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Discours présidentiel : « Paul Biya est en difficulté », selon Boris Bertolt

Paul Biya message

Boris Bertolt analyse le message de Paul Biya à la nation camerounaise sur la crise anglophone. Selon le journaliste, le Chef de l’Etat est en difficulté. Bien plus son discours était destiné à la communauté internationale pour éviter les représailles sur son long règne. Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte de l’activiste politique.


Paul Biya message
Paul Biya discours du 10 septembre 2019 – capture vidéo

MON ANALYSE DU DISCOURS : PAUL BIYA VA VIVRE EN DIRECT SA CHUTE

Je vous l’avais dit en journée qu’il ne fallait rien attendre du discours de Paul Biya. C’est le boulanger de Yaoundé. Son discours s’adressait à la communauté internationale pour gagner du temps et éviter l’activation des mécanismes de sanctions internationales. L’assemblée générale des Nations c’est dans quelques jours. Car, je puis vous dire aujourd’hui que les sanctions internationales contre Paul Biya, les membres de sa famille et son clan sont à portée de mains et ils le savent. Son discours a été préparé depuis le mois d’août 2019. Cependant, il y a plusieurs points inintéressants.

SUR LA FORME.

D’un point de vue symbolique, le simple fait que Paul Biya intervienne un jour ordinaire, en dehors des dates traditionnelles où il a coutume de s’adresser à la nation est la preuve qu’il est en difficulté. Il cherche à consolider sa base, à rallier quelques soutiens et ralentir la pression qui s’accroit. On ne négocie pas lorsqu’on est en position de force. Celui qui appelle de vive voix à la négociation est celui qui sait qu’il perd du terrain. Quand vous voyez ceux-là hier qui clamaient sur tous les toits que les anglophones seront exterminés, que l’on ne négocie pas avec les terroristes, appeler à un dialogue c’est la preuve qu’ils sont acculés. Même si eux même ne croient pas en ce dialogue car le boulanger de Yaoundé ne peut rien organiser qu’il ne contrôle pas, le simple fait de l’évoquer est une victoire pour toutes les forces de la résistance. WE ARE WINNING.

SUR LE FOND

Il n’y a rien à dire sur le fond car son message est complètement en déphasage avec la situation sur le terrain. Il tente une nouvelle roublardise. Prétendre organiser un dialogue inclusif en maintenant en détention les leaders de l’Ambazonie. C’est ridicule. Or, les ambazoniens ont martelé depuis des mois qu’il n’y a aucune possibilité de discuter avec Paul Biya sans la libération de tous les détenus anglophones. Le boulanger de Yaoundé va donc mener un dialogue de sourd. Il rassemblera quelques personnalités de la communautés anglophones et francophones parleront pour parler et chacun repartira avec quelques millions de Fcfa. Rien de positif ne peut ressortir de cette initiative. A écouter monsieur Biya, il est évident qu’il n’a aucune maîtrise de la réalité du terrain en zone anglophone. D’ailleurs son propos est très vague : pas de statistiques, pas d’illustrations sur les chiffres de la reprise économique, pas de référence. C’était de l’enfumage. C’est clair, le boulanger veut gagner du temps. Mais, le boulanger a peur d’une construction de l’alliance franco-amba. D’où sa référence à de nombreuses reprises à la diaspora et son appel aux pays amis. Il sait parfaitement que la lutte armée est une option qui plane au-dessus de sa tête. Ce qui m’amène au troisième point.

SUR LE CRISE POLITIQUE

L’alliance amba-franco n’est possible que si les partisans de Maurice Kamto décident de soutenir les anglophones. Un schéma qui n’est plus à exclure. Car une analyse sociologique des manifestations dans la diaspora et des discours permet clairement de lire une convergence de point de vue en cours. Or, Biya sait que sa véritable menace c’est Maurice Kamto. C’est pourquoi il ne parle pas de la crise politique. Car, il a tout intérêt à donner l’impression que son pouvoir n’est pas contesté. Ce qui est faux. Parce qu’il fait face à deux menaces, celle des anglophones qui ont déjà pris les armes et celle de Maurice Kamto qui peut à tous moments se radicaliser, il préfère d’abord attaquer le problème anglophone pour isoler Maurice Kamto et ses partisans. Or ce qui lie les anglophones et Maurice Kamto c’est la contestation de la gouvernance de Biya et son pouvoir. Ils demandent son départ. Diviser pour mieux régner. Il ne peut pas libérer Ayuk Tabe et compagnie sans libérer Maurice kamto. Et vice versa. Or il n’y a pas de dialogue possible sans Ayuk Tabe, le leader de l’ambazonie et Maurice Kamto le leader de la résistance en zone francophone. Il faut avoir un coefficient intellectuel très faible pour penser qu’un tel schéma est possible.

SUR LE CAS MAURICE KAMTO

Si le boulanger Biya cherche à isoler Maurice Kamto, c’est parce qu’il sait que c’est de ce côté que se trouve la vraie menace contre son pouvoir. Depuis 1992, aucun leader politique n’avait plus contesté la légitimité de Paul Biya. Maurice Kamto l’a fait et l’a déporté à l’international. C’est très embarrassant pour un régime qui s’est toujours présenté comme démocratique et stable. En fait Maurice Kamto a brisé toute l’image de « bon papy » que Paul Biya avait à l’international. Il a mis à nu la dictature à l’échelle internationale. Paul Biya n’est plus seulement vu comme un dictateur mais comme un génocidaire.

Tenez-vous tranquilles. Certes les anglophones ont engagé la lutte dès 2016. En dépit des discours et condamnation la pression n’avait pas atteint un stade critique. Force est de reconnaître que c’est après l’arrestation de Maurice Kamto que toute la machine diplomatique à l’échelle internationale s’est mise en branle. Dans un premier temps tous les médias internationaux ont mis le cap sur le cap. Le ton est officiellement monté aux Etats-Unis où le départ de Paul Biya a été soulevé. France, partenaire historique du régime qui hausse progressivement le ton. Pour la première fois, le parlement de l’Union Européenne adoptait une résolution forte contre le Cameroun. Suivi du Sénat Américain qui donne la possibilité au président américain d’agir. Il y a la suisse qui expulse Paul Biya de l’hôtel Intercontinental devant tout le monde entier. Paul Biya est incapable de se rendre au Japon pour discuter avec les autres chefs d’Etats africains alors qu’il y est attendu. Last but not de least, il ne peut plus se rendre à l’étranger pour se soigner sans se faire traquer. C’est un homme humilié.

Paul Biya est devenu un homme seul. Isolé à l’échelle continentale et internationale. Qui dirige un pays au bord de l’effondrement économique et dont l’armée commet un génocide en zone anglophone. Le boulanger sait que le problème du Cameroun c’est lui et que Maurice Kamto est dans la short list de ses successeurs. Or Maurice Kamto n’est pas prêt à attendre qu’il meurt au pouvoir. D’ailleurs le 8 octobre 2018 il lui a clairement demandé de partir. Paul Biya veut encore du temps et tente un dernier tour de passe passe dans sa roublardise : dialoguer avec lui-même pour faire croire aux blancs qu’il a compris. Or il n’a rien compris et joue la montre. Maurice Kamto sourit et ri. Car rien n’est fini tant que ce n’est pas fini. Paul Biya va vivre sa chute sous ses yeux et va fuir vers la Guinée Equatoriale. La résistance n’a pas commencé.

BORIS BERTOLT

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