in

Cameroun : Cafouillage dans l’affaire qui oppose Calixte Beyala à Paul Chouta

beyala et Chouta

Le lanceur d’alertes attend toujours d’être jugé 6 mois après son incarcération, soit la peine maximale qu’il encourt. Le dossier se retrouve à la Cour d’appel alors que les débats étaient attendus.

beyala et Chouta
Paul Chouta et Calixte Beya (c) Droits réservés

Coup de théâtre, flou, dilatoire sont les mots utilisés par les avocats de la défense pour qualifier la tournure que vient de prendre l’affaire qui oppose la célèbre écrivaine camerounaise Calixte Beyala, à Paul Chouta, Web activiste incarcéré depuis 6 mois à la prison principale de Yaoundé Kondengui et Mme Ngo Mispa, promotrice de l’école « les Paradis des anges » à Douala, qui doit avoir des démêlées avec la plaignante, comparaît libre.

Dans sa plainte du 23 avril 2019, Calixte Beyala impute à Paul Chouta, et à un certain Nyamsi, les faits d’apologie de viol calomnie, injures et harcèlement publiés par voie d’internet, entre autres, dans Google, Facebook, YouTube et Camer. Be.

Dans une autre plainte, elle accuse la propriétaire des « Paradis des anges » de complicité des mêmes infractions devant le Tribunal de première instance de Yaoundé—centre administratif. En réalité, les deux affaires étaient initialement instruites par de§ magistrats différents et le représentant du parquet a demandé et obtenu que les deux procédures soient jointes. C’est qui a fait à l’audience du 10 septembre 2019, en dépit de la contestation des avocats de Chouta.

Curiosités de l’affaire avait donc été renvoyée au 8 octobre 2019 pour l’ouverture des débats. Contre toute attente, le collectif des avocats de l’accusé Paul Chouta sera en face de nombreuses surprises. D’abord, il constate que l’affaire n’a pas été programmée à l’audience du 8 octobre et que leur client est absent dans la salle pour n’avoir pas reçu le mandat d’extraction.

Ensuite, le juge en charge de l’affaire leur apprendra que le dossier se trouve désormais à la Cour d’appel du Centre. Après des investigations menées par les avocats de la défense, il s’avère qu’il y a eu un appel dans le dossier portant sur la jonction des procédures. Ledit appel a été interjeté par Me Pondi, l’un des conseils de Mme Ngo Mispa, qui l’aurait fait d’initiative sans consulter sa cliente, ni ses confrères constitués dans l’affaire.

Pour approfondir :   Cameroun : Dieudonné Essomba s’en prend à un homme d’affaires qui aurait bénéficié de 63.000 hectares pour créer une cacaoyère

Les avocats de la défense indiquent qu’une telle démarche porte un tort à leur client qui est en détention et n’a pu obtenir la mise en liberté qu’il avait pourtant sollicitée. Tous ces griefs ont alors provoqué une vive contestation au sein du collectif des avocats de Paul Chouta qui crie au dilatoire et dénonce la manière cavalière dont le dossier querellé est parti du TPI pour la Cour d’appel. Les avocats ont demandé avec insistance au juge de suspendre l’affaire pour permettre que le dossier de procédure soit retrouvé au greffe.

En vain Me Michèle Ndoki qui reprend du service après sa libération la semaine dernière, se dit choquée par le fait que son client soit longuement privé de liberté depuis 6 mois, sans jugement. Elle craint que cette situation perdure davantage avec le revirement de l’affaire au moment où la mise en liberté lui a été refusée. Ses confrères corroborent cet avis. Selon Me Ntchale, il revenait au juge d’ordonner le sursis à statuer en audience et qu’il n’appartient pas au greffe d’enlever d’autorité un dossier du rôle, comme cela a été fait dans le cas cette affaire.

Pour les avocats, cette affaire dégage une odeur d’imbroglio teintée du dilatoire entretenue par une main noire qui veut la tête de leur client. Dans un commentaire, Me Christian Ntimbane, avocat aux barreaux du Cameroun et de Paris, explique le fait d’alléguer des faits qui porteraient atteinte à l’honneur et à la considération d’une personne sans être à mesure d’en apporter la preuve, constitue la diffamation dont le maximum de peine est de 6 mois.

Pour approfondir :   Vers la délivrance du passeport en 24 heures au Cameroun ?

Réagissant aux propos de ses confrères d’en face, Me Ntede Faustin, avocat de Calixte Beyala, absente à l’audience, précise que ce n’est pas sa cliente qui a interjeté appel et que les diligences des voies de recours ne dépendent pas du juge, mais du greffe. Il a, par ailleurs, indiqué que la partie civile est prête pour les débats. « Notre vie intime a été rendue publique, nous voulons que justice nous soit faite. Nos contradicteurs se rendent compte delà gravité du’ recours qu’ils ont eux-mêmes introduit. Ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes », a-t-il confié.

À sa suite, la représentante du parquet pense, quant à elle, indique que le débat actuel est sans objet à partir du moment où l’affaire n’a pas été programmée à l’audience. Pour elle, il faut attendre le retour du dossier de la Cour d’appel. L’audience s’est finalement terminée en queue de poisson. En principe, d’après Me Henri Kouokam, les lieux procédures-ayant déjà été jointes, le juge sursoit à statuer jusqu’à ce que la Cour d’appel vide sa saisine. Après l’appel l’affaire reviendra devant le même juge pour ouverture des débats.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fanon

Mort de l’élève au collège Frantz Fanon : Les révélations du chef d’établissement

Tribunal

Cameroun : Un père incendie son enfant pour sorcellerie