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Présidentielle 2020 en Côte-d’Ivoire : Candidature de Ouattara, les prémices d’une prochaine crise politique ?

ADO 2020

Contre toute attente, Alassane Dramane Ouattara, en fin de mandat, a décidé de rempiler pour un troisième mandat à la magistrature suprême de son pays. Il l’a déclaré le jeudi 6 aout 2020, lors de son adresse à la nation. C’était à l’occasion du 60e anniversaire de l’Indépendance du pays.


ADO 2020
Alassane Dramane Ouattara – DR

Le mercredi 29 juillet 2020, Alassane Dramane Ouattara a présidé une réunion du Conseil Politique du RHDP, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. Au cours de cette réunion, les membres du conseil politique de son parti lui ont demandé de se porter candidat pour la prochaine élection présidentielle en Côte-d’Ivoire.

Le même jour dans un message sur twitter, il a indiqué avoir pris acte de l’appel de ses camarades politiques et celui du peuple et qu’il devait prendre du temps nécessaire pour apporter un élément de réponse. « Je prends acte des résolutions du Conseil Politique. Je vous demande de me laisser le temps du recueillement et de la récupération avant de vous donner une réponse très prochainement », écrivait-il. Le temps n’a pas été suffisamment long. Entre le 29 juillet et le 6 aout, il ne s’est écoulé que neuf (09) jours pour qu’il se décide. Bien évidemment, ADO a accepté « l’appel du peuple » ivoirien.

En direct sur la RTI jeudi 6 aout, Alassane Ouattara reconsidère sa position et annonce sa candidature pour les élections présidentielles d’octobre prochain en Côte d’Ivoire. Le président sortant dit avoir muri la réflexion avant de prendre une telle décision. « Les récents événements tragiques, avec le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, laisse un vide au niveau de l’équipe que j’avais mise en place pour poursuivre et consolider le programme de développement économique et social. Face à ce cas de force majeure et par devoir citoyen, j’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Cette décision, mûrement réfléchie, est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la Nation ; afin de continuer de mettre, sans relâche, mon expérience au service de notre pays. Compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements et à la parole donnée, cette décision représente un vrai sacrifice pour moi, que j’assume pleinement, par amour pour mon pays », a déclaré le Chef d’État ivoirien.

Sacré rétropédalage d’ADO

Le jeudi 5 mars 2020, le président sortant devant le Parlement réuni en Congrès à Yamoussoukro, faisant le bilan de la situation politique de son pays. Au cours de son adresse, il a formulé le vœu de ne pas briguer un troisième mandat et de passer le flambeau à la jeune génération. « Je voudrais annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je n’ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là.  J’ai donné le meilleur de moi-même, pour mes compatriotes ; parce que j’aime mon pays. Je veux assurer les conditions d’une passation du pouvoir d’un Président démocratiquement élu à un autre, pour la première fois dans l’histoire de notre pays. Cette mission a été exaltante et cela a été un honneur et une grande fierté pour moi, de servir mon pays au plus haut niveau », écrivait-il sur Twitter.

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Le jeudi 12 mars 2020, Alassane Dramane Ouattara lors d’une réunion du Conseil Politique du RHDP avait désigné son dauphin, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat de son parti à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Il promettait alors d’accompagner ce dernier dans cette noble mission qui l’attendait. « J’ai présidé, ce jeudi 12 mars 2020, une réunion du Conseil Politique du RHDP au cours de laquelle le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a été désigné comme candidat de notre parti à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Désigné comme candidat du RHDP à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, je sais que Amadou Gon Coulibaly réussira parce que nous serons rassemblés et je serai à ses côtés pour l’accompagner dans cette noble mission », déclarait le Chef de l’État ivoirien.

Malheureusement AGC ne goutera pas au plaisir de présidé à la destinée de la nation ivoirienne. Après un séjour de deux mois du côté de la France pour des raisons sanitaires, Gon Coulibaly, affaibli, regagne la Côte d’Ivoire le 2 juillet 2020, et rendra l’âme six jours plus tard, soit le 8 juillet au cours du conseil de ministres.

