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Chronique : La guerre et les enfants

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Oscar Njiki, chercheur en philosophie politique et éthique propose une réflexion sur la guerre et les enfants. Cette s’inspire de l’assassinat des élèves le samedi 24 octobre 2020 à Kumba. « J’ai tellement mal de constater que nous semblons banaliser ce qui s’est produit à Kumba au point où, cette journée n’a même pas été consacrée à la mémoire de ces enfants assassinés », écrit-il.


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EndAnglophoneCrisis – DR

Non, ce n’est pas seulement l’autre jour qu’on a tué des enfants dans les zones anglophones. Ça va faire 4 ans, les enfants meurent à cause de la crise dite anglophone. J’ai toujours soutenu que toute guerre était une guerre contre les enfants innocents. La mort d’un parent entraîne nécessairement la mort des enfants. Selon vous, que sont devenus les enfants des combattants séparatistes tués? Que sont devenus les enfants des militaires tués? Que sont devenus les enfants de Florence Ayafor? Que sont devenus les enfants de ces civils décapités, égorgés? Ces enfants, sans même savoir pourquoi les gens se font la guerre, sans même savoir ce que signifie vivre, ont connu la mort sans avoir vécu. On leur a enlevé le goût de vivre, on a fait qu’ils soient dégoûtés par la vie, qu’ils la traversent dans les chagrins, le traumatisme, la psychose… Ils se voient désormais comme des œufs, appelés à intervenir dans le combat opposant les pierres. Ils se demandent certainement pourquoi!

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Je dis donc que toute guerre est une guerre contre les enfants innocents. Et en chaque parent qui tombe en temps de guerre, peu importe son camp, je vois en enfant qui, dès ses premiers contacts avec le monde, dès ses premiers battements de cœur dans ce monde, commence à vivre l’enfer, sans ni avoir commis des péchés, ni avoir été jugé. Il a été condamné par ses bourreaux : les adultes qui se discutent un mambo ou quelque cacahouètes au nom des enfants qu’ils sacrifient.

Je suis étonné que ce soit après l’inhumanité de Kumba, qu’on parle du sacrifice des enfants. Ce qui s’est passé à Kumba c’était plutôt le sacrifice de l’avenir. Car, sans enfant aujourd’hui, il y aura point d’avenir demain. Les enfants c’est l’avenir. Lorsqu’on tire sur des enfants, cela signifie qu’on ne voudrait plus que les êtres humains existent encore dans l’avenir. On veut que le Cameroun de demain soit peuplé de cochons, d’abeilles, de lions, d’arbres, de sables et de tout ce que l’on veut, mais jamais d’hommes et de femmes. Seuls les enfants qu’on tue sont garants de la pérennité des camerounais de demain.

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J’ai tellement mal de constater que nous semblons banaliser ce qui s’est produit à Kumba au point où, cette journée n’a même pas été consacrée à la mémoire de ces enfants assassinés. Lorsque nous demandons où est passé le Père de la Nation, on nous dit que sa présence n’allait rien changer à la situation. Seulement, personne ne nous dit en quoi son absence change quelque chose à la situation. Un Père, s’il perd un seul de ses enfants, coulerait les larmes, peu importe sa froideur. Voulez-vous me dire que ce pays est orphelin de Père ou que le Père n’a pas reconnu ces enfants assassinés comme les siens? Heureux les Pères qui sont avec leurs enfants et heureux les enfants qui ont leurs Pères. Quand un enfant qui n’a pas de Père meurt, son cadavre nourrit les chiens.

OSCAR NJIKI

 


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