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Yaoundé : Un prisonnier du MRC promet de se donner la mort le jour de la Fête nationale

Djieukou Mouaffi

Dans une lettre testamentaire publiée ce 10 mai 2019, Jean Paul Mouaffi, militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) arrêté à Bafang dans le Haut-Nkam à l’Ouest du Cameroun, après les marches du 26 janvier, promet de se donner la mort à Kondengui le 20 mai prochain, si rien n’est fait par le régime de Yaoundé.      

                                                Djieukou Mouaffi

Jean Paul Mouaffi – (c) DR

« Si le régime de M. BIYA persiste dans sa logique de sauvagerie politique et son indifférence face à la dégradation sociale qu’il a créé et l’entretient, je me donne la mort le 20 mai 2019 au nom de la libération du peuple camerounais. », écrit-il

Il ajoute : « Je vais me suicider ce 20 mai si jamais un seul combattant se trouverait encore dans une prison du Cameroun. »

Jean Paul Mouaffi confie que rien ne l’empêchera de se « donner en sacrifice suprême ce jour, si rien n’est fait dans le sens de l’amélioration du climat sociopolitique au Cameroun. ». «  Même ligoté, je réussirais à traverser pour l’au-delà, rester aux côtés des UM NYOBE, OUANDJIE et les autres », poursuit-il.

Ci-dessous, sa lettre publiée ce 10 mai

Prison Centrale de Yaoundé

Le 10 mai 2019

Chers Compatriotes,
Je suis DJIEUKOU MOUAFFI jean Paul, né le 24 septembre 1986 à Bafang ; fils de MOUAFFI et de FANKAM.

Je vous livre ici, mes ultimes paroles sur le sens de mon combat politique et les raisons de ma séparation de corps avec vous.

Je ne suis ni un lâche, ni un faible. Ceux qui me connaissent ont de belles images de la détermination qui m’anime face à mes engagements. J’ai choisi de donner à ma manière, un autre ingrédient à la lutte pour la libération du peuple camerounais, gage d’une société juste et équitable, qui protège sans discrimination l’ensemble de ses enfants.

Pendant longtemps, j’ai été un militant du rdpc ; le soutien que j’apportais à M. BIYA faisait de moi un camerounais patriote. Après avoir fait le constat que le régime de M. BIYA était frappé d’une infertilité incurable, et que la meilleure alternative crédible était le MRC, je suis aujourd’hui traité plus qu’un tribaliste ; le régime me qualifie autant que les centaines d’autres manifestants pacifiques embastillés, de terroriste, d’hostile à ma patrie…

Malgré ma séquestration politique, les tortures quotidiennes et les menaces permanentes qu’inflige le régime de M. BIYA, je me sens plus libre aujourd’hui au sein du MRC et surtout aux côtés du Président Élu, le Professeur Maurice KAMTO, que pendant mes années de militantisme au sein du parti qui a pour logo, le feu. M’étant rendu compte de ce que ce feu avait consumé l’essentiel de la substance positive de notre société pour ne laisser émerger que : la corruption, l’exclusion ethnique, la gérontocratie, le sectarisme, l’inertie, la terreur…, j’ai opté pour ma propre délivrance psycho-morale en quittant ce parti-État.

Ces tares que je viens de citer, constituent un faisceau de dispositif instrumental à partir desquels, le régime engraisse la précarité sociale.

C’est là, toute la différence avec le Mouvement Pour la Renaissance Du Cameroun (MRC). Le MRC tranche avec les idéaux et pratiques d’exclusion. Son offre politique et sociale ainsi que les acteurs qui le portent, renseigne énormément sur le type de société intégrée et apaisée que rêve la grande majorité des camerounais. C’est avec fierté que j’ai œuvré aux côtés des hommes et femmes intègres comme le Professeur Maurice KAMTO, Alain FOGUE, Mamadou MOTA. Médard LIPOT, Michèle NDOKI, OKALA EBODE, Justin NOAH,… et même nos alliés : Paul Éric KINGUE, PENDA EKOKA, NISSACK…

Je ne pouvais jamais imaginer au départ que l’idéal visé par le MRC, agirait sur le régime de M. BIYA comme le sel sur un ver de terre. M. BIYA, et son régime ont transformé notre pays au bout de 37 ans, en un enfer sur terre où tout tourne à l’envers. Les «vrais» camerounais sont ceux qui matérialisent les détournements, la corruption, le sectarisme, l’exclusion ethnique… Les «ennemis» de la «république» sont ceux qui revendiquent une société juste et qui surtout militent aux idéaux du MRC.

