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Yves De Mbella condamné à 12 mois de prison

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Yves De Mbella et son invité, le récidiviste violeur ont été arrêtés et placés en garde à vue. Ils ont été présentés au juge le mercredi 01er septembre 2021 pour répondre des faits dits d’apologie de viol sur la NCI. Les deux ont été condamnés.

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Yves De Mbella – capture photo

Yves De Mbella écope de 12 mois de prison avec sursis et 2.000.000 de Fcfa d’amende. Cette condamnation est assortie d’une interdiction de paraitre sur le reste du territoire ivoirien, à l’exception de son lieu de résidence, voire à Abidjan.

Son co-accusé, Abdou Traoré Chérif écope de 24 mois d’emprisonnement avec sursis et 500 000 Fcfa d’amende. Il médite son sort à la maison d’arrêt de correction d’Abidjan (MACA).

Lebledparle.com vous propose le commentaire Jean-Pierre Bekolo.

LE VIOLEUR DE YVES DE MBELLA ET LA TELEVISION QUI SOIGNE

Le cinéma, la télévision et les réseaux sociaux constituant désormais les champs audiovisuels dont parle  Patrice Blouin nous offrent un futur de la société dans lequel nous vivons. Si la séquence de l’émission télévisée diffusée le 30 août 2021, en direct et à une heure de grande écoute, sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), d’un épisode de l’émission de divertissement La Télé d’ici Vacances consacré au viol, où on voit un violeur qui rejoue pour les téléspectateurs une scène de viol a choqué, c’est parce que ces images que nous regardons ne se contentent plus d’être derrière nous, elles sont notre futur.  Toutes ces technologies qui rendent ces images possibles devraient être là pour nous aider dans nos problèmes quotidiens.

Ce n’est pas un hasard si ce n’est pas à Hollywood mais à Washington dans un arrêt de la Cour Suprême de 1915 dans l’affaire Mutual Film Corp. contre la Commission Industrielle de l’Ohio que le cinéma a été défini comme nous le définissons aujourd’hui. La cour a affirmé que tous les films sont un business,  » pur et simple “. Ceux qui ont essayé de donner une autre définition au cinéma ont perdu.  La conclusion fut que le cinéma était et est bien plus qu’un simple spectacle muet, un écran vers lequel nous jetons les yeux uniquement pour nous amuser ou nous distraire. Quand bien nous penserons que le cinéma est une arène dans laquelle différents groupes luttent et se disputent le droit de façonner l’opinion publique et d’élaborer la politique sociale, il reste et demeure un business.

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Si, comme Georges Steiner, nous considérons chaque forme d’art sérieuse comme un acte critique, une critique de la vie, qu’elle soit réaliste, fantastique, utopique ou satirique, ici l’artiste, le cinéaste se définit contre le monde tel qu’il est. Jean-Luc Godard voit l’art du cinéma comme la création d’une image comme en radiologie qui permet d’identifier ce qui ne va pas dans la société pour mieux proposer un traitement. La société est vue comme un corps et comme toute personne qui aurait besoin d’être soignée. Christian Metz définit la fiction comme le « semble-réel ». Un miroir de la société qui, d’un point de vue psychanalytique, devrait être un prétexte pour le spectateur de se projeter. C’est son pouvoir d’identification qui fait fonctionner la fiction. Toute fiction est un leurre. Tarkovski lui parlant de cinéma se demande pourquoi l’humanité a renoncé si tôt à l’immortalité. Ces définitions qui concernent le cinéma pourraient être extrapolées à tous ces champs audiovisuels dont parle Patrice Bouin que sont aujourd’hui la télévisions et les réseaux sociaux.

Au lieu d’inviter un violeur, Yves de Mbella, le présentateur de l’émission aurait dû inviter Jorge. Jorge est un de ces enfants des rues, qui croyait qu’il était plus fort que les autres et c’est cette erreur qui l’a protégé contre tous les autres viols de la société; il s’est transformé en surhomme en se croyant plus fort que tout le monde. La television doit pouvoir traiter les violées comme les héros d’action ont soigné Jorge. Si les enfants sont passionnés par les héros d’action forts qui sauvent les gens comme Superman, Spiderman, Batman, c’est parce que les enfants eux-mêmes sont des êtres faibles, fragiles et vulnérables comme ces filles violées par le violeur de Yves de Mbella. Ce qui est vrai ici avec les enfants l’est aussi pour nous, les adultes. Ce que la télévision est capable de faire pour des enfants, elle peut le faire pour des hommes et des femmes retraités par exemple qui délirent parce que leur ancienne vie n’est plus possible.

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La scène du violeur d’Yves de Mbella nous choque parce qu’il y a identification du téléspectateur avec la victime. L’identification est une manière de compenser par la narration, les mécanismes de l’identité narrative opposée à une société qui crée des images et les oblige à s’y conformer, leur faisant constamment sentir que nous sommes en conflit avec une norme illusoire.

Cela nous amène à établir une sorte de connexion biologique entre le réel et le cinéma (ou la télévision dans le cas du violeur de Yves de Mbella). L’identification est la chose qui produit cette connexion biologique et physiologique où maintenant nous transpirons, notre pression sanguine augmente et plus encore. C’est elle qui nous donne envie de vomir en regardant le violeur de Yves de Mbella et c’est aussi elle qui est le médicament de ces enfants qui s’identifient à Batman contre les blessures rationnelles des adultes ou de l’humiliation historique d’une nation. Voilà comment le cinéma ou la télévisions peuvent nous rendre malade ou nous guérir. Le cinéma qui soigne ou le cinéma qui prend soin est mon nouveau chantier.

Jean-Pierre Bekolo, cineaste.


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