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Le docteur Richard Makon, chercheur en science sociale parle de la Présidence de la République et de la Primature. Selon cet expert en développement, ces centres d’orientation et d’impulsion sont aujourd’hui paralysés au Cameroun.
Il souligne que la Primature semble sortir de cette paralysie, par contre, la Présidence de la République y reste toujours, ceci à cause de l’absence d’expertise.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
LA PARALYSIE DES CENTRES D’ORIENTATION ET D’IMPULSION
L’une des causes d’asphyxie des services de l’Etat du Cameroun est, sans aucun doute possible, la paralysie des centres d’orientation et d’impulsion des politiques publiques (la Primature et la Présidence de la République).
S’il est incontestable que la Primature a gagné en consistance ces dernières années, du fait, d’une part, de restructurations internes cohérentes et hardies, d’autre part, d’une enrichissante consolidation de son expertise, à la faveur de nominations d’experts de hauts niveaux dans divers champs des savoirs et dans la quasi-totalité des domaines de l’administration publique, la Présidence de la République elle par contre a emprunté le chemin inverse.
En effet, avec un effectif constitué de moins de 50 (cinquante) cadres et responsables civils, la Présidence de la République affiche l’expertise la plus faible de toute la République du Cameroun. Moins de 12 % des postes de responsabilités sont aujourd’hui pourvus à la Présidence, pour un effectif total en personnel qui a diminué de près de 70 % en près de 20 ans.
Comparaison n’étant pas évidemment raison, la moyenne des cadres et responsables dans les services de la Présidence des pays à développement similaire est d’environ 300 personnes, et près de 500 pour les pays développés, personnel en tenue exclu.
Cette importance numérique se justifie par la centralité de la Présidence de la République dont les services sont les lieux par excellence d’orientation, d’impulsion et d’arbitrage de toutes les questions et dossiers qui circulent dans l’administration de l’Etat.
La Présidence n’est pas seulement le lieu stratégique de la signature ultime, c’est avant tout, dans tous les pays du monde, le catalyseur de toutes les réformes de l’Etat, où l’on retrouve la fine fleur de l’intelligentsia d’un pays.
En d’autres termes, le niveau d’intelligence, d’expertise, d’expérience et de compétence qu’on retrouve à la Présidence de la République traduit tant le sérieux, la volonté, le rêve que du degré d’ambition générale d’un pays.
Rappelons d’ailleurs que dans les systèmes extrêmement centralisés comme le nôtre, toutes les décisions importantes sont prises au sommet et aucun arbitrage définitif ne peut s’obtenir en dehors de la Présidence.
On peut donc comprendre certains des fondements de notre drame, qui peut simplement s’expliquer par le fait qu’il manque de main d’œuvre et d’expertise au plus haut sommet de l’Etat pour traiter les dossiers desquels dépendent la vie, la survie et/ou l’essor de notre pays.
Car malgré la compétence et la bonne volonté des quelques cadres et responsables qui y travaillent quotidiennement, en combien de temps peuvent-ils traiter la multitude de dossiers qui leur viennent de la seule Primature qui compte déjà 10 (dix) fois plus de cadres et de responsables ?
Il est vital de recruter et de nommer à la Présidence de la République, dans un souci humanitaire à tout le moins…
