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Martin Camus Mimb : « L’apartheid n’a jamais été aboli en Afrique du Sud »

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Depuis dimanche 1er septembre, des chauffeurs routiers sud-africains mènent une grève pour dénoncer l’emploi de conducteurs étrangers, bloquant des routes et incendiant des véhicules à travers le pays. Des violences qui coïncident avec le déclenchement d’une vague d’agressions contre des étrangers à Johannesburg et Pretoria les 2 et 3 septembre qui ont causé la mort d’au moins sept personnes. La montée des violences xénophobes en Afrique du Sud a suscité colère et inquiétude dans plusieurs pays du continent. Dans une publication sur sa page Facebook ce jeudi 5 septembre 2019, le journaliste Martin Camus Mimb s’est prononcé sur cette actualité internationale. Lebledparle.com vous propose l’intégralité de sa réflexion.


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Xénophobie en Afrique du Sud – capture photo

Au sujet de l’Afrique Du Sud…

Il faut condamner fermement les violences en Afrique du Sud…mais il faut rester concentré sur l’essentiel, laisser de côté les émotions et les indignations, juste pour la mode et le politiquement correct. Ce qui se passe en Afrique du Sud est prévu pour arriver dans tous les pays africains qui ont connu la colonisation avec des variantes…Je m’explique !

Le bourreau ne libère jamais la proie. Il te donne l’illusion de la libération, te garde dans un enclos que tu as du mal à voir tout de suite…Tu as l’illusion de la force et parfois tu as l’impression qu’il t’aime plus que les autres. Mais dans la réalité, tu restes son prisonnier et il a juste changé la peinture des murs de ta cellule. L’apartheid n’a jamais été aboli en Afrique du Sud. Il a juste changé de formes. Il est parti de son côté humain barbare, pour son côté subtil de manipulation des consciences et de l’illusion de la puissance. Le bourreau qui libère Mandela, en présentant cela comme une victoire des noirs sur les Boers avait dans la réalité dupée tous ceux qui sont restés connectés à l’émotion et débranché les cerveaux. Le bourreau ne pouvait libérer sa proie, que si elle lui donnait les garanties de garder sa toute puissance, celle qui l’obligeait à pratiquer la barbarie. Ils ont bien assassiné les Steve Biko et autres non ? Qu’est-ce qui empêchait qu’ils le fassent pour Mandela ? Mais en le gardant, ils gardaient en même temps une monnaie de change, un argument de négociation au cas où…Parce qu’ils savaient aussi que L’apartheid finirait un jour sur son côté visible, comme la ségrégation est finie aux États-Unis sur son côté visible…il faudra des années où des siècles pour effacer ces stigmates. Or, tout le monde a pensé que la libération de Mandela était la fin de L’apartheid. Quelle naïveté ! Michel Crozier écrivait qu’on « Ne change pas la société par décret ». Les Noirs en Afrique du Sud ont accusé un retard dans l’éducation, la formation, le logement et autres…cela ne change pas en un claquement de doigt. Les Boers ont laissé à Mandela et aux noirs, la patate chaude de la gestion de la société en gardant les mêmes privilèges économiques de l’époque. Je reste convaincu que cela faisait partie des accords de libération de Mandela…qui était à l’opposé de Mugabe au Zimbabwe, qu’on a par contre de présenter sous un visage de Dictateur. Lui a bouleversé avec des excès peut-être, la structure macro-économique et même microéconomique du Zimbabwe. Pourquoi le même danger guette les pays africains autres ? Parce qu’on nous a « donné » les indépendances, on a l’illusion de l’être, on se tuent entre nous, au lieu de régler d’abord la question de notre libération vis-à-vis des autres. Parce que beaucoup d’incompréhensions entre nous, découlent de là. C’est juste la face exacerbée de nos actes de colonisés que l’Afrique du Sud projette depuis quelques jours, sur écran géant.

Martin Camus MIMB

Citoyen d’Afrique


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