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Grand dialogue national : vers l’organisation d’un congrès extraordinaire du RDPC ! (Chronique)

Jacques Fame Ndongo capture

Depuis ces derniers jours, des listes de délégations des régions camerounaises circulent et inclinent à percevoir une coloration politique fortement marquée du parti au pouvoir. Fidèle à sa logique de dénonciation, le Social democratic front (Sdf) dénonce une politisation du choix des représentants de la région du Centre. En effet, dans la liste des trente personnalités de cette région, la principale formation politique de l’opposition camerounaise décrie la présence exclusive des figures, dont la posture est, politiquement, idéologiquement et administrativement, marquée.


Jacques Fame Ndongo capture
Jacques Fame Ndongo – capture photo

En jetant un regard holistique sur la litanie des trente personnalités faisant partie intégrante de la délégation du Centre, il apparaît, certes, un écran de fumée lié à la diversité de figures masculine et féminine relevant des strates sociale, administrative et économique différentes. Mais à bien y regarder, l’on s’aperçoit que ces personnalités sont, politiquement, marquées. Il se retrouve, dans cette liste, des militants clairement identifiés du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), des universitaires militants du parti au pouvoir, des anciens ministres, des ministres en fonction défendant l’idéologie du système gouvernant en place. Aussi y a-t-il des chefs traditionnels inféodés au Rdpc et des élus locaux (députés, sénateurs et maires) Rdpc. A titre illustratif, il y a près d’une vingtaine de représentants membres du rdpc enregistrés, à l’instar de Hilarion Etong, Bernard Messengue Avom, Joseph Vincent Ntuda Ebode, Jules Marcelin Ndjaga, James Onobiono, Jean-Baptiste Beleoken, Camille Mouthe A Bidias, Luc Magloire Mbarga Atangana, Sylvestre Naah Ondoa, Roger Melingui, Laurent Serge Etoundi Ngoa, Philippe Mbarga Mboa, Gilbert Tsimi Evouna, Catherine Bakang Mbock, Robert Nkili, Jean Bonaventure Atangana et Tatiana Biloa.

Au regard des noms énumérés supra, il y a une forte coloration des membres du gouvernement et d’anciens membres du gouvernement, qui occupent des postes de membres du comité central du parti au pouvoir, tout comme des présidents de section Rdpc sans oublier des députés, sénateurs, maires et chefs traditionnels Rdpc. Celui qui fait office de représentant des chefs traditionnels, en l’occurrence Camille Mouthe A Bidias, est même appréhendé comme une imposture au point où des ressortissants du Mbam et Inoubou s’interrogent sur son statut. « Mouthe A Bidias est chef de quel village, se questionne un ressortissant de cette aire culturelle ». Cette personnalité, visiblement, fait obstruction aux vrais chefs traditionnels, en usant du titre de patriarche qu’il arbore de manière illégitime, relaie la même source. En scrutant donc la catégorie des figures dûment citées, il s’avère que Naseri Paul Bea, gouverneur du Centre, a choisi, spécifiquement, des membres de l’élite bureaucratique et oligarchique de la classe gouvernante. Indéniablement, il s’agit d’un choix fort orienté vers des personnalités défendant le régime et militant pour le parti du flambeau ardent. Sur les trente figures, il n’y a aucun représentant de la classe politique de l’opposition camerounaise clairement identifié, encore moins un représentant d’un parti politique allié au Rdpc. Dans le département du Nyong et Kellé, il est incompréhensible que l’on ne retrouve aucun nom des élus locaux de l’Union des populations du Cameroun (Upc) alors que le parti historique dispose de trois postes de députés à l’Assemblée nationale (An), ressortissants de cette aire culturelle même si un parmi les trois est décédé. Ce parti regorge aussi d’un poste de sénateur et des maires et plusieurs conseillers municipaux dans ce département. Naseri Paul Bea a jeté le dévolu sur Pierre Titi Nwel, universitaire, dont dont le mandat, au conseil électoral d’Elections cameroon, a été renouvelé ces derniers jours. L’ancienne ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), Catherine Bakang Mbock, jouit aussi de cette cooptation parmi les trois membres du Nyong et Kellé. Pourquoi toujours les mêmes noms qui reviennent dans les procédés de nomination et dans les dynamiques de cooptation, de promotion et d’intégration dans les cercles de pouvoir et structures de travail données ? Il s’agit là de la reproduction des mêmes amis du pouvoir à ces instances. Toute chose à battre en brèche.

