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Tribune : Comment rompre avec l’égoïsme et l’inégalité entre les communautés dans la fonction publique camerounaise ?

Viviane Ondoua Biwole

En prélude à la journée africaine de la fonction publique de 2020, le Pr Madeleine Viviane Ondoua Biwolé, Experte en gouvernance publique, propose une réflexion pour rompre avec l’égoïsme et l’inégalité entre les communautés dans la fonction publique camerounaise. L’universitaire estime qu’une justice sociale impartiale est le socle d’une nation forte.


Viviane Ondoua Biwole
Madeleine Viviane Ondoua Biwolé – DR

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

Le thème de la journée africaine de la fonction publique de 2020, « Le rôle de l’administration publique dans la construction et le maintien d’une coexistence pacifique entre les communautés », sonne comme une injonction à rassembler les communautés. Les communautés sont considérées comme des groupes d’individus qui partagent les mêmes intérêts, pratiques, lois, langages, rituels ou coutumes. De quelles communautés s’agit-il ? Communautés de transactions ? D’intérêts ? Relationnelles ? Religieuses ? Ou ethniques ?

Intéressons-nous à la dernière catégorie de communauté. Le Cameroun dispose d’une pléthore (250) de communautés ethniques. Si la diversification des élites administratives est une nécessité entretenue par l’outil dit « équilibre régional », il n’a échappé à personne qu’à la place de l’équilibre, on assiste à un effort de« visibilité régionale ». Au moins les ethnies/communautés sont visibles, présentes à tous les niveaux de la hiérarchie administrative mais la question de leur équilibre (équité) reste une ambition vaine. Ainsi loin de l’apparence séduisante de ce concept et des discours de dirigeants publics qui l’accompagnent, il convient de reconnaître que l’un des enjeux de notre époque est bien notre capacité à faire coexister de manière pacifique et équitable, les différentes communautés ethniques.

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Le tribalisme ambiant, les violences économiques, politiques et sociales inquiètent au point de fragiliser la réflexion et les outils qui auraient pu s’imposer comme arbitres ! Les personnes qui incarnent la puissance publique et dont la responsabilité est d’assurer cette coexistence semblent malheureusement revêtir les caractéristiques de l’homme ordinaire corrompu par ses émotions et ses affinités ethniques. Et portant, il faut bien faire preuve de grandeur. Il s’agit de la capacité à se mettre au-dessus de ses égoïsmes, de son seul intérêt et penser aux autres. Il est alors question d’altruisme, de don de soi, par des valeurs qui vont dans la direction du service, du service des autres, du sacrifice.

Si penser à soi est humain, ne penser qu’à soi et aux siens l’est-il pour autant? Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche (1878) y répond avec humour en affirmant que c’est « humain, un peu trop humain », lorsqu’on se ratatine, lorsqu’on s’amoindrit, lorsqu’on ramène tout à sa petite personne, à sa région, à son département à son arrondissement, à son village à sa famille, à sa femme et ses enfants, à soi uniquement…On se fait de l’humanité une représentation étriquée qui contraste avec l’immensité et l’étendue de l’humanité. On fait le lit de l’injustice et de l’iniquité qui conduit aux inégalités.

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Mais au fond à qui s’adresse ce message ? A vous tous qui avez la responsabilité d’assumer une charge publique. La fonction publique, héritage commun, est le lieu par excellence d’expression de la volonté de faire coexister pacifiquement les communautés. Nous devons faire de notre engagement à la fonction publique un devoir dans ce sens. Ma certitude est la suivante : si chacun de nous est meilleur, c’est tout le Cameroun qui sera meilleur !


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