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Dieudonné Essomba : « Le Cameroun n’a pas un problème de pouvoir, il a un problème de forme de l’État »

essom dieudonnee

Connu pour son amour pour le fédéralisme, le statisticien Dieudonné Essomba a réagi au discours du Chef de l’État du mardi 10 septembre 2019.

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Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

Dans une analyse sur son compte Facebook, l’économiste affirme que « Peu de Camerounais sont d’accord avec ce système centralisé, momifié, qui étouffe le Cameroun sous une bureaucratie parasitaire ».

Lebledparle.com s’est procuré la copie de l’analyse de Dieudonné Essomba et vous la dévoile

Certains Camerounais font la fine bouche devant le discours du Chef de l’État. Arc-boutés dans leur perception soviétomorphe de l’État, pour des raisons idéologiques ou d’intérêt, ils n’ont pas compris la nature révolutionnaire de ce message absolument extraordinaire pour le personnage.

En rappel, Biya Bi Mvondo Paul Barthelemy est un Ancien Étudiant de l’Institut des Hautes Études d’Outremer, avec pour Diplôme « Administrateur des Colonies de la France d’Outremer ».

Et jusque-là, il a cru à sa fiction postcoloniale de rebâtir de nouveaux Camerounais sans rapport avec ceux que Dieu lui-même a créés. Il était inimaginable, à 86 ans et 58 ans de haute administration dont 37 ans à la Présidence, qu’il abandonne la logique de cet État postcolonial sous le commandement d’un « Grand Camarade Père de la Nation » dont la seule logique se réduisait à de mater les populations indigènes pour en faire un soi-disant peuple nouveau.

Mais il l’a fait ! Il a donné la possibilité aux Camerounais de se rencontrer et de discuter sur le nouveau Cameroun que nous voulons.

Un tel Cameroun ne peut être que calqué sur les valeurs africaines qui, par essence, promeuvent une organisation segmentaire de toute Communauté.

Toute communauté africaine est structurée en familles, elle-même regroupée en clans, à leur tour regroupé en tribus et plus haut, en segments ethnorégionaux. C’est ce modèle que l’État du Cameroun doit reproduire, pour être conforme à la sociologie camerounaise et devenir un État vraiment — national, et non une structure parasitaire qui vient s’imposer sur la Nation pour la paralyser en la suçant jusqu’à l’os.

Et qui plombe le pays dans la misère et multiplie la haine, les compétitions tribales et les occurrences de guerre.

Pour approfondir :   Cameroun : Les résidences présidentielles abandonnées à elles-mêmes

Il faut mettre fin à ce modèle, et Biya nous en offre l’occasion extraordinaire.

Il n’est pas normal que le Cameroun se réduise à Yaoundé et Douala, qui gèrent 90 % des ressources monétaires du pays et 90 % des échanges monétaires, ravalant le reste du pays en un sinistre désert économique !

Il n’est pas normal qu’on parte de Kousseri, on traverse Maroua, Garoua, Ngaoundéré et Bertoua, soit plus de 1000 Kilomètres et plus de 10 millions d’habitants, sans trouver une ville de 2 millions d’habitants, dans un pays où l’urbanisation est de 50 % !

Et il n’est pas normal que l’ouest et le nord-ouest qui regroupent 30 % de la population native du Cameroun se contentent de bourgades comme Bamenda ou Bafoussam, alors qu’on devrait y trouver une ville d’au moins 2,5 millions d’habitants.

Tout simplement parce qu’un système maudit, hyperconcentré, sauvagement centralisé aspire toute l’énergie de la Nation qu’elle empile à Yaoundé et Douala et phagocyte pour réaliser ses « unités nationales ».

Les Camerounais ont l’occasion de disqualifier et de démanteler à tout jamais cette structure maudite et de bâtir un Etat qui épouse la Nation.

C’est pour cette raison qu’il ne faut pas suivre les imposteurs qui veulent nous détourner des vrais enjeux du pays en nous parlant de la succession. Le Cameroun n’a pas un problème de pouvoir ! Il a un problème de forme de l’État. Cela signifie que la présidence de Biya n’est pas contestée par une part significative de Camerounais. En dehors d’une poignée marginale de contestataires, Biya est considéré comme le Président légal et légitime du Cameroun.

Par contre, il y a une contestation dans la distribution territoriale du pouvoir d’État. Peu de Camerounais sont d’accord avec ce système centralisé, momifié, qui étouffe le Cameroun sous une bureaucratie parasitaire. Les anglophones, forts de leur passé d’autonomie fédérale, ont pris les armes contre ce modèle périmé, et Biya l’a bien compris.

Pour approfondir :   Dieudonné Essomba détaille comment se fait le budget d’investissement au Cameroun

C’est pour cette raison qu’il a ouvert la vie à une réforme fondamentale de l’État en invitant tout le monde.

Plutôt que de s’arc-bouter au désir lancinant de mettre la main sur l’État unitaire pour en profiter, chaque Communauté, chaque groupe d’intérêt, chaque réseau d’allégeance a plutôt intérêt à développer ses arguments et se préparer à les présenter au cours de ce Grand Dialogue.

Car le Cameroun sera fédéral. Il restera un et indivisible, mais il ne sera plus unitaire. On ne peut pas inviter tout le monde, y compris les Chefs de la Sécession et espérer encore maintenir la décentralisation du RDPC.

Personne ne veut plus de l’État unitaire et ses « unités nationales » qui ne sont qu’une ruse de la bureaucratie locale pour s’approprier la gestion exclusive des 4 750 milliards du budget !

Quant à ceux qui parlent de bonne gouvernance, on leur demande d’aller d’abord la prouver dans leur État régional et tout le monde voit !

C’est d’ailleurs cela aussi l’intérêt de l’État fédéral : vous montrez ce que vous avez pu bien faire auprès de votre peuple comme Gouverneur, et le peuple entier vous adoube au niveau fédéral. Ce n’est pas pour rien que dans les pays fédéraux, les Présidents Fédéraux sont à 90 % des anciens Gouverneurs.

Oui, avec un Cameroun fédéral, le problème de la succession sera directement réglé : Biya est encore là pour quelques années, ce qui nous donne l’occasion des tester les Gouverneurs qui se seront signalés entretemps.

Et le meilleur parmi ces Gouverneurs sera choisi, pour faire pour tout le Cameroun ce qu’il aura fait pour son État.

D’où l’intérêt d’aller à la Fédération et d’y aller franchement.

Dieudonné ESSOMBA


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