Au même titre que les centaines d’autres combattants pris en otage et gardés avec moi ici à la prison Centrale de Yaoundé, je ne suis :

— ni terroriste,

— ni hostile à la patrie,

— ni destructeur de biens publics,

— ni rebelle,

— ni….

Pour bien voir, c’est notre amour acharné pour la patrie camerounaise qui est cause de notre prédation par le régime des gens qui mangent, se vêtissent, se soignent, se reposent… hors de notre «enfer» qu’ils ont eux-mêmes créé, à coût de nos milliards. Le MRC veut empêcher à ces jouisseurs du régime BIYA, de continuer à aller s’amuser en Suisse avec notre argent pendant qu’on manque de tout au pays.

L’essentiel des motifs que le régime BIYA veut nous coller est pour nous, une grosse découverte. Nous ne sommes pas ce que veut faire passer ce gouvernement sanguinaire.

Nous sommes ceux qui pensent qu’il est temps de restaurer à notre pays, sa dimension républicaine à travers des actes forts tels que :

— L’organisation d’un cadre de concertation inclusif pour mettre fin à la guerre (génocide) en régions anglophones ;

— La réforme du cadre normatif du processus de sélection des représentants du peuple ;

— La restauration globale des institutions démocratiques où l’indépendance des pouvoirs se vit ;

— La lutte contre la corruption et les détournements ;

— L’encadrement de la diversité socio-ethnique…

Chers compatriotes, 
Vous comprenez que les fruits d’un tel combat ne peuvent profiter qu’à l’ensemble du peuple camerounais. Notre combat n’est ni nombriliste, ni égoïste et ne vise pas discriminatoirement qui que ce soit. Notre engagement vise une pacification de notre société. C’est pour cette raison que je pense que ce combat est le nôtre à tous.

C’est pour cela que je me prépare au sacrifice suprême. Si le régime de M. BIYA persiste dans sa logique de sauvagerie politique et son indifférence face à la dégradation sociale qu’il a créé et l’entretient, je me donne la mort le 20 mai 2019 au nom de la libération du peuple camerounais. Je vais me suicider ce 20 mai si jamais un seul combattant se trouverait encore dans une prison du Cameroun.

Ceci n’est ni une menace, ni un chantage ; mais l’expression d’une vision que je me suis profondément intégrée.

Rien ne m’empêchera de me donner en sacrifice suprême ce jour, si rien n’est fait dans le sens de l’amélioration du climat sociopolitique au Cameroun. Même ligoté, je réussirais à traverser pour l’au-delà, rester aux côtés des UM NYOBE, OUANDJIE et les autres.

J’ai cessé depuis longtemps d’être le fils de ma simple famille ; je suis le fils du peuple camerounais tout entier. C’est pourquoi, je demande que ma mort ne soit traité comme les cas ordinaires. Je demande que le peuple camerounais organise mes obsèques dans tous les chefs-lieux de département et qu’il en fasse une grande fête pour libérer définitivement notre pays des mains des dictateurs actuels.

Je demande également que ma dépouille soit abandonné au gouvernement dictatorial du rdpc. L’organisation de mes obsèques, bien que confiée à l’ensemble du peuple camerounais, doit être assurée au sommet par le Mouvement Pour La Renaissance Du Cameroun (MRC).

Le conseil que je laisse aux chantres du régime, est qu’il se fait tard pour eux. Il est urgent pour vous de demander pardon au peuple, laisser le pouvoir à son titulaire et faire la réconciliation avec vos remplaçants.

Quant au Président Élu, le Professeur Maurice KAMTO, en attendant que je vous livre mes stricts confidences (même si je sais que vous n’accepterez jamais que l’un des vôtres opte pour cette posture), rassurez-vous que même mort, vous bénéficierez du soutien sans faille de mon esprit. Vous êtes un vrai leader, un grand patriote, un homme vertueux…

Je suis certain que ceux qui auront la chance de survivre aux canons du régime BIYA, trouveront du sourire avec vous. J’aurai bien aimé être parmi ceux sur qui vous vous attacherez pour transformer notre pays ; mais… rangez-moi dans le cadre des ingrédients.

Chers compatriotes, 
Acceptez sans regret mon sacrifice. Je suis certain que le peuple camerounais obtiendra dans un délai proche, sa libération. Les 37 ans de désintégration de notre nation seront vite rattrapés.

Restez gouverner notre pays sur la base de l’équité, de la justice et de l’amour !

Que l’être humain soit toujours au centre ce nos décisions !

Que le combat s’accélère !

Le 10 mai 2019 
MOUAFFI JEAN PAUL
Prison Centrale de Yaoundé


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