Lebledparle.com, CWT
La controverse autour de l’absence du défenseur camerounais continue toujours d’alimenter les débats sur a toile. C’est dans ce contexte qu’Eric L. Lingo observateur sociopolitique publie le texte ci-dessous pour donner son point de vue et demander à la Fecafoot de mettre un terme à cette polémique à quelques jours du début de la coupe du monde.
Le défenseur central camerounais Michael Ngadeu Ngadjui, sociétaire de La Gantoise qui évolue dans le championnat de première division belge, n’a pas été retenu dans la sélection des Lions Indomptables du Cameroun appelée à défendre les couleurs de notre pays à la Coupe du Monde FIFA Qatar 2022. Voilà un fait indéniable. Tout aussi clair est qu’il relève de la compétence du sélectionneur national de faire les choix de ceux avec qui il compte travailler sur le terrain en jaugeant aussi objectivement que possible forces et insuffisances des candidats. Un autre fait est qu’il n’est pas le seul recalé, et il n’en saurait être autrement. Toutefois, la polémique s’est abattue comme un essaim d’abeilles sur le premier cité, le dépeignant sous un angle dévalorisant, seulement sur lui.
Dans une tribune libre en date du 11/11/2022, soutenue par une autre le lendemain, le sociologue Vincent Sosthène Fouda, se substituant au très défaillant service de communication de la FECAFOOT et s’appuyant sur des informations provenant de toute vraisemblance des arcanes du pouvoir politique du pays, qu’il serait lui-même pressenti pouvoir bientôt arpenter de plein droit, a établi les raisons pour lesquelles Ngadeu avait raté le train du Mondial – et celles-ci seraient résolument extra-sportives, résideraient dans le comportement sulfureux du concerné, ainsi présumé, non, inculpé fossoyeur de la cohésion du vestiaire de nos Lions. Il est de ce fait, de par l’énorme viralité de son propos, devenu l’architecte de ce démontage réputationnel d’un des artisans principaux de notre qualification à Blida (Algérie). Qui ne se souvient pas de sa passe décisive pour le but de la qualification par Karl Toko Ekambi ? Ou a été transformé en cet architecte… Peut-être tient-ce de la réputation de sérieux de l’auteur ou de la qualité du contenu des tribunes que ces dernières, plutôt que les mièvres contributions à l’infâme démontage d’autres acteurs et activistes, dont les noms font bien d’être tenus sous cape ici, en poursuite d’intérêts inconnus, se sont largement répandues. N’en déplaise, tout reste tout de même supputations.
De jeune garçon affable, baroudeur, ambitieux, travailleur, poli et respectueux, comme le témoigneront tous ceux qui l’ont accompagné dès son passage en Allemagne au début de sa carrière professionnelle, à Dortmund et ailleurs, Michael Ngadeu Ngadjui se voit subitement transformé dans l’imagerie populaire en bagarreur, fauteur de troubles, « boxeur », entêté, égoïste, taupe, indic et j’en passe, qui aurait mis sa propre fierté au-dessus des intérêts de la Nation, appuyé en cela par les ressortissants de sa région de provenance sociologique. Il serait donc devenu en quelques mois un épouvantail dont il fallait nécessairement se débarrasser pour multiplier les chances de succès de la team au Qatar. Ce qui, bien évidemment, porte atteinte à son intégrité. Cette situation ne saurait perdurer, au vu de la portée de ce qui était malencontreusement qualifié de simples commérages par d’aucuns ! Pour ainsi dire, nous n’en savons officiellement rien du tout, ce qui n’arrête pas la saignée vindicative à l’endroit de Ngadeu Ngadjui !
Diverses questions résultent des propos de l’universitaire et de l’examen d’un échantillon, évidemment non-représentatif, des réactions de toutes parts à la non-sélection de l’international camerounais, aussi bien dans la presse professionnelle que sur les réseaux sociaux :
- Pourquoi la polémique ne concerne-t-elle que Ngadeu, alors que ce dernier n’a pro-activement rien fait à cet effet ?
- Si la discipline est donc le maître-mot ayant dicté cette éviction, qu’est-ce qui explique raisonnablement qu’un seul des protagonistes présumés – puisque rien n’est établi – soit sanctionné ?
- Devant quelles instances le prévenu Ngadeu a-t-il pu défendre sa position ?
- La prédominance des raisons extra-sportives signifie-t-elle que rien n’est en fait reproché au joueur sur le plan des performances ?
- Que s’est-il passé depuis que, en septembre, alors que les faits reprochés à Ngadeu s’étaient déjà déroulés, le sélectionneur national avait donné au défenseur la garantie de sélection avec Zambo Anguissa et Choupo Moting, pour autant qu’ils seraient en bonne forme physique en novembre ?
- Quel rôle a joué le top management de la FECAFOOT dans cette décision qu’on attribue au sélectionneur national ?
- Qu’est-ce qui peut expliquer le mutisme inquiétant de la FECAFOOT, en face de la déferlante constatée, au point que d’autres voix se substituent à elle qui pour limiter les dégâts qui pour verser de l’huile dans le feu ? Un communiqué, même laconique, suffirait pourtant pour mettre un terme à la cabale…
- Le climat délétère autour de la sélection n’est-il pas préjudiciable à la sérénité de l’équipe, quand on sait que la préparation ne peut par personne être qualifiée de ronde en tout point, avec des résultats pour le moins médiocres face à des adversaires pour la plupart peu foudroyants et l’absence aux rassemblements des cadres habituels et présumés ?
Si, comme l’avait déclamé le président de la FECAFOOT, Samuel Eto’o, l’objectif ultime est de calquer l’excellente Fédération allemande de football (DFB), on peut sans plus attendre commencer comme chez elle par une communication professionnelle, surtout en temps de crise. Car elle est quasi-inexistante, favorisant même la polémique souvent négative autour de notre football. Il ne coûte absolument rien à notre encadrement technique d’expliquer ou même justifier les choix opérés, comme c’est la règle partout, en Allemagne aussi. À moins que, eu égard à la prolifération de théories alambiquées de nos managers, la dernière en date étant la « théorie de l’inconnue », ce soit la trouvaille du Cameroun pour désemparer ses adversaires…
Que les instances compétentes de la FECAFOOT prennent leurs responsabilités et jouent leur partition en communiquant proprement afin que l’union sacrée appelée de partout ne soit pas mise à mal par une atmosphère brumeuse, tendue et hautement clivante comme c’est le cas aujourd’hui, à 8 jours seulement du coup d’envoi de la Coupe du Monde FIFA Qatar 2022 et 11 jours du premier match des Lions Indomptables du Cameroun contre la Suisse !
Qu’à cela ne tienne : Allez les Lions ! Et que le succès possible soit maximal !
© Eric L. LINGO, 13/11/2022
Observateur sociopolitique
