Dans une tribune publiée sur Facebook Willy Bissou, analyste politique propose une réflexion sur l’histoire du boycott en politique. Selon lui, c’est l’UPC qui a commencé le boycott dans l’histoire politique du Cameroun.
Nous admirons tous aujourd’hui (sauf quelques rdpcistes) les héros de la lutte pour l’indépendance de notre pays dont les plus déterminés ou radicaux se recrutaient au sein de l’UPC. Mais beaucoup ignorent que c’est l’UPC qui introduit le boycott des élections dans notre jeu politique.
Petit rappel : septembre 1945, le brave peuple camerounais qui refuse le mandat de la SDN administré par la France et la politique coloniale de celle-ci, se révolte à Douala. L’administration coloniale réprime les manifestations dans le sang. Le bilan est lourd. Au lieu de reconnaître la légitimité des revendications du peuple, le colon opte pour la diversion en créant le 26 octobre 1946 l’ARCAM composée de 20 membres non élus au suffrage universel. L’idée est de créer une élite indigène modérée qu’on va monter contre les plus déterminés. Mais ça ne fait rien Abel Kingue et les siens remettent le paquet et face à cette pression interminable, de nouvelles élections sont convoquées en 1952, mais Félix MOUMIE et ses camarades qui estiment que cette assemblée ne sert pas les intérêts du peuple et ne dispose d’aucun pouvoir BOYCOTTENT ces élections. Mais en face il ya les modérés, ils vont participer et L’ARCAM va céder place à l’ATCAM. Cela n’arrête pas nos upecistes qui entre temps ont gagné en popularité et mettent de plus en plus la pression sur Paris. Les élections de 1955 qui verront la naissance de l’ALCAM se tiendront également sans l’UPC qui a été dissoute le 13 juillet de la même année. Pour donner une certaine crédibilité à ces élections, les français vont faciliter la création à la hâte des partis dits modérés pour étouffer le parti le plus populaire et le plus structuré de l’heure.
Le 10 mai 1957 le Cameroun français devient autonome. Mbida et Ahidjo dorment dans les palais, UM et AFANA sont dans la brousse.
Willy Bissou