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[Tribune] Cameroun : Bernard Njonga s’est retiré !

Njonga Bernard

L’atmosphère était lourde chez Bernard Njonga ce soir (dimanche 21 février 2021, Ndlr). C’est le deuil. Le maître des lieux ne reviendra finalement pas vivant au Cameroun. Il y a un an, le 02 février 2020, en pleine campagne électorale, j’avais cru déjà que tout était fini. Le candidat Njonga, évacué un mois plus tôt vers la France, en janvier 2020, ne répondait plus à son directeur de campagne. Les législatives 2020 se déroulèrent donc sans la présence du candidat. Par la grâce de Dieu, il a pu vivre un an de plus mais, sa course s’est effectivement arrêtée ce soir du 21 février 2021 alors qu’il avait annoncé son retour à plusieurs personnes.


Njonga Bernard
Bernard Njonga – DR

Bernard Njonga part sans réaliser son projet politique. Il voulait « Croire au Cameroun ». Il pensait qu’il fallait « Oser ensemble » pour y arriver. Il disait qu’il n’avait plus rien à prouver en tant que société civile. Il pensait qu’il était temps de conquérir tout ou partie du « pouvoir de décision » pour impulser directement le changement qu’il prônait depuis 30 ans et que les décideurs tardaient à implémenter. Il voulait continuer en politique ce qu’il avait déjà réalisé dans la société civile. D’où le titre « Je continue… » de son livre campagne.

En 2016, il était alors le premier à se préparer pour les futures présidentielles. Il voulait le faire à l’américaine. Il sortit son livre de campagne en français et en anglais. Il fit imprimer ses gadgets à l’étranger et assura l’entrée discrète au Cameroun. Tout était prêt même pour l’éventualité de l’anticipation des élections. Mais, tout est tombé dans l’eau car, la nature en avait décidé autrement. Il s’est préparé pour les législatives 2020 mais, il n’a pas pu. La maladie eut raison de lui. Il n’a pas pu conquérir même une partie de ce fameux pouvoir de décision pour montrer un modèle pilote de transformation agricole dans le Moungo. Comme quoi, quand le corps décide de s’arrêter, ça s’arrête.

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Enfin, Bernard pensait qu’il était possible de transformer le Cameroun en 4 ans par l’agriculture. Il laisse un héritage militant largement partagé par les Camerounais de tout bord. Je me rappellerai toujours ce soir du dernier délai de dépôt des candidatures. Il était 23 heures à ma montre et le dossier de Bernard que je portais n’était pas complet. Il fallait encore faire légaliser ses fiches et payer sa caution. Tous les services publics étaient fermés. Je me suis rendu désespérément à Elecam dans le but de déposer le dossier même incomplet. Un des fonctionnaires de police qui assuraient la sécurité des lieux me fit signe de le suivre dehors. Il m’indiqua que Njonga avait sa place dans cette élection et qu’il se proposait de retourner à son bureau pour légaliser ses fiches. Mieux, il appela un collègue des Finances qui mobilisa cette nuit-là l’équipe de trois personnes nécessaires pour payer la caution. C’est ainsi que son dossier fût déposer au complet. Cela prouve qu’il y a des « justes » parmi les fonctionnaires qui travaillent encore avec la conscience nationale.

Je me rappellerai toujours ces multiples moments où il fût arrêté suite à ses multiples manifestations publiques pour défendre les agriculteurs et autres éleveurs. En mars 2016, au Commissariat central N°1 à Yaoundé, les fonctionnaires de police refusèrent de le torturer et de le jeter en cellule. « Il défend une cause juste », disaient-ils. Le lendemain, lorsqu’il fût présenté au procureur, les fonctionnaires du parquet refusèrent de le jeter en cellule. Il attendit sa libération dans le bureau d’un greffier. Je me rappelle même que c’était la période du jeûne. Nous avions « coupé le jeûne » ensemble avec le greffier ! Ce dernier disait que Bernard n’avait rien à faire là.

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Bernard pensait qu’il fallait se rassembler autour d’un projet et non autour d’un individu. Les derniers textes du CRAC que j’avais écrits consacraient la direction collégiale du parti. Bernard, lui-même, n’était qu’un simple membre tout comme moi-même, Bibou Nissack, Valsero ou Isaac (de regretté mémoire, lui-aussi !).

Nous ne pouvons que lui souhaiter bon repos et lui dire merci pour son combat sur cette terre ! En tant que société civile, il se serait battu pour la sécurité et la souveraineté alimentaire au Cameroun. En tant que politique, le corps l’a lâché dès le début de son aventure. Mais, son héritage reste. Bien documenté. Bien sécurisé.

Va Bernard ! Va le cœur léger et que ton âme repose en paix !

Louis-Marie Kakdeu.


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