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Wilfried Ekanga : « Le Kongossa tribal comme arme de zombification massive » (Opinion)

wilfried ekanga

Dans une tribune publié ce mercredi 17 juillet 2019, l’Analyste politique parle de la diversité au Cameroun. Le militant du MRC pense que « la diversité qui aurait dû être – et reste encore – notre plus grande richesse, est devenue la plus dangereuse poudrière de notre siècle ». Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la Chronique de Claude Wilfried Ekanga.


wilfried ekanga
Wilfried Ekanga – capture photo

Des tribalistes à perte de vue !

QUAND LA FOLIE S’EMPARE D’UN PAYS

Tout le monde perd la tête au Cameroun. Tout le monde.

Qu’est-ce que la diversité ?

Nous y voilà. On a franchi le point de non-retour. Il ne nous reste plus qu’un bon génocide et le tableau sera complet. Bienvenu aux ONG, bienvenu aux médiations de l’ONU pour la « réconciliation » et le « processus de paix ». Bienvenu au retour 50 ans en arrière, dans un pays déjà en retard de 50 ans sur les nations en voie de développement. Le bond en arrière d’un siècle donc, alimenté par le carburant d’une folie générale.

Mais qu’est-ce donc la diversité ?

J’ai une philosophie de vie très simple : je ne suis pas complexé du tout ! Devant les Européens – le cas échéant les Allemands -, je m’assume totalement et je suis fier d’où je viens. Je parle très bien leur langue et j’ai l’avantage de venir d’ailleurs, et donc de traîner avec moi une énorme richesse culturelle : ma langue maternelle, les vêtements de chez nous, la nourriture camerounaise et tout ce que l’Afrique m’a appris d’histoire et de façon de vivre avant que je ne la quitte il y a quelques années.

En un mot : un Africain en Europe est un trésor d’une valeur inestimable que les Blancs ne peuvent que jalouser. Chacun de nous contient en lui 1000 identités différentes en raison de la diversité de notre pays, contrairement aux Occidentaux qui, à l’intérieur de leurs nations respectives, sont des peuples presqu’homogènes.

Et puisque nous venons d’un pays à multiples facettes, je me réjouis rien qu’à l’idée de savoir qu’à l’Etranger, il y a des Bulu, des Bassa, des Bamileke, des Fulbé etc … qui sans le savoir, font rayonner notre diversité, rien que par le fait qu’ils existent.

A travers chacun de nous, les autres apprennent l’étendue incommensurable de ce que le Cameroun et l’Afrique représentent en variétés. Voilà pourquoi je n’hésite jamais à exhiber devant eux à la moindre occasion, nos particularités, et la beauté de ce que nous avons, partant de l’habit aux aliments en passant par la culture et le récit.

Pour approfondir :   Me Emmanuel Simh fustige la condamnation à vie d'Ayuk Tabe

Car je ne suis pas européen, je ne l’ai jamais été, je n’ai aucune envie de l’être et je ne le serai jamais.

Mais hélas :

Depuis que la politique et les questions de pouvoir se sont retrouvées sur la table, la diversité qui aurait dû être – et reste encore – notre plus grande richesse, est devenue la plus dangereuse poudrière de notre siècle. Aujourd’hui, j’envie presque les Etats-Nations qui eux, n’ont qu’une seule identité et une seule langue. Ça nous aurait permis de rester sur l’essentiel dans les échanges publics.

On sait que les débats de haut niveau ne sont pas le sport favori de tout le monde. La plupart du temps, plus la discussion tourne sur la stupidité et l’inutile, plus les participants sont nombreux. De même, si le débat politique au Cameroun reposait – et restait – uniquement sur le PIB, la législation, le taux de croissance, l’indice économique et les perspectives monétaires, le casting serait très réduit.

Il était donc plus facile pour les gens médiocres de détourner l’attention populaire vers la médiocrité. De cette façon, aucun thème central n’est abordé.

On se retrouve donc avec un discours surréaliste de part et d’autre, où certains fous pensent qu’il y a des tribus faites pour gouverner éternellement ( Beti-Bulu-Fang). D’autres estiment que la « rotation » du pouvoir réclame que ce soit au tour du groupe Bamileke après le Nord et le Sud, et d’autres encore ( Bassa ) considèrent qu’ils sont les héros des luttes d’indépendance, et que tout honneur et toute gloire leur revient pour les siècles des siècles.

A se demander si le Cameroun compte à présent 3 groupes ethniques. Tout le monde semble bel et bien perdre la tête dans ce poulailler mouillé. Et je ne parle pas encore des illuminés qui appellent à exterminer une ethnie, ou de ceux qui répètent qu’ils vont chasser une tribu du pays quand ils le voudront.

Le Kongossa tribal comme arme de zombification massive.

Pour préserver leur pouvoir pendant que le peuple s’embrouille et s’embourbe dans cette querelle malsaine et perverse, les principaux coupables ont laissé pourrir la situation sans rien dire. Des gens qui ont oublié leur cerveau dans le ventre maternel vous diront que « le pays est beau », parce que leur vie personnelle est devenue belle au prix des 2 grammes de dignité qu’il leur restait. Pendant que le cadavre social se décomposait, le responsable en chef se baladait en Europe sur fonds publics, quand il n’était pas occupé à faire arrêter des gens pour « hostilité contre la patrie » à cause d’une simple marche.

Pour approfondir :   Abel Elimby Lobé : « Que signifie cette jacasserie des gens déjà connus pour leurs velléités ethnofascistes ? »

Au même moment, les véritables poseurs de bombes tribales nouaient une vieille cravate et infestaient les plateaux télé et radio sous le titre d’ « intellectuels. »

Je ne compte plus le nombre d’Ondoua, de Ngono, de Mbidq et d’Amougou qui m’insultent sans argumenter lorsque je critique la gouvernance politique cataclysmique des 37 dernières années. Je ne compte plus les Owono, Etoundi, Nyebe et Abessolo qui me disent de « laisser les Bamis dans leurs choses », et je suppose que dans leur tête, on combat le tribalisme en exprimant son propre tribalisme.

Tout le monde, mais tout le monde devient fou.

« Faut-il un concours pour être Bulu ? » est une question totalement à sa place quand quelqu’un vous dit : « Nous les Beti-Bulu, nous avons le pouvoir à vie ». Mais l’on a réussi par je ne sais quel tour de magie, à manipuler vos esprits faibles et à vous convaincre que c’est l’herbe qui broute la chèvre. Je suis encore entrain d’applaudir.

« Espèce de tribaliste ! » Voilà au moins une insulte que les partisans du régime ne m’ont jamais adressée. Finalement, il faut croire que la folie, même poussée au dernier étage, a ses limites.

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

( On va faire un jeu : à partir de cet instant, essaie de critiquer un adversaire politique sur ses idées, son projet, et non plus sur sa famille, son clan ou sa résistance sexuelle. Si tu n’y arrives pas, alors la politique n’est pas de ton niveau. Va au bar et restes-y )


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