Joshua Osih est clair ! Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, le chairman du Social Democratic Front (SDF), l’un des principaux partis d’opposition au Cameroun, fait une mise en garde contre une réélection de Paul Biya, lors des prochaines élections présidentielles : si Paul Biya, 92 ans, se représente et est réélu lors de la présidentielle d’octobre 2025, le pays court droit vers « l’implosion du système ».
« La candidature de 2018 était déjà celle de trop, affirme-t-il. Si Biya est maintenu au pouvoir, l’implosion est inévitable. Tout le monde le reconnaît, mais personne n’ose le dire clairement. » L’homme politique de 56 ans dénonce l’image d’infaillibilité construite autour du président, qui permet à son entourage de rejeter les échecs sur ses ministres. « Pourtant, c’est lui qui les nomme. La responsabilité ultime lui revient. »
Elections : le code à problème
Le leader du SDF, qui se présente comme un acteur clé de la présidentielle, critique également le code électoral en vigueur, qu’il juge défavorable à une alternance démocratique. « Les résultats des élections sont en déphasage avec le quotidien des Camerounais, souligne-t-il. Vous ne pouvez pas vous plaindre du système tous les jours et lui donner 71 % des voix. Quelque chose ne fonctionne pas. »
Osih appelle à une réforme du système politique, notamment en instaurant un scrutin à deux tours pour la présidentielle. Il plaide également pour une décentralisation réelle, qu’il considère comme une solution à la crise anglophone qui secoue le pays depuis plusieurs années. « La crise est à Yaoundé, pas à Bamenda ou Buea. C’est le système centralisé qui entretient ce conflit. »
Avec un ton résolument combatif, Joshua Osih se positionne en défenseur d’une nouvelle ère politique pour le Cameroun. « Nous devons changer de système pour construire une démocratie inclusive. Sinon, les crises continueront. »
Cette sortie contre une éventuelle de réélection intervient au lendemain, le 13 février dernier, de la célébration du 92e anniversaire de Paul Biya. Un évènement célébré en grande pompe par les militants du RDPC et autres « créatures » du régime à travers le pays, et soldé par des appels à une autre candidature du Chef de l’Etat sortant.