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Aussi n’existe-t-il pas des universitaires et intellectuels d’obédience opposante ou encore des leaders et acteurs de la société civile. L’on dirait que la délégation du Centre est une affaire du parti au pouvoir et des bureaucrates arc-boutés sur la logique du système gouvernant en place. Le gouverneur du Centre a, par conséquent, coopté, majoritairement, des congénères, frères et fraters du Rdpc pour parler le même langage et tenir le même discours. Il n’y a donc pas une hétérogénéité des courants de pensée dans cette liste de la délégation du Centre, mais fort au contraire, il existe une homogénéité et une unicité de la pensée chère au parti ultra dominant vu la composition uniformisée des représentants. L’on dirait que le problème anglophone, qui est un problème éminemment politique, est une affaire d’élite ou une affaire d’une bourgeoisie compradore alors que c’est un problème concernant un peuple constitué des catégories sociologiques diversifiées à plusieurs échelons de la vie sociale. Alors que des populations du Nord-Ouest et du sud-Ouest sont toujours meurtries par des formes d’atrocités ayant installé des zones économiquement sinistrées, l’on crée de telles incartades pour frustrer le bas-peuple. En invitant, singulièrement, des thuriféraires et des apparatchiks du régime en place, dont certains sont des gérontocrates retraités, ces délégations risquent de créer des discriminations populaires. Il s’instaure, illico presto, une fracture entre l’élite et la base, entre la classe des bureaucrates et celle des paupérisés toujours minorée, marginalisée et ségrégée. Conséquemment, il y a une scission entre la classe des oligarques et celle des composantes sociales. Ce type de casting des figures militantes du parti au pouvoir ressemble, à s’y méprendre, à l’organisation d’un congrès extraordinaire du Rdpc.

Manifestement, un travail préalable de fond n’a, guère, été fait par le gouverneur du Centre en matière de recherche systématique des figures opposantes à la classe politique gouvernante, des universitaires et intellectuels, dont les idées sont diamétralement opposées à ceux cooptés par le pouvoir de Yaoundé. Tout se passe comme si le grand dialogue national est un grand débat national du parti au pouvoir, une espèce de conférence nationale du Rdpc. Jamais un sans deux en sociographiant aussi la liste de la délégation de la région de l’Est, l’on retrouve, dans la même veine, des noms des membres du gouvernement et d’anciens membres du gouvernement de la République et des cadres convaincus du Rdpc. Sans prétention à l’exhaustivité, il y a Joseph Le, Ange Michel Angouing, Benjamin Amama, René Zé Nguélé, Gérard Lomie, Isabelle Tokpanou, Anne Marie Tsitsol, etc. Il en est de même de la région du Littoral, où figurent, entre autres, Laurent Esso, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, Thomas Tobbo Eyoum, Généviève Tjoues, Fritz Ntone Ntone, Siegfried David Etame Massoma, Jean David Bille, Emmanuel Pensy, Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, Hervé Emmanuel Nkom, Rosette Ayayi. Tous sont des cadres du parti au pouvoir. Dans la région du pays organisateur, les apparatchiks et thuriféraires du parti du flambeau ardent colonisent la délégation. Jacques Fame Ndongo, Louis Paul Motaze, Jules Doret Ndongo, Michel Meva’a Meboutou en sont des exemples. Indéniablement, les six autres gouverneurs de régions vont procéder à ce mécanisme de cooptation et d’insertion des cadres et militants du parti au pouvoir.

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L’on s’achemine, inexorablement, vers la constitution de 90% des cadres, ministres, anciens ministres, Dg, anciens Dg, députés, sénateurs, maires, chefs traditionnels membres du Rdpc et alliés. Un complot et un scandale se préparent, sans conteste, contre le peuple camerounais, qui a soif du changement, qui a soif de la mutation sociale, politique, économique et culturelle du pays, et qui espère le rétablissement de la paix dans les zones anglophones. Tel que ces délégations sont, idéologiquement, marquées, l’on court vers l’organisation d’une assise nationale du parti au pouvoir. Que le Premier ministre stoppe cette imposture et cette forfaiture et arrête cette mascarade de mauvais aloi! Cette mise en scène fait, en réalité, honte au Cameroun. En dehors du Sdf qui a dénoncé cette machination, les autres formations politiques de l’opposition camerounaise et d’autres forces vives de la nation camerounaise cautionneront-elles ce mauvais cinéma ? Wait and see!

Le Don King

Mot à wou à wou!


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