in

Célestin Bedzigui propose des solutions pour une sortie de crise au Nord-Ouest et Sud-Ouest

Bedzig

C’est à la suite de l’assassinat d’une quinzaine de militaires au Nord-Ouest en l’espace de quatre jours que le président du Parti pour l’Alliance libérale(PAL) est monté au créneau.

Bedzig
Célestin Bedzigui (c) Droits réservés

Dans une publication faite dans les réseaux sociaux le 23 septembre 2021, l’homme politique Célestin Bedzigui affirme que le dialogue national tenu du 30 septembre au 4 octobre 2020 fut un échec. Par conséquent, pour mettre fin à la saignée en zones anglophones, le chef traditionnel propose qu’une unité spéciale soit mise sur pied en lieu et place du BIR dont la durée de formation ne suffit pas pour acquérir toutes les notions nécessaires dans un tel conflit.

Ci-dessous l’intégralité de son texte.

Comprendre la guerre asymétrique et l’urgence d’une négociation pour arrêter le conflit du NOSO

La recherche de solution à la crise sanglante qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du CAMEROUN impose aux hommes politiques de ce pays une réflexion profonde et sans complaisance sur les voies et moyens pour en limiter les dégâts en pertes de vies humaines et sur le plan économique.

Mes réflexions ce jour vise à éclairer d’avantage l’opinion sur mes réserves exprimées il y a quelques jours sur la conduite des opérations militaires et l’option politique prise par le Gouvernement pour juguler cette crise, au regard des pertes en vies humaines enregistrées par les FDS gouvernementales au cours de la dernière semaine. Elles sont puisées de l’expérience et des leçons à tirer des conflits asymétriques passés dans d’autres pays.

La première est relative à la stratégie des belligérants dans ces conflits.

Dans la terminologie des polémologues, les conflits asymétriques sont des conflits qui opposent le « fort » (FDS du Gouvernement, forces conventionnelles) au « faible » (forces insurgées) le plus souvent dotées d’équipements et d’armes sommaires, leur force résidant essentiellement dans la conviction chevillée au corps qu’elles mènent une « guerre juste » et ayant la capacité à se fondre au sein de la population auprès de laquelle elles trouvent le plus souvent un appui multiforme.

Dans ces conflits, il n’y a pas de ligne de front, comme dans les guerres conventionnelles. L’essentiel des affrontements se fait à travers des embuscades et des opérations « coups de main » comme on l’observe ces temps derniers.

La deuxième réflexion est que les conflits asymétriques sont des « guerres psychologiques ». En effet, étant donné que ces conflits opposent le « fort » au « faible », chaque jour qui s’écoule est considéré par le « faible » comme une victoire pour la cause qu’il défend, parce qu’il est parvenu à survivre à la puissance de feu des forces conventionnelles, ce qui l’encourage à poursuivre le combat, alors que pour le « fort », les jours qui passent sapent le moral des troupes face à cet ennemi insaisissable, qui se fond dans la population après chaque embuscade. Bien plus, comme on l’a vu aux États-Unis pendant la guerre du Vietnam, les familles des soldats, le plus souvent des « citoyens ordinaires », se révoltent de voir leurs enfants mourir au front, pendant que les enfants de « l’establishment » continuent leurs études…une humeur qui pourrait se manifester au Cameroun.

Ces deux réflexions peuvent, d’une part offrir une clé de lecture sur ce qui explique la résistance des « Ambazoniens » face aux FDS, forces conventionnelles, depuis bientôt cinq ans, et d’autre part prévenir un éventuel retournement de l’opinion contre les pouvoirs publics si les soldats, dont la plupart sont encore des jeunes gens, continuent à perdre leur vie au front, laissant leurs familles dans le désarroi, eux aux yeux desquelles ils représentaient une marque d’ascension sociale.

Je me permets de tirer par ailleurs enseignement de l’expérience d’un autre conflit asymétrique bien connu, en Colombie. Si les FARC ont été en mesure de lutter contre le gouvernement colombien pendant 50 ans, c’était grâce au soutien des populations. Ce conflit n’a connu son épilogue que quand les populations se sont enfin ralliées, après d’âpres négociations des leaders politiques des insurgés avec le gouvernement colombien.

À partir de ce constat, on peut se poser cette question : comment ramener entre les mains des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest la revendication pacifique portant sur la violation de l’accord de Foumban dont se sont approprié les ambazoniens et qui est leur thème mobilisateur ?

Du point de vue de la stratégie politique de sortie de cette crise, la réponse à construire en guise de réponse à cette question pourrait être une piste parmi tant d’autres pour mettre fin à ce conflit, une réponse qui ira bien au-delà et d’un accroissement de la militarisation, et de la seule neutralisation d’un chef de guerre ambaboys.

