Une coïncidence qui trahit la danse !
Les excuses, les émotions et les indignations, vont difficilement effacer cette curieuse coïncidence qui met en scène deux personnages parmi les plus illustres que la France a eus ces dernières décennies dans le domaine du sport et du cinéma. La levée de bouclier contre Omar Sy et la sortie de Noël Le Graet sur Zinedine Zidane. Il faut lier les deux événements. Absolument. Le Graet ou les multiples hommes politiques qui sont tombés à bras raccourcis sur Omar Sy, sont animés du même objectif ou du moins visent la même finalité : La France Vous A Donné Ce Qui N’était Pas À Vous, N’en Demandez Pas Plus! Voilà la ligne de réflexion qui sous-tend les deux événements et les lient de façon ombilicale.
Il faut être naïf pour penser que ce sont les propos de Omar Sy sur la guerre en Ukraine qui ont soulevé autant de poussière. Il faut être naïf pour ne pas voir que le procès qui lui est fait en fond, est d’aller fouiller dans les poubelles d’une histoire que la France n’aime pas raconter avec les mots des autres, mais uniquement sous le prisme de ce qu’elle désire faire savoir. Remettre sur la table le débat sur les tirailleurs, peut ramener le débat sur les vrais libérateurs de la France sous domination, et rafraîchir cette histoire de l’entrée des soldats sur Paris où les tirailleurs avaient été déshabillés au profit des jeunes soldats français qui ne savaient rien du front où les balles crépitaient, mais dont le visuel et le faciès étaient plus conformes à l’histoire qu’on voulait raconter. C’est en réalité cela qui gêne la France sur l’orientation cinématographique de Omar Sy, le « traître » à qui la France a tout donné et qui ouvre des procès nauséabonds sur son passé.
À Zidane, Noël Le Graet a voulu solennellement rappeler qu’il devrait se contenter de ce que la France lui a donné, et que désormais il n’a plus de place dans la France des décideurs, quitte à s’exiler au Brésil, ça laisserait toute la France à la température normale ! C’est le fond de sa pensée et la prolongation de Deschamps était déjà le message codé que sa sortie a décodé. Ils ont décidé de pousser Zidane à l’exaspération, l’épuiser par la longue attente d’une sélection qu’il n’aura pas, comme Tigana, Makelele, Lama, Viera ou les autres, hauts cadres des Bleus, mais qui doivent se faire à l’idée de l’exil pour survivre. C’est violent. Et cela a commencé depuis. Simplement Zidane pour ce qu’il est, pour ce qu’il a fait, est l’élément de force qui met à nu leur manège. La France des décideurs est pour les français ! Deschamps, Blanc, Michel, Domenech… ça fait plus correct à leur œil. La sortie de Le Graet est donc en fin de compte une bonne chose. Elle trahit ce qu’on masquait par des arguments racistes voilés. Il s’agit du meilleur footballeur de l’histoire de la France et de son meilleur entraîneur en club de l’histoire. Toutes choses qui ne peuvent expliquer le refus de lui confier la sélection, si ce n’est pour lui rappeler comme pour les tirailleurs : Merci d’avoir donné de ta vie pour libérer la France, maintenant la gloire est pour DEGAULLE ! Ça fait plus correct pour notre histoire.
Les indignations ne doivent pas masquer le fait qu’on demande au tirailleur Zidane d’aller ailleurs continuer sa vie, comme ces tirailleurs qui ont libéré la France et qui ont disparu sous anonymat dans leur Afrique. Merci de nous avoir replongé dans cette réalité. La Colonisation se poursuit avec des vêtements nouveaux. L’exploitation aussi.
Martin Camus MIMB