apathiques alors qu’il s’agit d’ une multitude divisée et dispersée. C’est d’ ailleurs pourquoi nos esthètes de l’insurrection préfèrent leur confort propre aux dangers d’une mobilisation révolutionnaire ou insurrectionnelle qui peut aisément dégénérer en chaos béhémothique ou en pandemonium apocalyptique sous la forme de guerres sauvages et de feuds barbares. Beaucoup de ces nihilistes dépités sont bien les zombies qu’ils voient chez les autres. Ils se savent impuissants et tentent d’exorciser cela par une violence verbale gratuite quand elle en vient à dégrader une contestation raisonnée en une opposition déraisonnable .c’ est pourquoi, ces prophètes usent de ruses pour pousser les autres dans des révoltes souvent sans issue. Le sacrifice, c’est pour les autres, pas pour eux !!! Qui est fou ?

Mathias Eric Owona Nguini


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