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Appel à la paix au NOSO : Le journaliste Abdelaziz Mounde Njibam s’en prend durement à Mani Bella et Maahlox

Abdel

Le journaliste de solution, d’enquête, et africaniste Abdelaziz Mounde Njibam n’est pas resté de marbre à la suite des sorties respectives de Maahlox et Mani Bella au sujet de l’actualité. Les deux artistes de la musique camerounaise expliquaient hier dans des publications faites sur la toile, les raisons pour lesquelles ils n’adhèrent pas à l’appel lancé par certains de leurs collègues pour le retour de la paix au NOSO. Une position que ne partage pas le consultant et coordonnateur d’un think tank pour l’alternance au Cameroun dans cette publication que vous propose Lebledparle.com.

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Abdelaziz Mounde Njibam (c) Droits réservés

Ma chère Mani Bella

Si les Camerounais, très précisément, n’étaient pas indulgents, ils t’auraient rangé au placard après Pala Pala ; Maahlox également après Ça sort… ! Pourquoi ? Vous avez fait des tubes sympas, bien tournés, efficaces, ce que l’on appelle dans le jargon de la musique populaire : musique jetable. Un peu comme les tubes de l’été dans divers pays dont la France, où des artistes disparaissaient sitôt le soleil couché. Ou scrutent une occasion inespérée d’un producteur, style Tournée des années 80 ou des Tubes. Beaucoup d’artistes ont connu ces crépuscules si douloureux, demandez à notre jeune frère Yannick, l’auteur de la reprise Ces Soirées-Là !

Et pourtant, malgré les propos de mauvaise haleine de Maahlox, sa vulgarité légendaire, ces mots de dessous de la ceinture et d’opprobre aux mères, les Camerounais, très précisément, ont continué d’écouter le tintamarre et la grivoiserie de cet artiste. Malgré ta spécialisation en clasherie, en japap, on a continué, comme des fidèles clients de beignet-haricot-bouillie, à rester au bord de la route et boire la poussière et notre bol : à boire tes saillies à longueur de semaines contre Lady Ponce ou beza beza. Au point où on se demandait si tu avais raté ta vocation.

Oui, le pays d’Eboa Lotin et de Manu Dibango, sous votre ère, a baissé ses standards, son exigence légendaire. On ne demande plus à Mani Bella ou à Maalhox la distribution des albums cultes de Makossa des années 70 et 80. On n’exige pas de Mani Bella la rigueur et la virtuosité de Sally Nyolo. On a accepté Mani Bella avec ses loufoqueries. On a tendu la main, se contentant de ses cheveux jaunes, fluo, noir brouillé, vert affolé, orange pressée. On a dit, il y’a facebook, elle va nous faire rire avec ses longs cils fabriqués à Pékin, ses lunettes Pala Pala.

Oui, Mani Bella, au pays de Manu Dibango, plagié par Mickael Jackson, de Tala, plagié par James Brown, d’Ekambi Brillant, repris par Demi Roussos, de Tim et Foty, plagié par Missy Eliot, Toto Guillaume, inspirateur d’A nos actes manqués de J.J Goldman à qui il proposa Grace Decca comme choriste…on a dit : on va faire comment ? Ce sont nos enfants. Ils ont émergé à l’âge de la musique qu’on regarde sur Trace alias abaissement des standards plutôt que ces classiques de la musique camerounaise qu’on écoutait, les vinyles, les cassettes et les CD précieusement cachés dans les cantines des parents. Ou exposés au salon comme trophées !

Oui, Mani Bella, dans ton pays, le Cameroun, celui de Manfred Nlong, Jean Dikoto Mandengue, Vicky Edimo, Willy Nfor, Hilaire Penda, Sabal Lecco, Etienne Mbappé, Richard Bona…cette école de basse que le monde nous envie, nous avons offert des disques d’or à nos artistes. Les Camerounais écoutaient tous les rythmes du monde, n’étaient pas chauvins, digéraient des sonorités de la planète qu’ils mêlaient aux rythmes locaux. Les tubes et classiques de Makossa, de Merengue, Assiko, Bikutsi étaient réalisés avec des  » étrangers  » : producteurs, musiciens. Même Nigérians.

L’Afrique vibrait au Cameroun : African Typic Collection de Sam Fan Thomas, Osi Tapa lambo lam de Moni Bilé, Travailleur Immigré de Douleur… Prince Nico Mbarga faisait le trait d’union entre le Nigeria et le Cameroun. Jeannette Ndiaye établissait l’axe Yaoundé-Dakar. Notre pays accueillait James Brown, Johnny Hallyday, Jimmy Cliff, U Roy, Claude François. Des frères et sœurs africains et afro aussi : Maélé, Hilarion Nguema, Yoka Lokito, Guilou…

Mani Bella, on était civilisés, tu sais ! Les artistes ne plongeaient pas dans l’élobi pour s’exprimer. Le talent, les cordes, les cuivres parlaient pour eux. Et quand il fallait s’engager, certains franchissaient le pas : Jean Bikoko et son Hikki jam li gwé guen (chaque chose a son temps ) ; Lapiro de Mbanga et l’épopée du Ndinga man ; Sala Bekono et Mot Nnam ( l’homme du pays ), Ben Decca…

Quand ils ne le faisaient pas, ils choisissaient ce qui est plus beau que de débiter des conneries : le silence. Oui, la 8e note de la musique. Celle que sait observer les grands artistes. Alors, si marcher, s’engager, manifester, soutenir des causes justes et populaires est un marchandage pour toi, du donnant-donnant, en frère, je te prie de choisir d’autres comptoirs pour faire ton marché. Car, tout ne se monnaye ou ne vend pas : les valeurs, la hauteur, les causes citoyennes…C’est précisément le domaine de la conscience. Celui sans lequel toute science ou tout art n’est que ruine de l’âme.

Je sais que nous sommes à l’ère des bantoustans ethniques et divers : le pala pala politique. Que, grisés par les fans flâneurs sur facebook, chacun dégaine : les têtes, faute de lucidité, font lig lig lig. Mais retiens-le : il vaut mieux qu’à défaut de ne pas soutenir une cause – ton droit -, que tu cherches une belle perruque jaune-koki, prenne des cours de chant ( ça aide à s’améliorer, même pour les plus grands artistes ), et propose à Maalhox un featuring. Titre suggéré : Marcher quoi ? Mouf, je cogne ma go ! « 


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