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[Tribune] : « Les journalistes de Cameroon Tribune et la CRTV doivent savoir que leurs organes de presse n’appartiennent pas au parti au pouvoir »

Samuel Billong

Dans son discours de présentation des vœux à la presse locale, le parti Mouvement Réformateur a ressassé l’actualité médiatique au Cameroun au cours de l’année 2021.

Samuel Billong
Samuel Billong (c) Droits réservés

S’il reconnait les efforts qu’il consent pour donner une place de choix aux organes de presse privée nationales, il dénonce aussi les travers du parti au pouvoir dont les actions rompent avec les réalités des citoyens.

Lebledpalre.com vous propose ci-dessous, les vœux du Mouvement Réformateur à la presse

Mesdames et Messieurs,

Chers amis de la presse,              

Permettez-moi avant toute chose d’adresser à chacun d’entre vous, à vos familles et aux médias que vous représentez, des vœux de bonne année 2022.

Il y a un an, nous nous étions déjà retrouvés à l’occasion d’un déjeuner de presse au cours duquel j’avais adressé les vœux du Mouvement Réformateur à la Nation à travers la presse.

Cette année, j’ai présenté les vœux de notre parti à la Nation à travers une lettre rendue publique la semaine dernière et, mon souhait est que la rencontre d’aujourd’hui avec les médias nous donne l’opportunité de faire un arrêt sur la situation de la presse dans notre pays et d’examiner ensemble la contribution de la presse dans la lutte pour les libertés fondamentales dans notre pays.

Pour ceux qui étaient déjà là l’année dernière, j’avais dit que pour le Mouvement Réformateur, la presse est bien plus que le quatrième pouvoir, elle est le socle de la démocratie. Bien entendu, cela n’a pas changé.

J’avais aussi marqué la disponibilité de notre parti à accompagner la presse dans une démarche visant à garantir une certaine indépendance financière des organes de presse, fort du constat de la clochardisation des médias privés par les pouvoirs publics. Il s’agissait alors de mettre sur pied un fond citoyen d’aide à la presse comme une réponse des démocrates et autres défenseurs des libertés pour donner aux journalistes les moyens d’un déploiement efficient.

Je dois relever pour le regretter le peu d’engouement que les patrons de presse notamment ont fait preuve tout au long de l’année 2021 pour cette idée, un peu comme résignés au triste sort de la presse dans notre pays. Peut-être, devrions-nous nous retourner vers les syndicats de journalistes ?

Devons-nous croire au Ministre des finances qui a laissé penser devant les parlementaires que d’autres patrons seraient nombreux à bénéficier de la ligne 94 du budget MINEPAD dans une totale opacité en laissant les journalistes, leurs employés dans le dénuement total ?

Il reste que pour le Mouvement Réformateur, la condition sociale des journalistes est une préoccupation de premier ordre. C’est pourquoi nous allons poursuivre les démarches pour améliorer le quotidien des femmes et des hommes de médias. Aujourd’hui et bien entendu demain lorsque nous serons en responsabilité.

Je veux dire que notre engagement pour une presse libre et indépendante, pour une libre expression de la pluralité des opinions ne vaut pas seulement aujourd’hui parce que nous ne sommes pas aux affaires mais c’est un engagement des réformateurs que nous sommes pour la promotion d’une véritable démocratie dans notre pays.

A côté de la condition sociale des journalistes, votre profession est minée par un certain nombre de maux comme la difficulté d’accès aux sources, la corruption, le trafic d’influence, les intimidations, les arrestations abusives… etc.

Il nous semble que sur le cas Samuel WAZIZI évoqué l’année dernière, les éclaircissements restent attendus des autorités sur les conditions de son décès alors qu’il était sous la responsabilité de l’armée nationale. Décédé entre les mains de l’armée avec un procès qui s’est poursuivi comme si de rien n’était. 

Si le cyber-journaliste Paul Tchouta est aujourd’hui libre, comment qualifier une procédure qui l’a maintenu en détention préventive pendant plus de 24 mois après 27 renvois pour être finalement condamné à 23 mois de prison.

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Je voudrais rendre hommage au professeur Gervais MENDO ZE qui, malgré tout le travail abattu à la CRTV et au-delà, malgré tous les services rendus à la Nation, nous a quitté en 2021 dans des conditions indignes d’une Nation civilisée. Comme pour l’humilier encore plus, les images du prisonnier sur son lit d’hôpital ont abondamment fait le tour de la toile.

Je saisi l’occasion de cet échange pour joindre la voix de notre parti à celles des journalistes et autres qui appellent à la libération d’Amadou Vamoulké, journaliste, ancien Directeur General de la CRTV en détention depuis près de 6 ans après plus de 80 reports d’audience.

La preuve est faite aujourd’hui que l’opération dite « épervier » dans sa conduite est une honte pour notre justice. Pour ceux qui sont pris dans les mailles de ladite opération, si vous avez encore des soutiens au sein du pouvoir, l’évacuation sanitaire est le prétexte pour vous libérer. Sinon, vous pouvez être acquitté, le système vous maintiendra en prison le temps d’ouvrir les tiroirs pour vous coller une autre affaire sur le dos, question de vous maintenir derrière les barreaux jusqu’à la mort.

