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Dieudonné Essomba : « Quand un sous-préfet se permet de couper les pantalons des enfants, il s’appuie sur quoi ? »

ESSO DD

L’incident survenu entre le sous-préfet d’Ayos et un enseignant de philosophie du lycée de la place n’a de cesse de susciter les sorties de Dieudonné Essomba qui en veut à l’autorité.

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Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

Dans une publication faite sur sa page Facebook, Dieudonné Essomba établie un distinguo entre ce qu’il appelle la « police spéciale » et la « police générale ».

Pour l’économiste, « Chaque corporation de métier est unique ! Il n’existe pas une corporation qui serait ubiquitaire et s’occuperait de tout ! Cela n’existe nulle part ! ».

Voulant ainsi signifier qu’en ce qui concerne le code vestimentaire dans un établissement scolaire, « Un sous-préfet n’a pas une formation de la pédagogue pour savoir comment un enfant se comporte devant tel ou tel événement et quelle réponse optimale fournir », affirme-t-il.

Par conséquent : « Le sous-préfet ne saurait donc pas entrer dans un Lycée pour imposer une discipline qu’il ne connait pas », déduit l’homme des médias.

 Lebledparle.com vous invite à parcourir cette autre chronique de Dieudonné Essomba qui par le truchement de l’affrontement entre le sous-préfet Mireille Sandrine Ngo Mbe et l’enseignant Steve Ondoua, soulève le problème de discipline en milieu scolaire.

 

 Police spéciale, police générale

Chaque secteur se caractérise par sa spécialité, avec un savoir aigu et des pratiques très spécifiques qui sont totalement ésotériques aux autres. Mais aussi, par une corporation de métier disposant de son langage, de ses codes, de ses coutumes.

Chaque corporation de métier est unique ! Il n’existe pas une corporation qui serait ubiquitaire et s’occuperait de tout ! Cela n’existe nulle part !

C’est pour cette raison que ce sont les responsables et leurs patrons dans la corporation de métier qui assurent l’ordre public à l’intérieur des structures spécialisées. Quand nous sommes en médecine, ce sont les responsables des centres de santé et leurs patrons qui assurent l’ordre public. Et il en est de même dans un établissement scolaire, dans le contrôle des prix, dans l’agriculture, dans l’armée, etc.

En matière de domaine spécialisé, les sous-préfets, les préfets et autres gouverneurs sont des intervenants de second ordre. Leur action est celle de l’alerte, de l’accompagnement ou, éventuellement, de l’urgence.

 Un sous-préfet n’a pas une formation de la pédagogue pour savoir comment un enfant se comporte devant tel ou tel événement et quelle réponse optimale fournir. Il ne le sait pas, car ce n’est pas ce qu’il a appris ! Il a fait ses classes à l’ENAM, où on apprend l’administration de la société de manière générale, mais l’enseignant a fait ses classes l’Ecole Normale où on lui a enseigné comment un enfant se comporte et ce qu’il faut faire avec lui.

Le sous-préfet ne saurait donc pas entrer dans un Lycée pour imposer une discipline qu’il ne connait pas ! Quand un sous-préfet se permet de couper les pantalons des enfants, il s’appuie sur quoi ? Qui lui a dit que dans le milieu scolaire, on coupe impunément les habits des enfants sans motivation ? Est-ce au sous-préfet de décréter l‘habillement en milieu scolaire ? A-t-il étudié cela dans une Université ?

La seule circonstance qui peut justifier l’intrusion directe d’un sous-préfet dans un Lycée est un flagrant délit portant sur une infraction qui échappe manifestement à la législation scolaire. C’est le cas lorsqu’il est prouvé l’existence des armes et des stupéfiants dans le Lycée, ou lorsque des bandits se sont infiltrés dans l’enceinte de l’établissement, ou lorsque des violences incontrôlables éclatent.

Il s’agit des événements qui n’ont aucun caractère scolaire alors qu’ils se passent dans un milieu scolaire. Mais pour les événements relevant de la législation scolaire, le sous-préfet peut demander une information et en référer au délégué de l’éducation qui est la hiérarchie technique directe du proviseur. Il ne peut pas intervenir lui-même, car une fois de plus, il ne dispose pas du savoir professionnel requis pour décider de ce qu’il doit faire. Et quand bien même il serait contraint par les circonstances à le faire, il doit non seulement justifier pourquoi il a senti la nécessité d’intervenir lui-même, mais aussi il doit absolument se faire accompagner des experts de l’éducation qui vont le renseigner de ce qu’on fait et de ce qu’on ne fait pas !

Tous les Camerounais doivent respecter la loi, dans sa lettre et dans son esprit. La loi est un mécanisme de régulation et lorsqu‘elle est prise, c’est pour être respectée. Il en faut pas l’instrumentaliser pour des raisons de corporation, car précisément, ce sont ces pratiques qui génèrent la violence.

Et tout le monde peut bien voir que le Cameroun devient de plus en plus violent.

On peut surtout regretter que cet ensauvagement n’épargne pas les hauts responsables eux-mêmes. Comment en effet imaginer qu’une sous-préfète se donne le droit de gifler un homme devant ses élèves ? Et si celui-ci réagissait brutalement ?

Au Cameroun, nous savons que ce sont les gendarmes et les policiers qui sont en charge d’appliquer la violence physique légale aux délinquants. Pour cela, ils sont sélectionnés en tenant compte de leur santé solide, de la vigueur de leurs biceps et de leur résistance physique. Du reste, ils sont amenés à s’entrainer en permanence pour se maintenir à niveau. Quoi de plus naturel qu’ils soient requis pour ces tâches de violence légale.

Mais quand une dame qui n’a pas été sélectionnée pour la bagarre de rue se met à gifler un homme, alors même qu‘elle porte un habit d’apparat, comment peut-on interpréter cela ?

Et si par malheur, ce monsieur avait eu l’Ekouta Mebi et le lui avait appliqué ? En rappel, l’Ekouta Mebi est un coup de poing qui vous conduit à la défécation instantanée !

Dieudonné Essomba

Pour approfondir :   JO Tokyo : Nouvelle désillusion pour le Cameroun avec l'échec du sprinteur Emmanuel Eseme


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