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Jean-Baptiste Bokam : retour sur le parcours d’exception d’un homme qui a su allier administration et affaires

Le 23 et 24 février 2024, le Cameroun a dit adieu à Jean-Baptiste Bokam, homme d’affaires accompli et haut cadre de l’Etat ayant occupé de nombreuses fonctions importantes comme celle de patron de la Gendarmerie et de ministre ayant présidé aux destinées de différents départements ministériels au sein du gouvernement de Paul Biya. Soutien inconditionnel du Chef de l’Etat, Bokam a été une figure tutélaire de ce régime. Point sur son parcours.

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Jean-Baptiste Bokam est né le 10 octobre 1951 à Bagbezé I, dans le département du Haut-Nyong, région de l’Est Cameroun. Son parcours scolaire le conduit de l’école Saint Jean Bosco d’Esseng, au séminaire Libermann de Doumé, avant de rejoindre l’université de Yaoundé où il obtient une licence en sciences économiques en 1976. Il entame ensuite une brillante carrière, d’abord dans la fonction publique, puis dans les affaires.

Carrière administrative et engagement public

Dès 1976, Bokam est recruté comme attaché de direction à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). En 1978, il reçoit une bourse pour étudier au Centre national d’études supérieures de sécurité sociale de Saint-Étienne, en France, où il décroche un diplôme d’études supérieures (DES) en Sécurité sociale et un DEA en Sciences économiques. De retour au Cameroun en 1980, il gravit les échelons au sein de la CNPS, où il occupe plusieurs postes de direction jusqu’en 1988.

En 1988, il est appelé à entrer au gouvernement camerounais. Il est d’abord nommé ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, un poste qu’il occupe jusqu’en 1992. Il devient ensuite ministre des Travaux publics et des Transports. Jean-Baptiste Bokam se distingue par sa compétence et sa gestion rigoureuse des infrastructures routières et des transports du pays. En 2006, il est nommé Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé de la Gendarmerie nationale, un rôle qu’il assume pendant douze ans, jusqu’à son départ en 2018.

Un Homme d’affaires avisé

Jean-Baptiste Bokam est par ailleurs un homme doté d’un sens inné pour les affaires. En 1990, il est nommé président du conseil d’administration de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), une fonction qu’il conserve jusqu’à son décès en 2024. Sous sa présidence, la Bicec devient l’un des piliers du secteur bancaire camerounais et participe au financement de l’économie nationale. Le rachat de la Bicec par le groupe marocain Banque centrale populaire (BCP) en 2019 vient solidifier le nouveau statut de cette institution que Bokam a contribué à façonner.

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Les performances de la Bicec sous sa direction sont impressionnantes. En 2022, la banque enregistre un résultat net de 6,1 milliards de FCFA, une augmentation de 201 % par rapport à l’année précédente. Cela place la Bicec parmi les trois premières banques du Cameroun, en termes de performance et de contribution à l’économie.

Un proche du régime Biya

Militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, Jean-Baptiste Bokam a entretenu des relations étroites avec le régime du président Paul Biya. En tant que membre influent du comité central du parti, il a souvent été chargé de missions spéciales, notamment en période électorale. Sa proximité avec les cercles du pouvoir lui a permis de jouer un rôle de premier plan dans les affaires publiques et de se maintenir dans des postes de haut niveau pendant plusieurs décennies.

Son engagement politique et administratif ne l’a pas empêché de rester discret, en évitant les projecteurs et en se concentrant sur les tâches qui lui étaient confiées. Il a souvent été perçu comme un homme de confiance, doté d’une grande loyauté envers le régime, ce qui a favorisé sa longévité dans le paysage politique et administratif camerounais.

 

Agression à son domicile en 2018

Le 18 décembre 2018, Jean Baptiste Bokam et sa famille s’étaient retrouvés face à six malfrats armés qui se sont introduits dans son domicile du quartier Minkan à Yaoundé. Armés, ils ont emporté une somme de 750 mille francs CFA dont 500 000 appartenant au fils de l’ancien Sed, une arme à feu de calibre, des objets de valeur, entre autres. Des objets de valeur ont été aussi pris, des sacs et des meubles vandalisés. Une voiture volée, puis abandonnée par les malfaiteurs, au quartier Nkolbisson à Yaoundé.

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Les brigands qui avaient lié les vigiles avant d’entrer dans la demeure ont « par ailleurs battu Jean Baptiste Bokam ainsi que son épouse avant de s’enfuir. Leur pronostic vital n’est toutefois pas engagé », selon les informations qui avaient fuité.

Mort et élévation à titre posthume

Jean-Baptiste Bokam est décédé le 16 janvier 2024 à l’hôpital du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé, des suites d’une maladie. La nouvelle de son décès a suscité une vague d’émotions au sein de la classe politique et du secteur bancaire. Il avait 72 ans. En reconnaissance de ses contributions exceptionnelles au Cameroun, il a été élevé à la dignité de Grand Officier à titre posthume. Cet honneur vient confirmerl’importance de l’héritage qu’il laisse derrière lui, tant dans le domaine des affaires que dans l’administration publique.

Le décès de Jean-Baptiste Bokam est le clap de fin d’une carrière qui a traversé plusieurs décennies de l’histoire contemporaine du Cameroun. Son rôle à la tête de la Bicec et ses différentes responsabilités au sein du gouvernement camerounais en font une figure inoubliable de la politique et de l’économie du pays. Ses obsèques, qui ont rassemblé l’ensemble de l’élite nationale, ont été placées sous le signe du respect et de l’admiration que beaucoup lui vouaient.

In fine, Jean-Baptiste Bokam incarne la trajectoire d’un homme dont la vie a été marquée par une remarquable polyvalence, entre affaires, administration et politique. Sa contribution au développement du Cameroun, tant sur le plan économique qu’institutionnel, restera gravée dans les annales de l’histoire de ce pays qu’il aimait tant. A sa mort, une chanson en son honneur a été composée. Une preuve de plus, de l’amour que son entourage lui portait. 


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