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L’hommage profond de David Eboutou à Paul Eric Kingue

David Eboutou Pek

L’analyste politique et historien a écrit un vibrant témoignage post mortem à l’endroit de l’ancien maire de Njombé-Penja, décédé le 22 mars 2021 des suites d’une courte maladie. Lebledparle.com vous propose ci-dessous, l’intégralité de son texte.


David Eboutou Pek
Paul Eric Kingue, David Eboutou (c) Droits réservés 

C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai appris en cette matinée le décès brusque de Paul Eric Kingue.

Il aura d’ailleurs fallu qu’un de ses proches, Olivier Marcel Ndi, me confirme son décès tellement, la nouvelle me semblait surréaliste.

J’ai connu Paul Eric Kingue en 2015. Il sortait alors fraîchement de la prison de New-bell où il venait de purger sept longues années de détention injuste et arbitraire.

En bref séjour à Yaoundé, mon ami Patrick Sapack et moi étions alors allés le retrouver à sa demande, dans un restaurant de la place. Il murissait l’idée de lancer un parti politique et désirait que nous l’accompagnions dans cette aventure.

Encore marqué par les stigmates de sa longue détention à New Bell, il avait hâte d’orienter sa lutte vers le combat contre les injustices sociales et les frustrations subséquentes.

Convaincu d’être un homme politique dans l’âme, il aimait à dire qu’il est né pour ne devenir qu’un homme politique et rien d’autre. Il arguait en permanence que sa vie était un sacerdoce au service des camerounais. À cette époque-là, le grand-frère comme j’aimais à l’appeler, disait à qui voulait l’entendre qu’il n’y n’avait personne pour le déraciner politiquement dans sa localité de Njombe-Penja.

Il en voulait beaucoup à ses anciens camarades du parti au pouvoir. C’est eux qui avaient comploté pour sa descente aux enfers. Il attendait son moment de gloire et caressait au fond de lui, l’idée qu’un jour, il prendrait sa revanche.

Sa collaboration météorique avec le MRC lors de la dernière campagne présidentielle dans le fond, ne visait qu’une seule chose. Montrer à ses camarades politiques d’hier qu’il était politiquement costaud. Il aimait à dire que si la politique était l’armée, il serait un général !

Après un autre emprisonnement malheureux en février 2019, il n’a jamais abandonné ses ambitions politiques et personnelles. Ce passage n’était qu’un tremplin pour lui. En bon conquérant et stratège politique, il prendra part à l’élection municipale de février 2020 et sans grande surprise, il sera élu à la tête de la Commune de Njombé-Penja.

Fidèle à ses principes, téméraire et épris de justice, Paul Eric Kingue était de cette race de combattants qui ne se laissent pas influencer ni intimider par des attaques ad hominem de certains adversaires politiques. Il savait se fixer des buts et se donnait des moyens pour les atteindre.

Nous nous sommes revus pour la dernière fois il y’a trois mois à Yaoundé. Il m’avait demandé de le retrouver au niveau de Titi Garage à Essos où résident certains membres de sa famille. Nous y avons passé une bonne partie de la journée à discuter de tout et de rien.

J’étais loin d’imaginer à cet instant là que je le voyais pour la dernière fois.  Je n’ai d’ailleurs pas été informé de son hospitalisation depuis plus de deux semaines bien qu’ayant remarqué son étrange silence. Un silence qui malheureusement sera éternel !

Son départ brusque m’attriste énormément. C’est une grosse perte pour notre microcosme politique dont il était indéniablement l’un des principaux et important acteur.

En cette circonstance douloureuse, j’ai une pensée particulièrement émue à l’endroit de sa famille biologique et politique.

 


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