Depuis le premier janvier 2013, il est interdit d’importer les télévisions à tube cathodique sur le territoire camerounais. «Dès le 31 décembre 2012, (…) l’importation des équipements de radiodiffusion télévisuelle analogique et autres accessoires y relatifs, est interdite
sur toute l’étendue du territoire national», pouvait-on lire dans le texte publié par Cameroon-Tribune. Autres équipements électroniques interdits par la même mesure, les radios analogiques, les radios cassettes, les lecteurs, les magnétoscopes, les chaînes musicales et autres formes d’instruments analogiques.
La mesure semble ainsi accompagner le vaste texte régulant la migration des activités audio visuelles, de l’analogique au numérique. D’après le décret du Premier ministre, les opérateurs publics ou privés possédant des équipements de radiodiffusion analogique ou numérique disposeront de 12 mois à compter de la date de création de l’opérateur multiplexeur/diffuseur pour mettre fin à leur diffusion.
A partir du 1er juillet 2013, l’interdiction d’importer sera renforcée d’une interdiction de vente de ce type d’appareil. Le Cameroun en adoptant cette position s’inscrit en droite ligne avec la mouvance internationale. L’Union Internationale des Télécommunication (UIT) dont le Cameroun fait partie, a fixé au 15 juin 2015, la date butoir du basculement au numérique pour tous ses pays membres. Au ministère de la Communication, au Ministère des Postes et télécommunications et au Ministère du Commerce, on affirme que la mesure d’interdiction d’importation de téléviseur à tube est désormais effective et qu’on ne les accepte plus. Des experts saluent la mesure. Au-delà de son aspect accompagnateur dans le processus de numérisation des médias, certains d’entre eux expliquent que la télévision à tube, principal récepteur de l’analogique, a fait l’objet de critiques notamment dans le rôle qu’elle jouerait dans la survenance de certains cancers.
D’un autre côté, la mesure gouvernementale est saluée en ce que de nombreux pays ayant déjà fait le saut du numérique, certains opérateurs véreux, profitaient du vide juridique pour continuer à faire du Cameroun un dépotoir de ces téléviseurs d’un autre âge. Cependant, il va être difficile de mettre en application la mesure, qui ne sera pas sans dégâts. On ignore actuellement le nombre de ces téléviseurs dans les magasins au Cameroun. Dans le même temps, on ignore comment le gouvernement compte gérer par la suite, l’important parc d’ordures qui sera ainsi crée à la suite de la mise hors de service de ces types d’appareils. Une troisième contrainte plus forte sera l’impact de la mesure sur l’économie. Le coût des nouveaux écrans LCD ou plasma, n’est pas à la portée de nombreux ménages. Pour les entreprises, renouveler le parc risque d’être un investissement coûteux, si le gouvernement n’accorde pas des incitations. L’autre contrainte est que le Cameroun n’est ni producteur ni monteur des écrans plasma. Si les 5 millions de ménages et d’entreprise devaient changer l’ensemble de leurs équipements, ce serait un besoin de près de 1000 milliards de FCFA d’importations pour lequel il faudra trouver des devises équivalentes. En concurrence avec les autres biens importés, le pays risque d’avoir besoin d’une dizaine d’années pour que tout le monde s’ajuste.
Idriss Linge
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