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Serge Aimé Bikoi : « L’écran de fumée de la nomination des jeunes et des femmes à des postes de responsabilité au Cameroun »

Serge aimee bikoi

De nouveaux managers sont à la tête de quatre entreprises publiques depuis le 17 décembre 2018. Bertrand Pierre Soumbou Angoula, Matoya Cletus Anye, Judith Yah Sunday, épouse Achidi et Véronique Moampéa Mbio tiennent, respectivement, les rênes de l’Enam, de la Mideno, de la Camtel et de la Scdp. Si le président de la République tient à sa parole prononcée lors de sa prestation de serment, en nommant des jeunes et des femmes à des positions de pouvoir et d’autorité, cet acte discrétionnaire n’est qu’un écran de fumée qui dissimule, en toile de fond, l’option du prince pour le paradigme de la reproduction sociale, auquel référence est faite.


Serge aimee bikoi
Serge Aimé Bikoi, Journaliste et Sociologue – DR

Le postulat suivant lequel le Chef de l’Etat ne nomme pas n’importe qui continue de valoir son pesant d’or dans les bureaucraties publiques camerounaises. En effet, le positionnement ou le re-positionnement de tel ou de tel à des instances de prise de décisions ne naît pas ex nihilo dans la société camerounaise contemporaine. Il y a toujours des déterminants initiaux sur lesquels l’attention du prince est focalisée au-delà des invariants objectifs liés à la compétence technique et à la méritocratie, lesquels sont censés, théoriquement, régir, ex-cathedra, l’acte nominatif présidentiel. Certes, nul ne peut douter que Paul Biya a érigé à la tête des sociétés étatiques des jeunes et des femmes. Bertrand Pierre Soumbou Angoula et Harouna, respectivement Directeur général et Directeur général adjoint de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), sont deux jeunes ayant bénéficié du décret présidentiel. Alors que le premier a 36 ans, le second est âgé de 39 ans. Le président de la République a, par la même occasion, fait confiance aux femmes. Judith Yah Sunday épouse Achidi et Véronique Moampéa Mbio tiennent, désormais, les rênes de la Cameroon telecommunication (Camtel) pour la première et de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp) pour la seconde.

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Oui le Chef de l’Etat a, certes, confié des postes de responsabilité à la paire féminine et juvénile, mais en jetant un regard épistémologique sur les figures qui occupent, d’ores et déjà, ces positions de pouvoir, d’autorité et d’influence, il apparaît, manifestement, que ce décret présidentiel n’est qu’un écran de fumée, mieux un brouillard qui masque l’option pour la permanence de la théorie de la reproduction sociale. En réalité, comme le postulat de base a été dûment élaboré supra, il est impérieux de savoir que Soumbou Angoula et les dames Achidi et Mompéa Mbio ne sont pas des « anges du ciel » bénis de Dieu et ciblés, prioritairement, par le chantre du régime en place pour présider aux destinées des instances de prise de décisions. Que nenni! En fait, la figure féminine qui tient, dorénavant, les commandes de la Camtel est l’épouse de l’ancien premier ministre de la République nommé Simon Achidi Achu, encore vivant. De plus, la dame qui est Directeure générale de la Scdp est l’épouse d’un ancien membre du gouvernement connu de tous, mais qui est, par contre, déjà mort. Quant à ce qui concerne le nouveau Directeur général de l’Enam, cas qui suscite, de surcroît, la controverse depuis des jours, le trentenaire promu porte le patronyme du charismatique et influent chef supérieur Yezoum dans le département de la Haute Sanaga. Il s’agit de Soumbou Angoula.

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Le jeune manager de l’école prestigieuse, qui est le moule de l’élite oligarchique, compradore et neo-patrimoniale du pays, appartient à la filiation de Paul Biya tant il est, dans l’Anthropologie culturelle, issu du clan Yezoum. La polémique entretenue autour de l’identité de Bertrand Pierre Soumbou Angoula n’est donc pas gratuite tant il y a, sans conteste, une corrélation entre son patronyme et sa généalogie. C’est donc l’enfant du clan Yezoum, giron sociologique de la belle-famille présidentielle, qui a été juché à cette strate décisionnelle. Qu’il s’agisse de deux dames Dg de la Camtel et de la Scdp ou du jeune Dg de l’Enam, l’acte présidentiel traduit non seulement la thèse de la reproduction sociale des fils et des membres de la classe élitiste et bureaucratique à des sphères de prise de décisions, mais aussi et a fortiori ce décret sous-tend, à quelques exceptions près, le mécanisme de substitution sociologique auquel le prince fait référence. A preuve, Linus Toussaint Mendjana, fils natif de la Haute Sanaga, invisible, à l’heure actuelle, dans l’agora, a été remplacé, à la tête de l’Enam, par un autre fils du même département nommé Soumbou Angoula, l’homonyme du chef supérieur Yezoum.

Le Don King

Mot à wou à wou!


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