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Alex le blanc du quartier :  » les gos Camer sont très techniques »

Interview Alex le blanc du quartier pour LeBledParle
Interview Alex le blanc du quartier pour lebledparle.com

Alex le blanc du quartier, Alex le blanc, le white  nommez-le comme vous voulez, il s’enfout. Mais ce jeune artiste Français est devenu un personnage connu de toute la sphère urbaine au Cameroun. En 2014 il publie le clip du morceau « le pays est sucré » qui fait les éloges de sa désormais terre adoptive le Cameroun et hisse par la même occasion le chanteur au devant de la scène. 

Toujours à la quête des acteurs urbains du Cameroun et d’Afrique, LeBledParle.com a profité de la promotion de son nouveau morceau « Nyangalement » pour aller allé à la rencontre de ce jeune passionné de culture Camerounaise qui n’a pas hésité à se confier longuement. Dans une ambiance sympa et des foux rires, Alex le White nous parle de femmes, de musique, du Cameroun. Morceaux choisis.

Interview Alex le blanc du quartier pour LeBledParle
Alex le blanc du quartier a répondu aux questions de Lebledparle.com (c) Lebledparle.com

LeBledParle.com : Bonjour Alex ou Alex le blanc du quartier ou Alex le white. Qui es tu finalement ?
Bonjour ! Tu peux m’appeler Alex, tout simplement. Ou si tu préfères Aleke, le rappeur wat du kwat, le sans-visa de Paris, l’anti-Bounty… Je me demande si je ne vais pas faire comme Petit Pays qui change régulièrement son nom là…

Tes récents morceaux t’ont mis sur le devant de la scène, mais peux tu nous parler de ton parcours musical avant ce « buzz »?
J’ai commencé à jouer du clavier à l’âge de cinq ans. Vers vingt ans j’ai fait mes premières compositions, j’ai touché à différents styles, seul ou avec des amis. C’est seulement il y a deux-trois ans que j’ai eu l’idée de mélanger différentes choses qui me passionnent: le Cameroun, le hip-hop, l’écriture, le camfranglais, l’humour… Au final ça donne un plat typiquement kamer mais avec une bonne dose d’originalité, j’espère que les gens aiment et vont vouloir se resservir !

Comment s’est tissé ta relation avec le Cameroun ? As tu grandi au « pays »?
Non, je n’ai pas grandi au Cameroun, je n’y ai d’ailleurs jamais vécu ! Je came en moyenne deux semaines par an depuis 2007, ça me permet de vérifier chaque année si le pays est toujours sucré… Les Camerounais sont très attachants, je me sens bien au Kamer, j’attends juste maintenant qu’on me giv les kaolos !

La plupart de tes fans te perçoivent comme Alex un blanc qui rappe « Camerounais » et qui manie assez aisément le Camfranglais, l’argot populaire chez les jeunes. Dans une récente interview tu as confié vivre à Paris. Comment s’est donc fait l’apprentissage de cette langue ?
Oui c’est vrai je vis à Paris. J’ai été fasciné dès mon premier voyage par le camfranglais, cette langue imagée qui s’inspire des différentes racines du Cameroun et qui a des expressions incroyables. Tu prends les mange-mille ou les sans-confiance, en un mot tu as résumé avec humour tout un concept. Je découvre encore souvent de nouveaux mots, surtout grâce à mes potes sur whatsapp.

Il y a également la langue Douala que tu utilises dans tes chansons ! Nous sommes bien curieux de savoir qui t’apprend toutes ces langues ! 

Kongossa… Je n’ai pas de répétiteuse dédiée à cette tâche si telle est la question… Mais j’ai très envie d’apprendre le Douala ou même d’autres langues – vous pouvez send vos candidatures on verra ! Par exemple sur Nyangalement je suis arrivé en studio avec mon texte posé sur un rythme d’abélé, ça a donné l’idée au beatmaker Bouvier d’ajouter cette intro avec « Alex ee’ta a’po ».