Plutôt, une telle réponse devra mettra sur la table de manière plus prégnante la nécessité d’un dialogue cathartique, inclusif, élargi, mené par une équipe comprenant des figures anglophones neutres ne pouvant pas être accusées d’être des « pompiers incendiaires » comme sont qualifiés certaines figures gouvernementales. Cette équipe devra être animée d’un esprit ouvert comme celui qui avait prévalut dans l’équipe mise en place à la Tripartite avec le Premier Ministre Hayatou.

Le Grand Dialogue National a été un échec avéré pour n’avoir pas bénéficié d’une pareille volonté inclusive, par manque d’expérience mais surtout, par calcul politique de ceux qui le conduisait de présenter au peuple et au Président de la République un ‘’package deal » tronqué puisqu’il n’avait pas associé aux travaux les véritables acteurs d’en face, partis politiques et société civile. A l’époque j’avais manifesté ma désapprobation en suspendant pendant deux jours ma participation et en signalant que le résultat de cette manière de faire sera celui auquel nous faisons face aujourd’hui à savoir, la poursuite des troubles plutôt leur cessation comme nous y sommes parvenus dès le lendemain de la Tripartite .

De l’expérience et de l’exemple de la Colombie cité plus haut, deux solutions seraient indiquées.

Sur le plan militaire, plutôt que d’intensifier la militarisation du NOSO, et surtout pour réprimer la dérive criminelle qui s’accroît sous le prétexte du « struggle », privilégier un *déploiement des forces spéciales* formés aux opérations *search and destroy* et constituées de soldats expérimentés au lieu et place des BIR n’ayant pour toute connaissance que trois mois de formation. C’est pour n’y avoir pas recouru que j’ai évoqué lors d’une précédente prise de parole  » l’incurie » du commandement militaire opérationnel.

Sur le plan politique, il s’agira de préparer et d’engager un large dialogue populaire en autorisant au préalable la tenue de l’ ACC3 – All Anglophone Conférence jusque-là contrarié par le gouvernement, assise au terme de laquelle les représentants choisis par les anglophones seront invités à un dialogue avec le Gouvernement… C’est au cours de ce véritable Dialogue que doit être, conversation posé sur la table le problème de fond exprimé par la grande majorité de nos compatriotes d’expression anglophone à savoir, que soit revisité la conversation de Foumban qui a abouti à la Fédéralisation du Cameroun, en excluant en préalable tout remise en cause de l’entité Cameroun.

Il est important de souligner que la décentralisation peut recevoir plusieurs contenus pouvant être la fédération à l’américaine, la régionalisation à l’allemande, la confédération à la suisse, le statut spécial proposé par le gouvernement Kamer qui est en réalité une *décentralisation à minima*. Il faut en réalité savour que ce statut spécial pourrait être si on n » y prend pas garde, une énième tentative de roublardise politique, pratique dans laquelle le régime en place excelle, si on se réfère à ce qu’il a fait des Accords de la Tripartite et de la Plateforme UNDP une fois qu’en toute confiance, les signataires avaient tourné le dos, et sachant que dans les deux cas, j’ai été négociateur et signataire. Si cette assise incontournable se tenait, je ne pourrai qu’exhorter les plénipotentiaires à prendre toutes posture nécessaire pour une application immédiate et souveraine de ses conclusions. Voilà le cœur de la crise actuelle dans le NOSO et la solution pour y mettre un terme.

Le Gouvernement a entre les mains cette solution qui, ferait l’économie des vies des jeunes camerounais qui ne méritent pas de continuer à être immolé sur l’autel de l’incompétente et de l’entêtement du leadership politique de notre pays. Cette solution est politique et non militaire comme voudrait le faire croire certains experts en sorcellerie politico-militaire. Notre pays ne peut se permettre un conflit qui durera des décennies comme en Colombie, en Centrafrique ou au Sénégal. C’est la raison pour laquelle une très grande majorité de concitoyens souhaite que soit mis fin aux tueries dans le NOSO, tueries dont la poursuite exposera d’avantage les camerounais à la division et à la haine.

C’est à celle des parties, le gouvernement, qui a entre les mains l » initiative de l’ouverture d’un dialogue inclusif portant sur une relecture des accords de Foumban, qu’incombera la responsabilité historique si, du fait de ses atermoiements, le pire advenait.

22 Septembre 2022.

Sa Majesté Célestin Bedzigui

Président du PAL, Parti de l’Alliance Libérale,

Assistant du PM Hayatou à la Négociation de l’Accord de la Tripartite, 1991,

Négociateur et Signataire de la Plateforme UNDP- RDPC, 1997,

Elu Local, Maire Adjont de Monatele.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Deniso

Incendie de la résidence du sous-préfet de Bengbis : Le FDC condamne « le terrorisme des militants du RDPC » et exige que l’autorité soit relevée de ses fonctions

Lamidal

Le Lamido de Garoua rend visite au gouverneur du Littoral