Le régime RDPC s’est pourtant abondamment nourri de la corruption et des détournements des fonds pour lesquels certains sont prétendument poursuivis et des nombreux autres fonctionnaires milliardaires en circulation. Membres ou élus du parti au pouvoir qui financent les activités du parti au pouvoir avec l’argent des projets de développement détournés et servant à l’enrichissement des individus. Dans ces conditions, l’opération dite « épervier » ne peut apparaître que comme une opération d’épuration politique.  Sinon, rien ne justifie que certains soient en prisons et d’autres pas.

De la même manière que notre parti appelle à la libération des prisonniers de la crise anglophones et de la crise postélectorale, nous appelons à la libération des prisonniers de l’opération dite « épervier ».  Notre pays a besoin d’un nouveau départ et pour cela, le Cameroun a besoin de tous ses enfants autour d’une grande concertation visant à jeter les bases d’un pays uni, libre et moderne.

C’est collectivement que nous devons reconstruire l’unité et la paix dans notre pays en œuvrant notamment pour la paix dans l’extrême nord et dans les régions anglophones du pays. En travaillant pour une transition démocratique du pouvoir au sommet de l’Etat.

Pour faire face à ces défis et à bien d’autres, notre parti a fait des propositions à la Nation sous la forme d’un Manifeste pour « sortir de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest et fonder un état démocratique »

Si l’on veut résumer en quelques mots ce document, il faut retenir que pour reconstruire la concorde nationale, relancer l’économique et garantir une paix durable dans le pays, le Mouvement Réformateur appelle à mettre sur pied un Gouvernement d’union nationale avec des missions bien précises:

1. proclamer un cessez le feu dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest ;

2. organiser un Dialogue national inclusif entre tous les enfants de la patrie ;

3. engager la reconstruction des zones en guerre et assurer le retour des populations ;

4. reformer le système électoral pour garantir des élections transparentes et acceptables par tous ;

5. Organiser un referendum local d’autodétermination des populations dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest ;

6. Assurer une transition démocratique et paisible au sommet de l’Etat au terme de l’actuel mandat du Président de la République.

Notre Manifeste a été rendu public à la mi-octobre 2021 à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est déroulée dans notre permanence départementale à Akwa, Douala.

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Il faut se rendre à l’évidence que, de manière générale, la presse n’a pas fait grand écho de cette proposition à la fois originale et démocratique qui de notre point de vue est la voie idoine pour remettre notre pays sur les rails.

Nous aurions aimé avoir des plateaux de débat sur l’idée d’un referendum local d’autodétermination comme solution à la paix dans les régions anglophones. Il y en a eu très peu.

Les camerounais dans une immense majorité sont contre la guerre que le Gouvernement met en avant comme solution pour la paix dans ces régions. Gros paradoxe.

Les médias doivent se mettre du côté des populations pour infléchir la position guerrière des pouvoirs publics parce que tout compte fait, la guerre en aucun cas ne profit à la Nation. Bien au contraire.   

Sur la crise dans les régions anglophones et sur bien d’autres sujets, la vocation de notre parti est de nous mettre aux cotes des populations, au service de tous et de chacun, de rassembler tous les camerounais et de travailler pour l’unité nationale. Comme l’indique notre devise, l’unité nationale est la priorité des priorités pour le Mouvement Réformateur.

Loin des positions politiciennes des gens qui se sont engagés en politique pour leurs intérêts privés, c’est l’intérêt supérieur de la Nation qui est la boussole du Mouvement Réformateur.

Notre position n’arrange visiblement pas une certaine presse qui aurait aimé nous voir alignés sur telle ou telle position parce que la presse dans notre pays comme ailleurs est traversée par des courants politiques déjà installés et manque de ce point de vue une certaine indépendance.

Si certains médias privés au constat sont marqués politiquement du fait de leur actionnariat, des conditions de leur financement ou de la proximité du promoteur avec tel ou tel courant politique, tout cela étant au demeurant compréhensible, le service public de la presse doit être ouvert à toutes les sensibilités, à toutes les opinions. Cameroon Tribune et la CRTV notamment ne sont pas des organes du parti au pouvoir. Les journalistes qui y travaillent doivent le savoir. A défaut, ils sont indignes de travailler dans le service public.

Je vais terminer mon propos avec deux remarques ;

Le Mouvement Réformateur va saisir, dans les prochains jours, le Conseil National de la Communication sur la place de Canal+ dans le paysage audiovisuel de notre pays. Il ne nous semble pas normal que la CRTV soit payante dans le bouquet Canal+ et que dans de nombreuses zones du pays l’on ne puisse avoir accès à la CRTV qu’a travers Canal+. Tout comme la forte inflation de plus de 800% des prix de Canal+ depuis quelques années dans l’indifférence des pouvoirs publics ne nous semble pas justifiable… Sur ces aspects et bien d’autres, nous allons solliciter les explications ou les éclairages du CNC.

Les projets de la CAN ayant été très mal pensés autant dans la définition des prix que dans leurs planifications et le protocole sanitaire adopté par les pouvoirs publics étant prohibitif pour l’accès aux stades, dissuasif pour de nombreux africains dans les pays voisins qui auraient aimé faire le voyage du Cameroun, la seule retombée positive que nous pouvons attendre de l’organisation de la CAN dans notre pays est la victoire de notre équipe nationale de Football. C’est pourquoi nous disons fortement,

 « Allez les lions indomptables ».

Bonne et heureuse année 2022 !

Samuel BILLONG

Président National


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