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Note de lecture de la Maison de la culture Québec – Cameroun, sur l’ouvrage « AFANE » d’Eric Mendi

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 « AFANE – Forêt Equatoriale », le dernier livre d’Eric Mendi primé dans la catégorie Belles-Lettres à l’édition 2016 des Grands Prix des Associations Littéraires a été proposé au Jury par la Maison de la Culture Québec – Cameroun, une association (Gic) basée à Ebolowa dans le Sud du Cameroun, et créée en 2005 sur instigation de la Canadienne Chantal Tremblay.


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Eric Mendi laureat aux GPAL 2016 – DR

Pour ses activités, la Maison de la culture Québec – Cameroun compte en son siège un espace cybernétique ainsi qu’une bibliothèque d’environ sept mille livres, dont un peu plus de 1800 ouvrages offerts récemment par l’Ambassade de France au Cameroun.

Le Bledparle vous propose ici en exclusivité l’argumentaire par lequel la Maison de la Culture Québec – Cameroun a soutenu la candidature d’Eric Mendi aux GPAL 2016. Ce texte dénote le travail de lecture remarquable d’une association qui tenait à mettre toutes les chances de son côté.

MAISON DE LA CULTURE QUEBEC – CAMEROUN

Contribution aux GPAL 2016 : « AFANE – Forêt Equatoriale », d’Eric Mendi

AFANE, Forêt Equatoriale est une belle fresque de la vie des peuples bantous de la forêt équatoriale. Vie tranquille, simple et saine, assise sur un tissu social des plus solides, fondée sur des traditions séculaires que vient bousculer l’homme blanc et sa civilisation qu’il impose au lieu de proposer, et qui finit par chambouler le quotidien ainsi que le cadre de vie de ces êtres simples, et finit souvent par en faire des inadaptés sociaux.

 Sous la plume vive et mordante d’Eric Mendi apparaît devant les yeux du lecteur un peuple qui surgit  des entrailles de la forêt équatoriale, dont la vie au quotidien défile comme au Caméoscope  devant les yeux du lecteur ébahi et captivé par les villageois ‘’attrapés’’ par le téléobjectif  dans leur quotidien, du lever au coucher du soleil, de lundi au dimanche, de janvier à décembre et  année après année…vie simple, tranquille, bucolique qui fait songer à ce que la légende dit du jardin d’Eden …..

Jusqu’à ce jour fatidique où l’appât du gain, où l’homme blanc (encore lui !), prétendument porteur de ‘’bien-être’’ matériel à ces pauvres gens pauvres qui pourtant s’accommodaient bien de leur  pauvreté dont ils n’avaient d’ailleurs pas conscience jusqu’ici…

Jusqu’à ce jour, disais-je, où l’homme blanc, appuyé par le bras séculier de l’administration, la gendarmerie, va venir bouleverser cette vie tranquille, simple et équilibrée du village, y détruire le solide tissu social fondé sur des traditions séculières, et y semer la destruction, la désolation et la mort.

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Plus rien ne sera désormais comme avant. Malgré les efforts puérils des villageois qui vont user de toutes les formes de résistance en leur pouvoir comme la rébellion et la magie pour s’opposer à ce viol de leur milieu de vie, de leur vie. Peine perdue. Le rouleau compresseur de l’homme blanc qui sait ce qu’il veut  et dispose des moyens de sa politique avance inexorablement ; il sait pouvoir compter sur l’appui de l’administration qui d’ailleurs n’a cure de ce que veut ou ne veut pas ce peuple voué à l’anathème pour avoir soutenu par le passé, disait-on à tort ou à raison, des rebelles ennemis de la nation.

Sous la plume d’Eric Mendi, chacun trouve son compte ; le camerounais de la savane boisée ou de la région sahélienne en passant par celui des hautes terres de l’Ouest y découvre avec délice de quoi était fait le quotidien de l’homme  de la forêt équatoriale, ainsi que des détails très édifiants sur ses us et coutumes, le charme de la vie en forêt où l’on vit encore, en ce 21è siècle, de la pêche, de la chasse et de la cueillette, où tout vous semble, comme qui dirait, offert sur un plateau.

La forêt équatoriale d’Eric Mendi vit et fait vivre et mourir. Autant elle est un petit paradis terrestre où il fait bon vivre, autant on y trouve l’engass, sorte de jungle sur une terre vaseuse et putride hautement hostile tant par ses plantes vénéneuses  que par ses insectes et  ses animaux venimeux. Autant les pièges tendus en travers des sentiers des paisibles gazelles et la pêche à la nasse peuvent enrichir le quotidien de l’homme, autant le gros mamba vert pris au même piège peut à son tour piéger le chasseur et l’emmener avec lui dans le royaume d’Hadès !

La forêt d’Eric Mendi vous captive par son mystère et sa magie. Elle ne vous laisse pas indifférent.

D’une plume légère et enjouée, tour à tour critique, ironique ou satirique, Eric Mendi nous amène à réfléchir sur le prix à payer pour le développement, et nous amène à nous poser  la question: ‘’ développement, pas de développement, et si oui, à quel prix ?’’

Finalement, sans avoir l’air d’y toucher, il nous fait constater que le développement finit toujours par triompher et à s’imposer où qu’il passe, puisqu’à la fin de l’ouvrage la vieille génération est résignée, les jeunes de retour au village collaborent et communient avec leurs bourreaux d’hier, non sans apprécier et jouir abondamment des bons côtés de cette modernisation imposée. A la fin on assiste comme à une scission entre la jeunesse et la vieille génération. Les jeunes semblent se désolidariser des vieux avec qui ils avaient les mêmes revendications hier.

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Eric Mendi est un écrivain de son temps, un écrivain d’un genre nouveau, dont l’art d’écrire refuse de s’astreindre aux rigueurs de la grammaire française. Que non ! Quand Eric Mendi écrit, il vous donne justement l’impression d’être un bulldozer qui se fraie un chemin à travers l’inextricable forêt équatoriale ; ‘’ça passe ou ça casse ! ’’. Là où la grammaire française n’a pas prévu de mot adapté, Eric Mendi en ‘’fabrique’’ sans hésiter et même sans scrupule. Il refuse de se laisser arrêter par si peu. C’est dans la même logique qu’il va emprunter largement dans le parler populaire ; peu importe, l’essentiel est que l’idée ou l’image passe ! Il va même plus loin, en en empruntant même dans le parler vernaculaire, et là Dieu merci, il l’explique pour le lecteur qui ne serait pas du village.

Voici du reste quelques extraits ;

-Une rasade de sa tétée des mâles, ou une rasade de vin de blanc ;

-Le mebenga, l’élôhn, sortes de fourmis noires ;

-Le mbgwé, sorte de chenille ;

-L’engass, la selve boueuse ;

-Le nkok’ meyeu’eulane, ou petit espace de terre raclée au ras du sol…

-Touie énga bombô zaïe ah minlô mibaï, pour dire : le Touie a dormi affamé à cause de ses deux têtes.

Qui lit Afane, Forêt Equatoriale d’Eric Mendi ne le dépose qu’une fois le roman terminé ; l’on est surpris de la quantité des mots nouveaux qui ont enrichi votre répertoire pendant la lecture, des mots tellement nouveaux que l’on en vient à penser qu’ils ont été ‘’forgés’’ par l’auteur, et c’est l’arbitrage du dictionnaire qui lui donne raison.

Nous l’avons dit plus haut, c’est un livre qui ne vous laisse absolument pas indifférent.

© M. TOUNSSI Joseph, Délégué du Gic Maison de la Culture Québec-Cameroun


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