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Chronique : « Au Cameroun, il y a le boycott partout »

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Sur son mur Facebook le mercredi 12 février 2020, Pierre Legrand Nka, journaliste a proposé à ses lecteurs une tribune intitulée « Vote de la mort le 9 Février 2020 ». Dans cette tribune, il revient sur le double scrutin local de dimanche et montre qu’il vote de la mort. Bien plus, il pense qu’au Cameroun, il n’y a pas seulement le boycott en matière d’élection, mais partout.


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Drapeau du Cameroun – DR

« Après le 9 Février 2020, nous voyons aussi la mort de la cohésion sociale. Il faut s’attendre aux expressions « c’est notre maire. C’est notre député  » assommées aux boycotteurs ou abstentionnistes. Ce ne sera pas une nouveauté. Mais il y a risque d’une emphase. C’est vers là qu’on s’achemine dans une société qui manque de consensus sur tous les points », écrit le politologue.

Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte de Pierre Legrand Nka.

Vote de la mort le 9 Février 2020

Des morts dans le département du Noun. Cela n’a pas empêché un parti dont les racines s’y trouvent de jubiler au sortir de la réception du PV d’Elecam. Sans une minute de silence. Nous avons banalisé la vie qui se confond à la mort.

Dans la partie septentrionale du pays, après le dépouillement, une sous-préfecture a été saccagée par les militants d’une même alliance gouvernementale depuis 1997. Aucune enquête jusqu’à ce jour. Pourtant la sous-préfecture où qu’elle se trouve sur les 475 000 kilomètres carrés est le siège des institutions. Elle représente l’Etat donc c’est l’équivalent de la présidence de la République par délégation. Encore une gaffe dans une sous-préfecture. Rien jusqu’à ce jour. Comme enquête. Pas de plainte contre x.

La mort rode aussi dans les cœurs des perdants à cause des tripatouillages d’un système électoral peu rassurant. On argue souvent du défaut de représentants de partis politiques dans les bureaux de vote. Le soutenir c’est dire devant les Camerounais que l’organe en charge du scrutin n’est pas indépendant. Car derrière indépendant se cache neutralité, honnêteté et surtout réalité du terrain. Lorsque j’entends certains candidats se plaindre je me demande s’il n’existe pas de CAMEROUNAIS indépendants capables de détachements pour faire triompher la vérité des urnes. D’ailleurs il faut l’exiger dès la convocation du corps électoral.

Il y a la mort de certains partis qui reculent là où d’autres ont marqué des points. C’est dynamique de voir comment des partis dit petits challengent avec ceux dits grands de par leurs élites qui n’ont pour seul mérite que de n’avoir jamais porté le développement dans leur localité.

Quoi plus qu’une école pour donner l’image d’un pays ? Le 9 Février 2020, les écoles ont montré qu’il ne fait pas bon d’y séjourner quand on est une élite. Les murs. La cour de récréation. Le sol à l’intérieur des salles de classe. Le plafond. Les mobiliers. Il n’y a pas de vie dans nos écoles parce que l’argent pour l’entretien, la réfection, la peinture etc. meurt dans les poches des élites dont la présence au village ne sert pas la démocratie. Ils sont là pour influencer le président du bureau de vote. Certains seront d’ailleurs recrutés dans les prochains jours dans des institutions biens sucrées pour avoir faussement conduit les opérations de vote. C’est la mort du mérite. Oui même en démocratie l’élection c’est le mérite.

Après le 9 Fevrier 2020, nous voyons aussi la mort de la cohésion sociale. Il faut s’attendre aux expressions « c’est notre maire. C’est notre député  » assommées aux boycotteurs ou abstentionnistes. Ce ne sera pas une nouveauté. Mais il y a risque d’une emphase. C’est vers là qu’on s’achemine dans une société qui manque de consensus sur tous les points.

C’est pourquoi il y a boycott partout.

Les gens boycottent les délais de livraisons des chantiers.

Ils boycottent les objectifs du DSCE.

Ils boycottent les directives en matières d’amélioration des IDE poussant les investisseurs étrangers ou encore la diaspora à boycotter la destination Cameroun.

Nous-mêmes depuis octobre 2016, nous boycottons la résolution de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

Chaque jour qui passe depuis 4 ans, nous votons pour la mort.

Oui. Nous sommes tous coupables de la mort de notre paix au Nord-ouest et Sud-Ouest.

Que sera -t-on dans 60 ans ? Difficile à dire parce qu’à 20, 30 ans pour nombre d’entre Camerounais, c’est Chaud comme on dit au quartier. Plusieurs sont dans le « ndem ».

Mais aucun Ndjaka ne doit ndem. Ce qu’il faut ouvrir les yeux et tendre les oreilles. De parts et d’autres chez les élus et non élus, nous devons rester vigilants pour notre démocratie qui célèbre ses 30 ans en 2020.

Restons lucides et répondons à cette question : à 30 ans de démocratie avons-nous une bouteille de vin 30 ans d’âge de luxe ou avant nous un vin de qualité servi à tous ? Si c’est un luxe on a encore du chemin. Il y a eu 60 ans. Il y aura encore 60 ans. Ce qui fera une démocratie de 120 ans. Plusieurs d’entre nous seront morts. Que tu votes ou pas. Mais l’histoire laisse toujours les traces.


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