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CHRONIQUE : Lettre d’une MISS au Ministre des arts et de la culture

Narcisse mouelle

Monsieur le ministre, je vous adresse cette lettre ce matin pour vous faire part de mon profond désarroi.


Narcisse mouelle
Narcisse Moelle Ekombi – DR

 Depuis que vous avez été nommé ministre en charge de la culture, vous n’avez cessé de démontrer comme le dit Heyndrick Bilé, que chez-nous, la CUL_ture ne se limite qu’aux trois premières lettres du mot. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir et d’écouter les musiques qui polluent les ondes et que vous ne manquez jamais promouvoir.

On a l’impression que toute l’énergie n’est mise que pour ce qui tourne autour de la culture du piment. Votre ministère est toujours prompt à sponsoriser, parrainer, manager, patronner les évènements, rencontres, où le ton est donné au culte du corps nu, bossu et charnu. Au divertissement, le bruit, les ripailles et les beuveries.

J’ai pu bien vous observer lors de la dernière édition Miss Orangina. Ça sautait aux yeux de tous que vos yeux brillaient face à ces nombreux aller et retour des jeunes paires de seins, et jolies paires de fesses qui rivalisaient d’adresse pour obtenir au terme de le marche bancale, une pauvre couronne d’épines.

Personne ne peut oublier, ni même moi, votre passage très remarquable à l’inauguration de ce salon de beauté, d’une des plus belles, quoique pas naturelle, figure de notre république. Qui ne brille que par leur capacité à montrer aux yeux des jeunes filles que pour réussir dans la vie, il faut savoir mettre à profit ce qu’on a reçu gratuitement de la nature.

A l’heure où plusieurs pays africains sont en train de se mobiliser pour le retour en pays natal de l’ensemble de leurs œuvres d’art, personne ne vous a entendu à ce sujet. Nous n’avons même pas un vrai musée national, et personne n’a jamais comprit quelle est la véritable politique artistique et culturelle du Cameroun.

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Depuis que vous êtes ministre, on n’a jamais vu quand et où vous avez rendu hommage à un grand artiste camerounais, qui a fait jadis du Cameroun un grand pays d’art. Aucun monument, aucune bibliothèque, aucun mémorial pour aucun de ces grandes figures de la culture de notre pays. A part leur distribuer des guitares mal accordées, des aumônes en guise de droits d’auteurs, et des médailles de pacotille. Rien d’historique, rien de remarquable, rien de symbolique.

Vous qui êtes aussi écrivain, que faites vous pour mettre en lumière la littérature camerounaise, pour sauver le marché du livre, pour construire les bibliothèques, promouvoir la lecture. Qu’avez-vous fait de ceux qui vous ont précédé ? Je parle de Mongo Béti, de Francis Bebey, disons qu’ils sont morts. Que faites vous de ceux qui sont encore vivants et qui pourrissent dans le dénuement total. Que faites vous de Guillaume Oyono Mbi’a, qu’avez-vous fait d’Eboussi Boulaga avant son trépas ?

Vous pensez vraiment que nous les jeunes filles avions besoin qu’on se serve de nous pour les ambitions personnelles et politiques de certains ? Je sais que votre course pour organiser Miss Cameroun n’est pas gratuite. Ça saute clairement à mes yeux que c’est pour en faire un instrument de propagande politique et des justifications des choses que je ne veux point ici citer.

Et du coup, nous les jeunes filles, continueront a être des objets entre vos mains que vous allez utiliser et jeter par la suite.

Je connais toutes les pressions que les jeunes filles vont subir dans ce processus pour devenir Miss Cameroun. Notre société politique ne repose que sur la corruption dans tous les sens du mot. Pour celles qui n’auront pas d’argent pour payer comme on paye dans tous les concours chez nous, on va normalement leur demander de payer autrement, en nature donc.

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Les jeunes filles n’ont pas besoin de ça en réalité. Offrez-leur des possibilités d’exprimer le talent d’artistes autrement. Elles sont nombreuses qui font des choses magnifiques dans la peinture, la musique, la littérature, la sculpture, tous les jours de leur vie. Mais vous refusez de les voir, de les exposer aux yeux du monde, de les soutenir avec le budget qui est prévu à cet effet, pour aller lorgner les Miss sous prétexte que c’est pour redorer l’image du Cameroun.

Je ne vais pas prendre beaucoup de votre temps, mais comprenez que l’acte que vous venez de faire ne va s’inscrire que dans la longue et triste liste des souillures de la culture camerounaise dont vous avez la charge. Concentrez vous sur ce qui va éduquer la jeunes fille, ce qui va développer cette gente, ce qui va élever leur esprit et les armer contre ces nombreux requins aux dents aiguisés qui n’attendent que de nous manger à toutes les occasions. S’appuyant sur le fait que nous n’avons rien dans les poches et pas grand-chose dans la tête. Nous n’avons que le corps, les cuisses, les seins et les fesses. Ces acquis que vous voulez utiliser pour des fins pas très orthodoxes.

(c) Felix Mbetbo

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