Tu es l’auteur de deux singles, « Le pays est sucré » paru en 2014 et « Nyangalement » en 2016 à la mode en ce moment. Et si on revenait sur leur contexte ! Pour chacun des deux titres qu’est ce qui t’a motivé à les écrire ? Quelle a été ton inspiration ?
Pour le pays est sucré, l’idée était de raconter des divers de feu qu’on entend au pays, en camfranglais, et en faisant un clip amusant et wandayant: on me voit faire le bensikin, couper la bosse, tirer un pousse au marché sandaga… Pour Nyangalement l’inspiration est venue d’un gars qui n’arrêtait pas de répéter ce mot à la radio. J’ai voulu faire un son sur la manière dont nous les Camerounais on est trop stylés dans tout ce qu’on fait. Même si on mbok les tchakas on se sape sur ça, on a des lionnes-panthères très sophistiquées, même la mater qui die crâne dans le cercueil avec son kaba no-make-erreur, sa chorale d’ambianceurs et son corbillard-Hummer.

Pour approfondir :   Cyrille Rolande Bechon : « Les libertés publiques au Cameroun sont galvaudées et leur jouissance déniée aux Camerounais par le pouvoir en place »

https://www.youtube.com/watch?v=7269UiWwii8

https://www.youtube.com/watch?v=27Rm_kc4_oQ

Justement, dans ton clip « nyangalement » qui vient de paraître, tu dis « Toujours glacé, super peigné, chaud comme le beignet … Même si je porte les tchakas nyangalement c’est pour ça qu’on m’aime ». Alex dans la vie courante, il se sape de cette manière ?
Gars les tchakas dans le métro ce n’est pas pratique on risque de m’écraser les pieds ! Je suis plutôt en mode « chaud comme le beignet » quand je vais au work à mbeng: costume, chemise slim, cravate fine et pointinini. Et plus cool le reste du temps. J’aime voir le regard plein de wandayance des parisiens quand ils voient mon t-shirt Deidoboy ou « Tu dors ta vie dort »…

Dans le morceau « le pays est sucré », tu dis « Plus fort que les nouvelles églises, vous en appelez à Eto’o Fils. Vous vénérez Mama Chantal et son amie Françoise Foning. Mais moi je me comporte je n’attends pas qu’on me porte » Tu trouves que certains Camerounais sont paresseux ?
Haha c’est un passage qui m’a valu beaucoup de commentaires, surtout comme dans le clip je m’agenouille devant un portrait de Mama Chantou à l’échangeur Joss. Non, je ne dis pas que certains sont paresseux et je ne vise personne en particulier. Simplement que du point de vue artistique on peut écrire des bonnes lyrics pour divertir et faire réfléchir plutôt que de passez une minute de sa chanson à citer les gens célèbres et qui ont les dos.

Tu es fan de Samuel Eto’o?
Quel Camerounais n’est pas fan d’Eto’o Fils ? Il a marqué l’histoire de sa sélection et de tous ses clubs. Aujourd’hui quand on dit « le 9 » ou « le pichichi » c’est seulement à lui qu’on pense. Il a fait aussi beaucoup pour le Cameroun, y compris en donnant de la fierté et de l’espoir aux gens.

A part ces deux singles, tu as proposé « Allez Les Lions » et « La montre et le temps  » qui ont eu un impact plutôt relatif. Pourquoi à ton avis ?
Pour « Allez les lions » j’avais bricolé rapidement un son et un clip pour encourager les Lions à la coupe du monde. C’était plus un clin d’oeil, et comme il y a eu l’affaire des primes, les défaites, les joueurs qui se coudent entre eux, ça n’a pas aidé. Pour « La montre et le temps » j’ai fait peu de promo et surtout il n’y avait pas de clip. Mais le son avec la prod de Beatballer est bon, n’hésitez pas à aller hia ça et me laisser vos commentaires.

Des critiques te reprochent de t’approprier la vie des Camerounais en chanson, d’autres disent ne pas te voir assez souvent sur la scène musicale au Cameroun. Que leur réponds-tu ?
Que les jaloux vont maigrir ! (rires) Non je ne cherche pas à m’approprier quoi que ce soit, simplement prendre du plaisir et en donner aux gens. Est-ce qu’on reproche à Maahlox de s’approprier la vie des mbenguistes quand il came tourner son clip à Paris ? Pour ce qui est de la scène musicale camer, c’est plus compliqué quand on ne stay pas au mboa et je dois refuser des invitations, mais vrai-vrai ça fait partie des priorités pour l’année à venir.

