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[Tribune] Richard Makon : « Un peuple impréparé au changement est un danger pour les porteurs du projet de changement »

Makon R C

L’universitaire et chercheur en sciences sociales a commis une tribune libre le 28 août 2021, dans laquelle, il revient sur la révolution, le changement. Le juriste pense qu’un peuple qui n’est pas pour le changement se constitue comme un obstacle pour les promoteurs du changement. Pour lui, on ne peut pas vouloir le changement et rester statique, il faut bouger.

Makon R C
Richard Makon – DR

Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

UNE RÉVOLUTION SE PRÉPARE

Il est constant que l’être humain a horreur du changement, des incertitudes qui peuvent naître d’une modification de l’ordre des choses. Bien que le passé soit sombre, le présent aigre, les douleurs du quotidien sont plus supportables que les incertitudes qui étoilent le ciel des lendemains.

Malgré les vicissitudes de son quotidien, les douleurs d’un présent outrageant, les craintes d’un futur incertain sont telles que les Hommes préfèrent adoucir la monotonie et la tristesse de leurs jours en espérant un changement qui leur tomberait dessus comme par enchantement ! La mane du changement ! Le miracle du changement !

C’est la raison pour laquelle, bien qu’appellant le changement de tous leurs vœux pieux, très peu dans notre société sont prêts à travailler à son avènement, et quasiment personne n’est disposé à changer soi-même pour donner l’exemple et constituer un terreau fertile de son expérimentation.

Le changement impose de sortir de sa zone de « confort », qui est en réalité un espace de conformation, pour rallier le territoire des risques et les chemins escarpés des incertitudes et des imprévus !

Pour approfondir :   Task Force Covid-19 et Task Force Can 2021 : les médailles du vol des détournements de deniers publics, de la perversité et de la médiocrité

Malheureusement dans une société lessivée par la souffrance et des traumatismes d’un passé sombre, d’un présent chaotique et d’un futur confisqué, dans une communauté de destin embourbée dans une tragédie collective, prise au piège par des décennies de malgouvernance et d’obscurantisme, nombreuses sont ces victimes qui croient que la révolution se joue et se mène contre leurs intérêts… et croient se protéger en se constituant en une digue contre les flots dévastateurs de la révolution !

C’est pourquoi le changement n’est pas une génération spontanée ! Un peuple impréparé est un frein au changement et un obstacle à toute révolution !

Un peuple qui n’est pas préparé au changement, surtout aux bouleversements que peuvent sécréter des révolutions, est un danger pour les porteurs du projet de changement, qu’ils pendront haut et court au premier accroc sur le chemin du changement !

Un Peuple impréparé ne croit en rien, n’adhère à rien, se démobilise à la première difficulté, et tue ses révolutionnaires. Les évolutions l’irritent, les révolutions l’horrifient et le rendent irascible,  confiné dans un sectarisme brutal et un conservatisme foncier, il traque jusqu’au sang toutes les petites mains et les petits soldats de la révolution.

L’errance actuelle de notre Peuple, son attitude apathique face à l’ordre gouvernant, son rapport paradoxal avec les multiples oppositions au pouvoir en place, son sectarisme villageois mâtiné d’un tribalisme grégaire qui fait germer les épines de la violence en tous points et multiplie les fratricides témoignent à suffisance que le travail de sensibilisation, d’éducation, de formation est encore insuffisant.

Pour approfondir :   Mathias Éric Owona Nguini : « Pas de développement pour l’Afrique sans l’unification panafricaine »

Il faut redoubler d’ardeur dans cette tâche d’éveil, de conscientisation et de capacitation, grâce à un leadership transformationel et une détermination à toute épreuve, qui suscite confiance et adhésion, parce que révélant l’exemplarité des leaders et leur esprit de service.

Les graines du changement semées par nos devanciers ne bourgeonnent pas encore. Certaines graines, parce que tombées sur des cœurs en pierre, ont été brûlées par l’acide de leur noirceur. D’autres encore, tombées sur le chemin, ont été dévorées par les corbeaux vampires des conservateurs. La petite part restante, arrivée dans le champ labouré pour le changement, peine à germer par manque de bonne terre, c’est-à-dire des esprits, des cœurs et des corps disposés et prêts aux sacrifices de la révolution…

La révolution, à la fois cure de jouvence et mortel élixir, est le pharmakon de la démocratie, à la fois son remède et son poison !


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