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Richard Makon : « les errements actuels de notre gouvernement seront tous mis sur le dos de la Covid-19 »

Makon Richard Dr

Dans une tribune publiée sur Facebook et préalablement parue dans le quotidien « Mutations », le chercheur en sciences sociales parle de la mauvaise gouvernance au Cameroun en utilisant l’image du Covid-19 qui sévit en ce moment au Cameroun.


Makon Richard Dr
Richard Makon – capture photo

« Tous les camerounais, quel que soient leurs niveaux d’études, de compréhension des questions politiques, de connaissance des enjeux politiques, de maitrise du fonctionnement de nos institutions, savent très bien que tous les errements et errances actuels de notre gouvernement, les échecs dans les programmations et les projets des pouvoirs publics, seront tous mis sur le dos de cette crise sanitaire », écrit l’universitaire, enseignant à l’université de Douala.

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

C’EST À CAUSE DU COVID – 19

Tous les camerounais, tous âges et niveau social et d’instruction considérés, toutes appartenances politiques, ethniques, religieuses, spirituelles et culturelles confondues, savent très bien comment la crise actuelle causée par la pandémie du Covid-19 va se terminer.

Elle s’achèvera par un désordre généralisé, causé par un immense scandale financier, d’importants détournements de deniers publics, de nouvelles intrigues de palais, des affrontements ouverts ou larvés entre fractions opposées se discutant le pouvoir suprême d’Etat, sans compter bien entendu les polémiques innombrables sur le nombre des morts que cette tragédie politico-sanitaire aura laissé sur le carreau.

Tous les camerounais, quel que soient leurs niveaux d’études, de compréhension des questions politiques, de connaissance des enjeux politiques, de maitrise du fonctionnement de nos institutions, savent très bien que tous les errements et errances actuels de notre gouvernement, les échecs dans les programmations et les projets des pouvoirs publics, seront tous mis sur le dos de cette crise sanitaire.

En effet, comme la crise économique de la fin des années 80 continue, par extraordinaire, à expliquer nos faibles performances économiques, autant la crise sanitaire actuelle expliquera sous peu tous nos échecs à venir qui se dessinent pourtant avec clarté sous nos yeux.

Un immense scandale managérial s’en vient et tout le monde fait semblant de ne pas le voir se dessiner. Aucun comité national de crise n’a été officiellement créé (associant les institutionnels, les chercheurs, le secteur privé, les partenaires au développement, les partis politiques et la société civile), aucun plan national de lutte contre la pandémie n’a été réellement conçu (tenant compte des aspects tant sanitaires, sécuritaires et stratégiques, économiques, socioculturels, spirituels), aucune stratégie nationale de riposte n’a été officiellement validée (alliant les dimensions locale et nationale, la coopération sous régionale, régionale et internationale), et aucune lisibilité n’entoure pour l’instant le fameux fonds national de solidarité constitué à cet effet, et accueillant depuis quelques jours déjà les contributions volontaires tant des entreprises citoyennes que des citoyens engagés du territoire et de la diaspora.

À croire que le Cameroun est incapable de tirer des leçons de son passé jalonné des crises et de scandales innommables et innombrables.

Il est constant que la catastrophe ne survient que lorsque l’aléa rencontre la vulnérabilité. La crise sanitaire actuelle, totalement imprévue et inattendue constitue un aléa, pendant que notre système de gouvernance vicié constitue notre point faible, notre vulnérabilité. Les éléments d’une catastrophe s’emboitent donc aisément.

Toutefois, comme il est tout aussi constant, une crise n’est pas seulement ‘‘un problème’’, mais aussi une opportunité de progrès, c’est-à-dire une occasion de changement de cap, de réforme politico-institutionnelle (de nature normative, organique ou structurelle), de révolution politique, économique, sociale et culturelle ; une occasion d’inventer un modèle nouveau de gouvernance, de créer de nouvelles représentations sociales et de nouveaux imaginaires collectifs ; une occasion d’écriture d’une histoire politique, d’un pacte social et républicain, d’un projet de société et d’un projet de civilisation nouveaux. La crise actuelle n’est donc pas une fatalité !

Dr Richard Makon

Chronique précédemment parue à  »Mutations »


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