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La Direction générale des Impôts du Cameroun face aux défis de la modernité

La Direction générale des Impôts (DGI) est un pilier de l’économie du Cameroun. Chargée de la collecte des impôts et taxes, cet organisme public fournit au Trésor public les ressources financières nécessaires au bon fonctionnement de l’État et à la mise en œuvre des projets de développement. Créée en 2005, la DGI a connu une transformation rapide, notamment grâce à l’introduction de la digitalisation des processus fiscaux, ce qui a permis une augmentation significative des recettes fiscales du pays.

La DGI au coeur d'uune affaire de corruption
DGI - Droits Réservés

La DGI a vu le jour à la suite du décret N° 2005/119 du 15 avril 2005, qui réorganise le ministère de l’Économie et des Finances du Cameroun. Avant cette date, la gestion fiscale était sous la responsabilité de la Direction des Impôts , un département moins structuré et adapté aux défis modernes de gestion des ressources fiscales. Le changement d’appellation s’est accompagné d’une modernisation des méthodes de travail pour répondre aux besoins croissants de financement de l’État camerounais.

La création de la DGI a permis d’introduire de nouveaux outils et stratégies pour améliorer la collecte des recettes fiscales. En parallèle, des réformes législatives et réglementaires ont été mises en place pour renforcer les capacités de la DGI à identifier, suivre, et récupérer les fonds dus à l’État par les contribuables.

Missions de la DGI : piloter les finances publiques

Les missions de la Direction générale des Impôts sont définies par le décret N° 2013/066 du 28 février 2013. Celles-ci couvrent un large spectre d’activités liées à la fiscalité au Cameroun. Elle vont concrètement de l’élaboration de textes législatifs à la gestion des données fiscales.

Parmi ses principales responsabilités, on retrouve :

  • L’élaboration des textes législatifs et réglementaires en matière d’impôts et taxes en coordination avec les administrations compétentes.
  • L’identification, localisation et immatriculation des contribuables , afin de mieux encadrer les personnes et entreprises assujetties aux impôts.
  • La gestion du système d’information fiscale , pour un suivi efficace des contribuables et de leurs transactions financières.
  • La curatelle et le contrôle des successions et biens vacants , en veillant à ce que les biens non réclamés soient correctement intégrés dans les actifs de l’État.
  • La lutte contre la fraude fiscale , avec des mesures strictes pour identifier et réprimer les pratiques illégales liées à l’évasion fiscale.
  • Le suivi des conventions fiscales internationales , pour harmoniser les pratiques fiscales avec celles des partenaires étrangers.

Toutes ces missions visent à garantir que l’État camerounais dispose de ressources financières suffisantes pour mener à bien ses projets de développement et couvrir ses dépenses publiques.

Impact de la digitalisation sur la performance de la DGI

L’un des tournants majeurs dans la gestion fiscale du Cameroun a été l’introduction de la digitalisation des procédures fiscales . Cette transformation numérique, bien qu’initialement perçue comme un défi, a produit des résultats impressionnants, avec une augmentation de 140 % des recettes fiscales entre 2010 et 2022, selon Modeste Mopa Fatoing , ancien directeur de la DGI.

L’impact de la numérisation est visible tant au niveau quantitatif que qualitatif . Sur le plan quantitatif, des initiatives comme la plateforme FUSION , permettant le croisement des fichiers Douanes-Impôts, ont été déterminantes. Grâce à cette innovation, la DGI a pu identifier plus de 4 300 importateurs non actifs, entraînant un rendement fiscal de plus de 3 milliards de FCFA .

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La mise en place de systèmes comme la télédéclaration et la dématérialisation des enregistrements dans des secteurs comme la commande publique ont également contribué à améliorer la collecte des impôts. Par exemple, les droits sur la commande publique sont passés de 28,9 milliards de FCFA en 2016 à 37 milliards de FCFA en 2018 , soit une augmentation de 8,1 milliards de FCFA .

Sur le plan qualitatif, la fidélisation des contribuables a été renforcée grâce à la digitalisation. Les entreprises et les particuliers peuvent désormais déclarer et payer leurs impôts en ligne, notamment les délais de traitement et les risques de fraudes. La transparence a également été améliorée, avec un meilleur suivi des recouvrements et une mise à jour régulière du fichier national des contribuables.

