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Owona Nguini explique la logique de Paul Biya après la réélection de Niat Njifenji et de Cavaye Yeguie

Niat et Cavaye Y

 Alors que le président de la République avait annoncé un renouvellement de la caste politique, les patrons sortants des deux chambres du Parlement camerounais ont été réélus au terme des assemblées électives qui se sont successivement tenues le 18 mars 2020. Si le verdict a suscité l’ire de beaucoup de compatriotes, Mathias Owona Nguini estime qu’il s’agit d’une « lecture naïve de la promesse présidentielle de la transition générationnelle ».


Niat et Cavaye Y
Cavaye Yeguie, Niat Njifenji (c) Droits réservés 

« Aussitôt que le président Paul Biya a évoqué la transition générationnelle, certains avec une légèreté inexplicable et une naïveté notable, ont entrevu le départ du perchoir des présidents du sénat Marcel Niat et de l’Assemblée nationale Djibril Cavaye Yeguie », constate le politologue dans un post Facebook réalisé le dans la soirée du 18 mars 2021.

Selon le Vice-recteur de l’Université de Yaoundé I, les indignés réagissent « comme si le président Biya avait évoqué que ladite transition générationnelle commencerait par un changement à la tête des deux chambres du parlement camerounais. C’était oublier que dans les constantes de la régulation politique élitaire depuis l’ouverture des enceintes parlementaires à la concurrence politico- électorale, il n’y a pas eu de changement de président d’une chambre parlementaire à l’occasion du renouvellement annuel du bureau des assemblées ( le Sénat depuis 2013 et l’ Assemblée nationale depuis 1992) », explique-t-il.

Paul Biya a un art économe dans la gestion de la redistribution de telles positions de souveraineté

« Par ailleurs, ceux qui attendaient que la présidence des deux chambres soit renouvelée, ne connaissent manifestement la subtilité et l’habileté politico- manœuvres du président Paul Biya comme capitaine politique. De ce point de vue, contrairement à ce que pensent les profanes, le changement à la tête des deux organes du parlement aurait donné l’occasion aux acteurs d’opposition d’épingler le président Paul Biya comme un leader prêt à se débarrasser de ses deux lieutenants institutionnels éminents que sont les patriarches Niat et Cavaye Yeguie, pour mieux se cramponner à sa propre position qui est la position présidentielle. Ceux qui croyaient à un tel changement, ignorent le fait que le président en tant que capitaine politique a un art économe dans la gestion de la redistribution de telles positions de souveraineté et de représentation. Il n’a pas nécessairement intérêt à modifier à un rythme élevé l’occupation de la présidence des chambres du parlement ».

Mathias Eric Owona Nguini termine en relevant que la nomination des jeunes à des postes de souveraineté n’est pas un gage de réussite ou de stabilité. De même, aucun texte ne contraint le président de la République à le faire. « Nommer des « jeunes » à ces positions peut avoir pour effet pervers de contribuer à un renchérissement de la compétition intra-régime en vue d’une éventuelle succession. Pour ceux qui versent dans la juvénolâtrie populiste, il faut rappeler qu’aucune disposition constitutionnelle, légale ou réglementaire n’établit de plafond pour l’âge des présidents de ces deux chambres. Il convient ainsi de noter que ladite transition générationnelle pour autant qu’elle prenne corps, se fera à partir de la mobilisation d’autres leviers décisionnels et institutionnels. Sur les terrains où elle pourrait se déployer, les bénéfices politiques qu’on peut en escompter seront moins difficiles à capitaliser. On ne comprend pas l’art politique en s’appuyant sur l’épanchement émotionnel mais en se fondant sur l’examen rationnel. L’analyse politique consistante requiert aussi d’avoir entre autres ressources, des compétences analytiques et herméneutiques que l’on ne peut obtenir par l’intuition propre mais que l’on atteint par l’intellection préparée et l’attention exercée », conclut le politologue.

Pour approfondir :   Retour des Nordistes au pouvoir après Paul Biya : Guibai Gatama fait appel à Mamadou Mota

 


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