in

[Tribune] Et si nous osions inventer un autre Cameroun ?

Essi Franck tribune

Le secrétaire général du Cameroon people’s party (CPP), Franck Essi a publié une tribune dans laquelle il invite les camerounais a inventé un autre Cameroun.


Essi Franck tribune
Franck Essi – DR

En cette période de transition entre deux années, j’aimerais nous inviter à faire un exercice de libération de notre imagination pour envisager ce que nous avons la possible de construire et d’accomplir.

Un tel exercice est de temps en temps nécessaire lorsque les horizons semblent être bloqués et le pays se trouver dans l’impasse.

*Imaginons que dans notre pays, l’éducation permette de préparer les meilleures ressources humaines au monde.* Des personnes imprégnées de leur histoire, de leur culture et des valeurs qui font d’elles des agents de changement au sein de leur société et dans le monde. Des personnes dotées des aptitudes et de la mentalité qui font d’elles des porteurs de solution, des innovateurs, des inventeurs. Des personnes qui allient l’imagination et la créativité à des compétences techniques pointues. Des personnes qui soient des citoyens et des patriotes accomplis car conscients de leurs droits et devoirs d’une part, déterminés à parachever l’œuvre de leurs devanciers d’autre part.

*Imaginons que nous soyons le pays le mieux géré au monde.* Le pays où chaque denier public est affecté aux bonnes personnes et pour résoudre les problèmes prioritaires. Un pays où les nominations sont objectives car établies sur la base de critères d’excellence et de processus connus de tous. Un pays cité partout en exemple pour l’efficience et l’efficacité de la dépense publique. Un pays où les citoyens consentent volontairement aux impôts et aux taxes parce qu’ils les trouvent justes et bien utilisés. Un pays qui incarne aux yeux des autres la transparence et l’obligation de rendre compte aux gouvernés.

*Imaginons que nous devenions un pays où l’on peut effectivement se soigner quel que soit sa classe sociale, son ethnie, son niveau d’éducation et sa zone d’habitation géographique.* Un pays où la médecine de chez nous est au centre du système de santé, ayant réduit notre dépendance au diktat des modalités thérapeutiques, financières et technologiques de la médecine occidentale. Un pays où, grâce aux différents mécanismes de prévention et de traitement, les gens se portent bien et sont parmi les plus en santé dans le monde. Un pays où la vie humaine est sacrée et les métiers de la santé sont un sacerdoce. Un pays où les centres de santé sont plus hospitaliers que les centres de loisir pour riches touristes étrangers.

*Imaginons un pays où règnent le plein emploi et l’emploi décent.* Un pays où le travail est dans la majorité des cas choisi et non subit. Un pays où le travailleur a ses droits respectés et des leviers de recours fonctionnels pour faire respecter ces derniers.  Un pays où la démocratie sociale est une réalité. Un pays où les métiers essentiels dans l’éducation, la santé, l’alimentation et l’encadrement des personnes en difficultés  sont valorisés. Un pays où la retraite ne fait pas peur. Un pays où le travail paie,  dans lequel le mérite est reconnu et l’effort récompensé.

*Imaginons un pays où l’on se sent de mieux en mieux intégré.* Un pays où l’on cohabite de mieux en mieux, dans lequel chacun se sent pris en compte et respecté. Un pays où le consensus sur les valeurs, les principes, les normes et les institutions s’approfondit et se densifie chaque jour. Un pays dont on est de plus en plus fier. Un pays où la différence n’est pas perçue comme une menace mais comme une richesse. Un pays où les à priori positifs prédominent et disposent les uns et les autres à travailler ensemble. Un pays qui, sans nier les appartenances ethniques, a réussi à devenir une Nation.

Pour approfondir :   Affaire Malicka-Anthony Pla : « Martin Camus Mimb est un petit peu menteur »

*Imaginons que nous soyons un pays où la vraie histoire est enseignée.* Un pays où les blessures du passé sont traitées en permanence et font l’objet d’une thérapie collective. Un pays où les villes, les bâtiments, les rues sont construites sur la base de notre histoire et baptisées au nom de nos figures les plus illustres. Un pays qui ne nie pas son passé, mais s’appuie dessus pour gérer le présent et oser en permanence inventer un avenir plus radieux. Un pays où le continuum n’est pas rompu entre les générations passées, présentes et à venir.

