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Xavier Messè : « Les journalistes ont été intimidés à chaque fois qu’ils devaient rendre compte de ce qui se passe au Sud-Ouest et au Nord-Ouest en 2018 »

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Xavier Messe, a accordé une interview à la radio Equinoxe, à l’occasion de la 26ème Journée Internationale de la liberté de la presse qui se célèbre ce vendredi 3 mai 2019.

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Xavier Messè (c) Droits réservés

Au cours de cet entretien, le journaliste a dénoncé le traitement accordé à la presse camerounaise par les pouvoirs publics.

Ci-dessous, l’interview de Xavier Messè chez nos confrères radio Equinoxe

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’état de la liberté de la presse au Cameroun ?

À travers le classement annuel de Reporters Sans Frontières (RSF), nous constatons que le Cameroun n’a pas évolué en matière de liberté de la presse. Bien au contraire, il a régressé. L’année dernière, il était 129è, cette année il est devenu le 131è au monde. C’est une position qui ne nous rend pas fiers.

RSF parle, dans son dernier rapport, d’incarcération et des arrestations arbitraires des journalistes…

Oui, effectivement ! Il y a un certain nombre de critères sur lesquels Reporters Sans Frontières se base. Et nous avons constaté qu’en 2018, les journalistes, une fois de plus, ont été victimes des arrestations, des exactions et cela n’a pas contribué à améliorer la position du Cameroun. Il faudrait que les autorités essayent d’être suffisamment regardantes sur le classement de RSF. Vous savez, la presse est le miroir d’un pays et lorsqu’elle ne se porte pas bien, c’est l’image de ce pays qui en prend un coup. Il faut que les autorités camerounaises arrêtent de dire face au classement de RSF que « le chien aboie, la caravane passe ».

La presse au Cameroun, depuis quelques années, a eu à former énormément des journalistes qui sont compétents et qui font un travail excellent ; la presse camerounaise est l’une des meilleures en Afrique au Sud du Sahara. Le véritable problème, c’est que les dénonciations et révélations que cette presse fait, passent inaperçues.

Or, la presse est là pour mener des enquêtes, faire des révélations. Et il faut que lorsque ces révélations sont faites et bien établies, les pouvoirs publics, à travers la police, à travers la justice, mènent des enquêtes pour résoudre les problèmes qui sont posés. C’est en ce moment que la presse devient crédible.

Les arrestations des journalistes auxquelles vous faites allusion ont généralement eu lieu dans le cadre de la crise anglophone ou la crise post présidentielle. Peut-on dire que les professionnels des médias ont payé le prix de cette météo politique orageuse ?

Chaque fois qu’il y a une situation conflictuelle dans un pays, ce qui est le cas au Cameroun, les journalistes payent toujours le prix le plus fort. Ils sont obligés d’aller sur le terrain pour pouvoir informer et en dehors de quelques efforts qui ont été faits il y a quelques années, la tâche n’a pas été facilitée aux journalistes.

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Dans le cadre de la crise anglophone, ils ont été bastonnés, ils n’ont pas eu accès à la zone du conflit et lorsque quelques-uns s’y sont rendus, ils ont parfois été malmenés, ils sont intimidés quand ils doivent rendre compte exactement de ce qui se passe au Sud-Ouest et au Nord-Ouest. Ils sont intimidés par des appels téléphoniques et des menaces physiques.

L’aide publique à la presse privée est passée à 240 millions de FCFA en 2018. Selon le gouvernement, cette chute est due à la mauvaise conjoncture économique. Etes-vous de cet avis ?

Il ne s’agit pas de la mauvaise conjoncture économique. C’est une absence totale de volonté des pouvoirs publics de pouvoir aider la presse. L’ancien ministre de la Communisation, Issa Tchiroma, s’était battu pour obtenir une ligne budgétaire de 1 milliard de FCFA pour la presse privée. Mais on a toujours refusé de mettre cette ligne en place. Il y a eu des conflits entre membres du gouvernement et ce sont les journalistes qui en ont fait les frais.


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