Pour approfondir :   Jean-Pierre Nsame se confie : « Cela fait un an que le Cameroun m’appelle, mais je ne peux pas y aller »

Le mouvement urbain Camerounais est aujourd’hui en ascension avec des artistes comme Maahlox ou Franko. Et certains médias spécialisés sur internet qui couvrent le travail des artistes. A ton avis quels efforts doivent être faits en plus pour que le moteur aille plus vite ?
Gars le moteur a accéléré très fort ces dernières années ! Il y a les locomotives que tu cites, et derrière plein d’artistes très doués qui poussent fort, qu’on voit d’ailleurs de plus en plus sur Trace. Le milieu se structure, il y a des sites comme Lebledparle.com d’ailleurs qui couvrent les sorties, Brice Albin vient de lancer avec J237 la première radio dédiée au hip-hop… Les beatmakers et les réalisateurs sont aujourd’hui dans les standards internationaux. Il faut continuer comme ça ! Il faut par contre développer la scène, donner aux gens l’envie et les moyens d’aller aux concerts et permettre aux artistes de progresser. Par exemple j’étais surpris qu’il n’y ait pas plus de monde au dernier Douala hip-hop festival alors qu’il y avait une programmation de feu !

Et en France, es-tu impliqué dans les milieux musicaux ? Fais tu autre chose dans la vraie vie ?
Ah bonne question, qu’est-ce que c’est la « vraie vie » ? Est-ce qu’on ne peut pas avoir même plusieurs vies ? Et je ne parle pas de tromper sa go ou son gars hein ! Non, ma vie musicale aujourd’hui est au Cameroun. Et sinon à mbeng je work dans le consulting, rien à voir mais intéressant aussi. J’essaie d’apprendre un peu d’argot Camer à mes collègues, maintenant certains quand ils s’énervent sortent seulement les « mouf », « chien vert » ou même « chibagnard » !

On suppose qu’il y’a de nombreux Camerounais dans ton entourage. Dans tes projets musicaux qui t’a soutenu et aidé à t’implanter dans ce pays, musicalement parlant. Des noms?
Sur « le pays est sucré » j’ai travaillé avec le réalisateur René Kamga qui a suivi mes délires jusqu’à me filmer un 25 décembre à 7h du matin en train de tirer un pousse au marché… J’ai rencontré Coolkid à Buea et j’ai travaillé sur un son avec son pote Beatballer. Mon ami Georges m’a ensuite permis de découvrir ce super gars et super rappeur qu’est Sadrak, c’est grâce à lui que j’ai rencontré ceux qui ont fait Nyangalement avec moi: Bouvier au studio D-cliq, et le réalisateur Dante Fox.

Alex : « je dirais juste que les gos camers sont très techniques ! »

alex leblanc les filles les camers sont très techniques - Lebledparle.com

Des projets à venir ? Qu’est ce que l’on peut te souhaiter pour la suite ?
Déjà que Nyangalement continue à bien marcher et que les Kamers ne se lassent pas de balaterriser dessus ! Sinon oui j’ai d’autres projets presque aboutis, on verra, ça sort quand ça sort !

Un petit secret que nous aimerions avoir. On suppose que tu te fais draguer assez régulièrement par des filles camerounaises ? Alors dis nous. Ce sont beaucoup plus des filles Bamis, Bassa, Betis ? Douala ? Alex est-il doué pour « coller la petite » ?
N’est-ce pas que le gars dit que « même si c’est ta tante, même si c’est ta cousine« . Non pardon je ne fais pas de racisme ethnique dans le collage de petite. Chacune a sa part (rires). Pour reprendre l’expression de Mani Bella je dirais juste que les gos camers sont très techniques !

Lebledparle.com te remercie pour ta participation et continue de te suivre dans ton style musical assez propre à toi dans le milieu. Un mot pour tes fans ?
C’est moi qui vous remercie. A bientôt les blédarts, on est nyangalement ensemble !

(c) Entretien avec Koko Aldo T. et Yves Martial T., Lebledparle.com


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