Dès lors, l’on s’attendait à ce qu’il respecte sa parole du 5 mars 2020, celui de passer le flambeau à la jeune génération. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, puisqu’il reprend le flambeau. Sacré rétropédalage de monsieur le président ivoirien. Vraiment l’Afrique Francophone a un incroyable talent !!!

Des prééminences institutionnelles sont douées dans l’art de perpétuer leur règne. Ils sont toujours champions en titre dans les tournois de gouvernance ad vitam aeternam, pour emprunter la métaphore du jeu.

Nous sommes en plein dans « La démocratie buissonnière » énoncée par le Pr Charly Gabriel Mbock dans la vérité en face sur Équinoxe TV, il y a quelques jours. Alpha Condé de la Guinée a 82 ans et est parti pour un troisième mandat. Macky Sall reste attendu pour sa décision de briguer ou pas un troisième mandat au Sénégal. Mouhamadou Issoufou du Niger a décidé aussi de ne pas se porter candidat au Niger lors de la prochaine élection présidentielle. L’on espère qu’il ne va pas se comporter comme son homologue ivoirien. A 49 ans, Joseph Kabila a tenu malgré que sous pression, à respecter la parole.  Il avait désigné un dauphin, qui a perdu aux urnes.

En se portant candidat a 78 ans, en violation de la Constitution qu’il a lui-même écrite, ADO démontre qu’il a échoué, étant donné qu’il n’a pas trouvé un autre jeune pour lui succéder après la mort d’AGC. Donc monsieur Ouattara n’est pas un bon père politique et n’a pas donné d’éducation politique à ses enfants, afin qu’ils puissent le remplacer.

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Il a donné son amour à un seul fils et quand la nature a eu raison de ce fils, il s’est trouvé dans l’incapacité de trouver un autre digne fils pour continuer son œuvre politique. Quel drôle de parenté et d’éducation. Même Hamed Bakayoko, actuel Premier ministre, cumulativement avec ses fonctions de ministre de la Défense, qu’il appelle affectueusement son fils ne peut le remplacer, pour ne prendre que cet exemple.

La réaction attendue de Macron

« Je salue la décision historique du Président Alassane Dramane Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », déclarait Emmanuel Macron, sur Twitter. Le président de la République française qui saluait en son temps « la décision historique » d’Alassane Ouattara doit l’amener à respecter sa parole donnée et faire en sorte que le pays des éléphants donne l’exemple de démocratie attendu et souhaité. C’est aussi ça le rôle des pays amis, surtout que la France entretient avec la CI comme plusieurs autres pays de l’Afrique au sud du Sahara, des relations historiques du fait de la colonisation et donc ses dirigeants ont toujours eu une attitude paternaliste vis-à-vis de ses pays, même si c’est à déploré.

ADO ne tourne pas le dos à l’histoire

L’économiste de président refuse lui-même d’entrer dans l’histoire. « Je veux assurer les conditions d’une passation du pouvoir d’un Président démocratiquement élu à un autre, pour la première fois dans l’histoire de notre pays. ». Aujourd’hui, il est rattrapé par ses propres mots. Pourtant, « les mots sont des outils précieux et des armes redoutables », comme l’a indiqué le Pr Charly Gabriel Mbock dans la vérité en face sur Équinoxe TV. Sa volonté de briguer un troisième mandat, risque être perçu comme un mandat de trop. Par conséquent, le travail de reconstruction mené pendant les deux mandats précédents risque aller en ruine. Il ne se fait pas encore tard de revenir sur sa décision. Octobre 2020 est certains, mais également un peu éloigné. Qu’il n’écoute pas les personnes autour de lui qui luttent pour la sauvegarde de leurs intérêts et l’induisent en erreur. Il doit respecter sa parole et ne pas la limiter aux simples mots qui pourraient occasionner de véritables maux pour la Côte-d’Ivoire. « L’homme politique conséquent ne peut pas travailler pour multiplier les cimetières », dixit le Pr Charly Gabriel Mbock.


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