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Yanick Yemga : « Ce n’est pas l’armée camerounaise qui est à blâmer dans cette affaire, mais des éléments de l’armée camerounaise »

Yanick Yemga

Le journaliste Yanick Yemga tire des leçons sur les incidents de Ngarbuh. Alors que les conclusions de l’enquête rendues publiques mardi 21 avril par la présidence de la République font fleurir des commentaires sur la toile, il a fallu le temps d’une publication sur les réseaux sociaux à cet ancien du quotidien Mutations pour réorienter les débats.


Yanick Yemga
Yanick Yemga (c) Droits réservés

Dans son analyse, l’homme des médias, loin de toute émotion, fait le point après avoir pris connaissance du rapport d’enquête. Il condamne l’attitude de certains médias pro et anti-régime de Yaoundé qui se sont autoaccusés « sans l’once du début d’une preuve ».

Dans la foulée, Yanick Yemga fait remarquer que « dans tous les pays au monde, il y a des bavures des forces de sécurité et de défense ». Si pour cette situation « n’est ni glorieux, ni honorable, ni souhaitable », il note que le Cameroun « n’est en rien une exception »

Lebledparle.com vous propose cette réflexion du journaliste Yanick Yemga.

Soyons honnêtes. Qu’avons-nous appris de l’affaire Ngarbuh ? Trois choses que nous savions déjà. La première c’est qu’une presse manipulée, et pour faire court, non professionnelle, est nocive pour la paix dans un pays.

En s’abstenant d’observer la règle élémentaire qui consiste à recouper une information avant de la rendre publique, cette « presse » a failli. D’un bord extrême à un autre, on s’est empressé soit de seriner la thèse du complot, soit de jeter l’anathème sur l’armée camerounaise (nous y reviendrons). Que l’on se comprenne bien : seules les conclusions d’une enquête rigoureuse et impartiale autorisaient les journalistes à faire les commentaires que nous avons lus.

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Les uns ont accusé d’autres confrères, sans l’once du début d’une preuve, d’être à la solde d’ONGs et d’officines dont le dessein unique serait de déstabiliser le Cameroun. Les autres ont insinué que ces « massacres » seraient imputables à l’armée camerounaise et probablement à son chef qui entendrait régler la question anglophone par tous les moyens. Un peu court tout ça. Car là aussi, on attend toujours la preuve des responsabilités établies jusqu’au plus haut sommet de la chaîne de commandement.

Dans l’intervalle, soyons donc clairs. Dans tous les pays au monde, il y a des bavures des forces de sécurité et de défense. Et ce n’est ni glorieux, ni honorable, ni souhaitable. Le Cameroun n’est en rien une exception. Comme dans tous les corps de métiers, il existe certainement des brebis galeuses dans celui des armes au Cameroun.

Pour autant, ce n’est pas l’armée camerounaise qui est à blâmer dans cette affaire, mais des éléments de l’armée camerounaise qui, est et demeure constituée d’être humains chargés de pulsions au sens freudien.

Et ça, c’est la deuxième chose que nous savions déjà. Ce qui importe, c’est d’établir les responsabilités en cas de faute, et de sanctionner les auteurs. En prenant cette option, le président de la République, chef des armées, a fait son job. Il serait honnête de le reconnaître.

La troisième chose que nous savions déjà, c’est que le zèle de certains membres du gouvernement à nier la réalité de leurs compatriotes et à les affubler du qualificatif « d’opposants » (qui dans leur dictionnaire de fonction est synonyme d’ennemis du Cameroun) est avant tout affaire d’équation personnelle. Il faut montrer sa loyauté à tous les prix, à défaut de sa compétence diront certaines langues trop aiguisées. Les chantiers de la CAN sont à la traîne…

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C’est faux, vous voulez déstabiliser le Cameroun, rétorqueraient ces zélés sans sourciller. Des quartiers sont plongés dans le noir…

Ce sont des balivernes inventées par des génies maléfiques tapis dans l’ombre, vous répondront-ils encore, non sans vous inviter à plus de patriotisme. Tout se passe comme si aimer son pays signifiait ne rien dire lorsque quelque chose va mal.

Certains vont même jusqu’à menacer de fermer les organes de presse qui ont l’outrecuidance de ne pas être les porte-voix de leur campagne personnelle déguisée prétendument en défense du chef de l’État.

Au constat renouvelé d’une telle imposture doublée de forfaiture rejaillit cette question lancinante : A la place de Paul Biya, de tels phénomènes ne nous auraient-ils pas tous mis une muselière ou tout simplement criblés de balles ? J’ai une idée de la réponse… Et toi ?

Yanick Yemga


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