Les défis du nouveau directeur général des impôts, Roger Athanase Meyong Abath

En mars 2023, Roger Athanase Meyong Abath a été nommé directeur général des impôts, succédant à Modeste Mopa Fatoing , qui a marqué son passage à la tête de la DGI par des performances exceptionnelles. La tâche de M. Meyong Abath est immense : maintenir la dynamique de collecte fiscale, voire l’améliorer, tout en relevant de nouveaux défis imposés par le contexte économique actuel.

Le Cameroun fait face à des défis budgétaires croissants, avec des besoins de financement en constante augmentation. Les dépenses liées à la sécurité, notamment la lutte contre Boko Haram et les crises sociopolitiques dans les régions anglophones, pèsent lourdement sur le budget de l’État. Par ailleurs, la masse salariale des agents publics ne cesse d’augmenter, obligeant l’État à puiser davantage dans les recettes fiscales.

Le nouveau DGI doit non seulement s’assurer que la pression fiscale soit augmentée de manière proportionnée, mais aussi que l’impôt soit collecté de manière équitable et efficace. En 2022, les recettes non pétrolières ont dépassé, pour la première fois, la barre des 2 000 milliards de FCFA , un record historique. Toutefois, le taux de pression fiscale , c’est-à-dire la part des prélèvements obligatoires par rapport au PIB, demeure inférieure à la moyenne africaine. Pour atteindre les objectifs de développement, la DGI estime que ce taux doit atteindre 25 % , contre 11,8 % en 2022.

Le parcours de Roger Athanase Meyong Abath

Né en 1968, Roger Athanase Meyong Abath est un haut fonctionnaire doté d’une solide formation en fiscalité et en finances publiques. Diplômé de l’École nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) et titulaire d’un doctorat en finances publiques de l’Université Paris-Dauphine, il a gravi les échelons de l’administration fiscale camerounaise depuis l’an 2000. Avant sa nomination, il occupe le poste de chef de l’inspection des services des impôts , une fonction qui lui a permis d’acquérir une expertise précieuse dans la gestion des services fiscaux.

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Sa carrière, jalonnée de plusieurs postes de responsabilité au sein de la DGI, l’a préparée à assumer le rôle de directeur général. Son parcours l’a amené à occuper des responsabilités variées, telles que celle directeur des grandes entreprises (DGE), où il a supervisé la perception des impôts des grandes sociétés camerounaises. Sa mission actuelle consiste à s’assurer que la DGI continue à moderniser ses procédures tout en maximisant les recettes fiscales.

Prendre la suite de Modeste Fopa 

Roger Athanase Meyong Abath succède à Modeste Mopa Fatoing à la tête de la DGI. Ce dernier avait été nommé à la tête de cette institution le 14 juin 2013 par décret présidentielle. Alors âgé de 38 ans, il devint le plus jeune jamais nommé à cette fonction. Après plus de 10 ans de bons et loyaux services, le président Paul Biya a autorisé le détachement de Modeste Mopa Fatoing auprès du FMI. Durant son règne à la DGI, l’ex-patron des Impôts avait croisé le fer avec plusieurs personnalités influentes. Ce qui l’a plongé “au cœur de la guerre des clans qui déchire le pays”, à en croire Jeune Afrique. Outre l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga dont il a croisé la route dans une rocambolesque affaire fiscale, Modeste Mopa a également eu maille à partir avec Célestin Tawamba, l’actuel président du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM).

Regard vers l’avenir

L’avenir de la fiscalité camerounaise dépend en grande partie de la capacité de la DGI à s’adapter aux nouvelles technologies et à répondre aux attentes économiques du pays. Sous la direction de Roger Athanase Meyong Abath, la DGI doit poursuivre sur la lancée de la digitalisation , tout en veillant à l’augmentation progressive de la pression fiscale pour répondre aux besoins budgétaires croissants du pays. La modernisation de la fiscalité, combinée à une gestion rigoureuse des ressources, permettra à la DGI de continuer à jouer un rôle clé dans le développement économique du Cameroun, en assurant la collecte des fonds nécessaires au financement des infrastructures, des services publics et de la stabilité économique. Ainsi, la Direction générale des Impôts du Cameroun, forte de ses réformes et de sa digitalisation, continue de se positionner comme un acteur central de la gestion des ressources financières du pays. Le défi reste immense, mais les perspectives de croissance et d’amélioration sont tout aussi prometteuses.


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