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Cameroun : Dieudonné Essomba s’en prend à un homme d’affaires qui aurait bénéficié de 63.000 hectares pour créer une cacaoyère

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Au moment où la rumeur en circulation selon laquelle un calibre du monde des affaires au Cameroun aurait bénéficié d’une concession d’exploitation pour créer une cacaoyère de 63.000 hectares dans la Vallée du Stem, région du Sud , Dieudonné Essomba anticipe sur le fait et l’analyse sur un plan bidimensionnel. D’entrée de jeu, l’économiste soutient que cela « heurte les intérêts de la Communauté-hôte » ensuite, « il est antagonique à la sociologie camerounaise ». Lebledparle.com vous invite plutôt à lire intégralement la publication du consultant médias le 28 juillet 2020.

DD Esso
Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

LES 63.000 HECTARES DU SUD : TEL EST PRIS, QUI CROYAIT PRENDRE !

Si on en croit les rumeurs, un homme d’affaires qui a installé une usine de transformation du cacao à l’Ouest aurait bénéficié d’une concession d’exploitation pour créer une cacaoyère de 63.000 hectares dans la Vallée du NTEM, dans la Région du Sud.

Pour un spécialiste des projets, de l’analyse stratégique et du jeu des acteurs, une telle information est d’autant plus étonnante qu’elle ne correspond absolument à rien d’un projet cohérent et faisable.

En premier lieu, il heurte les intérêts de la Communauté-hôte. Tout le monde le sait, les Ekang produisent le cacao qu’ils exportent, presque en totalité et ce cacao connait souvent des fluctuations de prix très préjudiciables pour les exploitations. L’annonce de cette usine a plutôt été vécue comme un soulagement, avec la perspective d’un débouché intéressant qui pourrait soutenir les prix, et des perspectives d’augmentation de la production.

Mais voilà ! Alors que les cacaoculteurs expriment leur joie, voilà qu‘on nous dit que ce propriétaire d’une usine aurait bénéficié d’une concession pour produire lui-même le cacao dans la Valée du NTEM ! Autrement dit, il développe le projet d’exproprier leurs terres pour produire le cacao qu’ils produisent déjà !

En second lieu, il est antagonique à la sociologie camerounaise, où l’hypothèse d’une occupation massive d’une terre dans une autre Communauté est une impossibilité pratique. Quand les étrangers viennent prendre des concessions, ils signent un certain nombre d’engagements avec les populations riveraines portant notamment sur les équipements sociaux et surtout, la primauté sur l’emploi. A quoi s’ajoute aussi, l’engagement qu’ils ne se mêlent pas de la vie politique locale et ne peuvent se présenter comme des concurrents sur des enjeux politiques locaux.

Bref, qu’ils soient strictement des étrangers et se limitent à leur statut d’étranger.

Des conditions qui sont impossibles à respecter pour une Communauté camerounaise qui ne manquerait pas de développer des prétentions à des droits que les autochtones estiment être les leurs. D’où l’impossibilité pratique de ce genre de concession.

On ne voit donc pas très bien comment, dans ce Cameroun, on pourrait promettre à un Bamiléké ayant implanté son usine à l’Ouest chez lui, le bénéfice d’une concession au Sud pour faire des cacaoyères, au lieu de passer des contrats avec les Bulu qui sont de gros producteurs de cacao. Ou tout au moins, qu’il s’associe avec des Bulu du Sud pour faire des plantations, tout en apparaissant lui-même comme très minoritaire.

C’est un non-sens anthropologique ! Et c’est du reste très risqué, car même si par extraordinaire, une telle concession était actée, l’industriel ne pourrait pas exploiter effectivement cet espace ! Bien au contraire, il déclencherait une violente campagne de xénophobie anti-Bamiléké.

Au regard de cette analyse, on voit donc exactement la nature de cette opération qui n’est qu’une double escroquerie :

-d’abord, une tentative d’escroquerie de la part du promoteur qui, derrière le faux prétexte de l’industrialisation tente de mettre la main sur des espaces fonciers qui constituent leur obsession.

-ensuite, une « frappe » des fonctionnaires certainement Ekang qui ayant bien vu la cupidité foncière du promoteur et de ses entourages, en profitent pour les escroquer en leur faisant miroiter l’impossible projet d’extorquer les terres Bulu.

Suivant la vieille logique des « frappeurs » : tel est pris, qui croyait prendre !

Dieudonné ESSOMBA

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