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Grand dialogue national : Cabral Libii écrit à Paul Biya

Cabral BIYA

Ce dimanche 29 septembre 2019, veille de la tenue du grand dialogue national, le Président National du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) a adressé une lettre au Chef de l’Etat. Cette correspondance porte sur le grand dialogue national qui commence ce lundi 30 septembre 2019 au palais des congrès de Yaoundé. Le Coordonnateur du Mouvement onze millions de citoyens exprime ses inquiétudes sur la tenue de cette grande concertation avec l’accaparement par les élites militantes du parti au pouvoir et l’absence des leaders anglophones à l’instar de Mancho Bibixy et Ngalim. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de la lettre.


Cabral BIYA
Paul Biya et Cabral Libii – Mtg

GRAND DIALOGUE NATIONAL,

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT PAUL BIYA

Monsieur le Président de la République,

Au nom du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale que j’ai l’honneur de conduire, je salue une fois de plus l’annonce du Grand Dialogue National, convoqué après un long moment d’attente, même si l’on peut regretter le nombre de vies perdues depuis Novembre 2016.

Ce dialogue que le PCRN et d’autres acteurs politiques ont appelé de tous leurs vœux, au même titre que des organisations de la société civile, les populations, nos partenaires extérieurs, représente pour notre pays, le nouveau départ, qui devra nous permettre de corriger les erreurs du passé, en réécrivant un contrat social qui engagera nous-mêmes, ainsi que les générations futures.

Néanmoins, permettez-moi d’exprimer mes plus vives inquiétudes, concernant l’issue de ce rendez-vous que le Cameroun a pris avec son histoire, sur deux points particuliers :

L’accaparement du Grand Dialogue National par les cadres de votre parti politique le RDPC, et l’absence des leaders charismatiques et légitimes anglophones nommément MANCHO Bibixy et NGALIM Felix.

En effet, dans l’esprit de votre discours du 10 Septembre dernier, cette convocation est nationale s’adresse certes à tous les enfants du Cameroun, sans distinction d’appartenance politique, de classe sociale, et autres considérations sectaires, mais principalement aux compatriotes du NOSO.

Si la désignation du premier ministre chef du gouvernement a fait une relative unanimité, c’est sans doute du fait de la nature affable qu’on lui prête, du fait qu’il est lui-même originaire du Sud-Ouest et parce que c’est le Chef du gouvernement. Mais seulement, nous notons que les hauts cadres de votre parti politique le RDPC, s’imposent avec des quotas de participation pléthoriques, ce qui confère en l’état une allure de congrès du parti à cette rencontre. Cet dénaturation manifeste du Grand Dialogue National par vos militants remet sérieusement en cause le caractère consensuel de ces assises et pourrait entacher considérablement le dérouler.

Aussi, je vous invite à prendre des mesures urgentes pour que la participation des différents acteurs se fassent de manière équitable et juste, afin d’éviter tout amalgame. C’est en qualité de président de la République et non de Président National du RDPC que vous avez convoqué le Grand Dialogue National. Les organisations concernées sauront quant à elles privilégier les compatriotes originaires des régions du NOSO en particulier, et la diversité en général, en leurs seins respectifs.

D’autre part Monsieur le président, lors de ma rencontre avec le premier ministre, je lui ai fait remarquer la nécessité de libérer les prisonniers de cette crise, en donnant la priorité à ceux qui se sont dits prêts à travailler au retour à la paix. Je lui ai fait la même proposition concernant les prisonniers de la crise post-électorale, dans la mesure où ceux-ci s’engageraient à mettre un terme à des démarches de nature à exacerber les tensions sociales. De telles mesures s’inscriraient dans le cadre de la l’apaisement et de l’inclusion, en prélude à la concertation annoncée.

Je ne saurais donc cacher ma surprise et mon incompréhension concernant le maintien en détention des compatriotes MANCHO Bibixy et Felix NGALIM au moment où des revendications qu’ils furent parmi les premiers à porter seront discutées. Ces deux leaders sont à l’aube de la crise qui secoue aujourd’hui les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest. Ils ont l’avantage d’avoir conservé la légitimité auprès des populations, mais aussi d’appartenir à la branche dite modérée de la crise anglophone.

Par ailleurs, ils sont des rares acteurs majeurs de cette crise, à avoir soutenu le retour à l’école en zone anglophone, ils ont répondu expressément à votre appel au dialogue et ont fait savoir par des lettres ouvertes qu’ils saluent votre initiative et sont disposés à travailler à vos côtés pour que des solutions optimales soient trouvées à l’issue de ces assises pour un retour effectif de la paix dans ces deux régions.

Monsieur le Président de la République, vous avez convié tous les enfants du Cameroun à ce dialogue, y compris les sécessionnistes qui ont posé des actes d’une rare cruauté dans le cadre de la « guerre ». Par la bouche du porte-parole du Grand Dialogue National, vous leur avez offert des garantis de « non poursuites » à ceux qui sont disposés à sortir de la brousse pour s’assoir à la table de discussion, ils ne courent aucun risque. Vous avez d’ailleurs créé depuis quelques mois une commission de désarment et de réinsertion sociale pour ceux-là. Mais comment comprendre que MANCHO et NGALIM qui vous tendent officiellement la main demeurent exclus de ce dialogue ? Quels que soient les griefs qui de votre point de vue pourraient justifier cette mise à l’écart, je vous suggère Monsieur Le Président de La République, au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat, de mettre en œuvre au moins le pardon que vous avez évoqué dans votre discours, concernant ces compatriotes.

Vous avez le pouvoir de suspendre ou d’éteindre l’action publique contre ces compatriotes en votre qualité de patron de l’exécutif dont dépend le ministère public. Ce sera un message fort, rassurant et en droite ligne avec votre discours du 10 Septembre. Traiter les modérés qui vous tendent la main sans indulgence, tout en coopérant avec ceux qui ont abordé les extrêmes pourraient dévoyer le message d’apaisement que vous portez.

Le Cameroun est au-dessus de nous tous, nous avons là une occasion là de lui donner la priorité.

Le monde entier nous observe, nous avons la responsabilité de prouver à ceux-là que nous sommes capables de résoudre nos différents « en famille »

Salutations patriotiques

Cabral LIBII

Président National du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN)


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