Dans une tribune publié ce 12 février par Boris Bertolt, la vice-présidente des Femmes du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) Michèle Ndoki, blessé par balle lors des manifestations de son parti le 26 janvier dernier, dit tout l’amour qu’elle a pour ceux qui la soutiennent depuis sa cachette où elle reçoit des soins et d’où elle reviendra bientôt pour poursuivre son combat.
« Du fond de ma retraite forcée pour convalescence, j’ai ressenti votre amour, tout votre amour pour votre « Mater » parfois si têtue… », écrit-elle dans un passage.
« Mes plaies ne sont pas toutes refermées et réclament encore des soins appropriés, mais je suis là, l’histoire de ce pays que nous aimons tant s’écrit, et je n’en veux rien rater. », poursuit-elle plus loin.
L’intégralité du texte :
LE SENS DE MON COMBAT… LA QUETE D’UNE VIE..
Enfants de ma Terre,
Alors que nous retenons notre souffle et élevons nos prières vers le Très Haut, espérant une bonne nouvelle pour demain… Alors que nous nous unissons en pensée avec nos compatriotes, compagnons de lutte et chers Leaders illégalement retenus par nos gouvernants, j’ai voulu partager avec vous quelques réflexions sur ces derniers jours. Du fond de ma retraite forcée pour convalescence, j’ai ressenti votre amour, tout votre amour pour votre « Mater » parfois si têtue…
Je l’ai ressentie dans le regard de ces personnes dévouées autour de moi qui s’appliquent pour les pansements, dans les soins apportés à mes repas quotidiens, dans les gronderies quand je me levais trop souvent, dans l’attention de ces hommes forts prêts à me porter pour me faire prendre un peu d’air frais…
Et j’ai compris que notre combat est aussi le leur, que partout les Enfants de ma Terre se joignent à la lutte… tant de bonté spontanée, tant de sérénité dans la prise du risque de me protéger ! C’est cette résilience qui fait notre force… C’est le Cameroun pour lequel je me bats.
Le Professeur Kamto a raison, le plus urgent est de prendre d’assaut le château où se terre notre peur, de la voir terrassée par ce chevalier ardent nommé Vérité.
J’entends dire que l’on recherche et croit avoir identifié cet homme, sans doute époux et père, cet homme qui a juré sous serment de servir le peuple et un jour m’a poursuivie, moi qui fuyais mains nues, qui m’a coincée au fond d’une gargote et tiré dessus, à cinq reprises, à bout portant.
Je l’entends toujours : ‘’ Tu vas encore aller parler à Equinoxe ! ‘’.
En vérité, plus dangereux que sa hargne, son fusil, ses balles, il y a donc mes mots, nos mots sur Equinoxe… Au commencement était le Verbe.
Ce fonctionnaire de police ne mérite ni ma colère, ni ma haine. Il tombe sous le coup de mon incompréhension. J’espère qu’il saura se remettre, comme moi, j’espère qu’il ne restera pas toute sa vie prisonnier de cet acte odieux dont il ne peut se vanter, pas plus que ne peuvent se vanter les personnes qui ont tiré sur Célestin Njamen et sur tant d’autres innocents… Ne les cherchons plus. Ils ne méritent ni notre colère, ni notre haine. Trop facile. Notre vengeance nous la tenons déjà : ils ne nous font pas peur. La peur, nous leur en avons fait cadeau. Elle les consumera, jusqu’au jour béni de notre victoire sur la médiocrité et l’égoïsme, ce jour que nous amène le Souffle de la Renaissance du Cameroun. Alors que nous nous tournons en pensée vers nos compatriotes et nos chers Leaders injustement et illégalement détenus à Yaoundé, levons la tête, bombons le torse et sourions, Enfants de ma Terre, car LE COMBAT CONTINUE !
Mes plaies ne sont pas toutes refermées et réclament encore des soins appropriés, mais je suis là, l’histoire de ce pays que nous aimons tant s’écrit, et je n’en veux rien rater.
Je vous réitère donc mon message sur ma chaise roulante : Rejoignez-nous dans le combat ! Plus nous serons nombreux et moins ils auront l’occasion de s’en prendre lâchement à une autre femme ou un enfant…
Femmes, Mères, vous dont l’autre nom est courage, vous qui pansez les plaies, nourrissez les prisonniers, pleurez pour les morts, levons-nous ! Battons-nous pour nos droits élémentaires, pour nos vies, la vie de nos enfants ! Montrons le chemin à nos hommes, à nos enfants, à nos frères…
Demandons la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers d’opinion !
Réclamons nos droits,
Demandons la fin des hostilités au Sud-Ouest et au Nord-Ouest, la fin de l’impunité et du gaspillage, la fin de la dictature !
Engageons-nous sur le chemin de ta Renaissance, Cameroun Terre de Lumière, là où la peine n’existe pas !
Ee, Di mende dongamene o Sawa, yen Ekombo’a mwaye, Wa ndutu e titi nò
VIVE LE CAMEROUN !
LOVE YOU
Michèle Ndoki