*Imaginons un pays où les dirigeants sont représentatifs du Peuple.* Un pays où ces derniers sont élus au terme d’élections régulières, transparentes et consensuelles. Un pays où les élus ne sont pas seulement ceux qui ont de gros diplômes, de gros comptes bancaires ou une ascendance privilégiée. Un pays où les jeunes, les femmes, les personnes souffrant d’un handicap et les autres minorités sont bien représentées et sont au cœur du processus décisionnel. Un pays où les dirigeants rivalisent par leur volonté de transformer aussi profondément et aussi rapidement que possible la vie des populations en général, celle des plus défavorisés en particulier.

*Imaginons un pays où l’art de la prévention et du règlement pacifique des conflits est porté au plus haut niveau.* Un pays où les diplomates, les négociateurs, les experts du monde entier viennent étudier les voies et moyens de résolution des crises sociales et politiques. Un pays où la paix des cœurs et des esprits  est une réalité sans cesse approfondie. Un pays qui est un porteur de solutions à l’échelle continentale et mondiale du fait de la qualité de ses leaders et des initiatives qu’ils engagent pour résoudre les grands problèmes contemporains.

*Imaginons un pays où  la synergie entre les générations est à la fois une culture et une réalité papable.* Un pays où les jeunes ne se considèrent pas comme les adversaires des vieux. Un pays où les vieux ne craignent pas les jeunes.  Un pays où l’expérience des vieux se couple  toujours plus à l’énergie et le sens de l’innovation des jeunes. Un pays où les vieux et les jeunes se sentent pris en compte. Un pays où les jeunes comme les vieux peuvent diriger puisque l’âge n’est plus, dans l’absolu, seulement une qualité ou exclusivement un obstacle.

*Imaginons un pays où les forces de maintien de l’ordre (police et gendarmerie) et les forces de défense (armée) sont au service du citoyen.* Un pays où l’on a pas peur à la vue du policier quand on est un honnête citoyen. Un pays où la peur du gendarme a tout son sens pour les malfrats, les délinquants et les criminels. Un pays où l’honnête citoyen se sent rassuré. Un pays où les responsables de la sécurité sont des experts et des défenseurs des droits et libertés humaines fondamentales. Un pays où une manifestation citoyenne est encadrée et non redoutée, étouffée ou réprimée brutalement. Un pays où l’armée réalise de grandes infrastructures sociales et agit aux côtés des populations pour gérer des catastrophes.

Pour approfondir :   Calixthe Beyala persiste et signe : « Ma conscience n’est pas achetable ; Amougou Belinga est le commanditaire du meurtre de Martinez Zogo »

*Imaginons simplement que nous soyons un pays où la plupart des habitants n’envisagent pas de changer de nationalité ou d’immigrer par désespoir.* Un pays dont les ressortissants sont partout bien accueillis dans le monde. Un pays auquel on déroule le tapis rouge aussi bien aux dirigeants qu’à ses intellectuels, ses artistes, ses travailleurs, ses citoyens. Un pays dont les citoyens des autres nations veulent en masse acquérir la nationalité.

*Imaginons simplement que le Cameroun, notre pays, puisse devenir cet espace où les générations présentes sont convaincues qu’elles vivront mieux que leurs parents.* Un pays optimiste, où la communauté a la conviction de pouvoir surmonter tous les défis. Un pays où les gens sont à l’aise. Un pays où l’histoire a de nouveau un sens, celui de la réalisation d’un idéal de justice, de progrès social et de solidarité.

Je ne sais pas pour vous mais je veux continuer à croire que c’est possible.

Notre pays, le Cameroun, pourrait devenir ce pays. Mais la condition première de la réalisation de ce projet c’est de croire, travailler et maintenir cet horizon en permanence dans le viseur.

C’est notre mission que de réaliser une pareille vision. C’est notre devoir de tout donner pour que cela soit possible. C’est essentiel, dans ses moments très sombres et tragiques par lesquels nous passons, de ne pas renoncer à cette vision du meilleur que nous pouvons devenir.

Le désordre comme l’ordre sont les produits de l’esprit humain. Si nous le voulons, nous pouvons toujours être, faire et avoir mieux et plus.

*Comme le dit le proverbe : « Honte à celui qui ne fait pas mieux que ses parents. »*

Que cette nouvelle année soit placée sous le signe du dépassement de soi et de l’invite au dépassement collectif.

L’heure la plus sombre est celle qui précède souvent le lever du soleil.

*Nos défis et nos rêves sont grands !  Ils exigent de nous de la grandeur.*

Osons inventer ce pays, osons inventer notre avenir !

_Par Franck Essi_


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Polsonn

Paul Biya : « J’exhorte les Camerounais enrôlés dans les bandes armées à sortir des brousses »

Bikam

Paul Biya tacle Maurice Kamto : « Une personnalité dont les ambitions avaient été déçues lors de la dernière élection présidentielle »